Alexandre Chapon, le voiturier devenu patron de restaurant

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Alexandre Chapon a ouvert, aux côtés de différents associés, jusqu’à 14 affaires à Paris. Néanmoins, il s’est recentré sur l’exploitation de deux établissements, Chez Julien, un bistrot traditionnel, et L’Enoteca. En outre, le restaurateur s’apprête à ouvrir Les Caves Saint-Gilles, un bar à tapas de luxe, pour lequel il nourrit de grandes ambitions.

Alexandre Chapon.
Alexandre Chapon. Crédits : Mickael Rolland / Au Coeur du CHR.

Le restaurateur à succès Alexandre Chapon, la cinquantaine, est né d’une mère originaire de Bourg-en-Bresse et d’un père niçois. Ce dernier a réalisé sa Coopération du service national à l’étranger (CSNE), au Tchad, après avoir fini ses études. «Ma sœur est née au Tchad puis, au retour de mes parents en France, mon père a eu une opportunité professionnelle au Zaïr [devenu la République démocratique du Congo, NDLR] où je suis né à mon tour », retrace Alexandre Chapon, qui a ainsi vécu une quinzaine d’années au Zaïr avant de mettre les pieds dans l’Hexagone.

Pour me faire de l’argent de poche je suis devenu voiturier pour des restaurants

À l’époque, Alexandre Chapon ne cultivait aucune forme d’attrait pour la restauration ou la gastronomie. Sa passion, c’était le tennis. «J’étais n°1, au Zaïr, dans ma catégorie. Quand je suis rentré en France, j’ai poursuivi ce sport jusqu’à ce qu’un accident de moto ne bouleverse mes plans », regrette le restaurateur. L’homme décide alors de se focaliser sur ses études et intègre une petite école de commerce, l’ISG : «Mon père m’a expliqué que si je souhaitais qu’il me donne de l’argent, il fallait que j’intègre l’une des “ trois grandes écoles de commerce parisiennes ”. Cela n’a pas été le cas, alors pour me faire de l’argent de poche je suis devenu voiturier pour des restaurants. »

Il débute ainsi, à 22 ans, en qualité de voiturier, pour Le Petit Poucet, sur l’île de la Jatte, dans les Hauts-de-Seine. Le patron de cet établissement, Raphaël de Montrémy (La Guinguette de Neuilly, Le Chalet des Îles, etc.), qui travaillait avec la société de voiturier dans laquelle Alexandre Chapon évoluait, le convainc de créer sa propre structure. Le début du succès. «Je n’avais pas fini mes études, mais j’ai beaucoup réfléchi car l’opportunité était belle. J’ai obtenu une année de césure avec mon école pour lancer ma société que j’ai finalement déve-loppée pendant quatre ans avant de la revendre », détaille-t-il.

Au contact des restaurateurs

Petit à petit, la liste des clients prend de l’ampleur : River Café, Paris Country Club, etc. Au plus fort de l’activité, Alexandre Chapon embauche une centaine de salariés. Mener sa propre entreprise aux côtés de restaurateurs lui a donné le goût d’entreprendre dans les métiers du CHR. Il se rapproche de Raphaël de Montrémy qui lui promet de l’aider. «Bille en tête, je me suis mis en quête d’un local et j’ai trouvé Aux Vins des Pyrénées, dans le quartier du Marais », dévoile Alexandre Chapon, qui s’est associé à Jean-Pierre Lopez et Thomas Delafon pour financer cette acquisition, en 1997. Les deux hommes possédaient une affaire rue de Ponthieu.

«Aux Vins des Pyrénées, nous avons connu le succès car nous étions les premiers à faire du “ bistrot rock’n’roll ”. C’est un endroit de copains que j’ai vendu récemment après 22 ans d’exploitation », explique-t-il. Alexandre Chapon ouvre par la suite jusqu’à 14 établissements avant d’abaisser la voilure : «Quand vous ouvrez une affaire et que cela marche, vous attrapez le virus et vous continuez à chercher des emplacements. » Le restaurateur met alors la main sur le Tournesol (Paris 16e), entre la Maison de la radio et le Trocadéro. Il n’a aucun mal à convaincre des banques séduites par la réussite d’Aux Vins des Pyrénées. Grisé, Alexandre Chapon prend ensuite le contrôle du Bistrot d’en face (Paris15e) un an plus tard. Là encore, le succès est immédiat. L’homme réitère quelques mois plus tard en mettant la main sur le Bistrot Vivienne au sein de la Galerie Vivienne, accompagné également de Jean-Pierre Lopez et Thomas Delafon. Puis les acquisitions s’enchaînent, avec notamment le restaurant Père et Fille (Paris 6e). Ce succès parvient alors aux oreilles de la famille Costes qui est tentée par l’aventure.

Les Costes, histoires liées

«Après une belle aventure et sept établissements ouverts, je décide de quitter Jean-Pierre Lopez et Thomas Delafon pour voler de mes propres ailes », confie Alexandre Chapon. En 2006, il convole aux côtés de son épouse, au Brésil. Après une parenthèse d’un an, le patron trouve un accord avec ses anciens associés et conserve Aux Vins des Pyrénées ainsi que le Bistrot Vivienne. Il poursuit toutefois son chemin aux côtés de Thierry Costes avec qui il se lie d’amitié. «Je venais de repérer Chez Julien, mais M. Costes m’a expliqué que les propriétaires ne souhaitaient pas vendre cet emplacement magnifique. J’ai réussi à les convaincre et nous avons racheté l’affaire à parts égales », relate-t-il.

Après une seconde vague d’acquisitions (Le Pamela Popo et Minime), Alexandre Chapon se recentre sur Chez Julien et rachète les parts de Thierry Costes, tout en s’appropriant l’Enoteca. Depuis, le restaurateur a dynamisé l’établisse-ment en s’adjoignant, entre autres, les services du chef Helmi Derbal. Le ticket moyen est de 50 € le midi et 80 € le soir. Les beaux jours, Chez Julien accueille entre 200 et 300 couverts grâce à une vaste terrasse positionnée dans une rue piétonne.

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