Karim Massoud, le voyage mène à tout

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Après avoir fait fortune dans le secteur du voyage, cet homme d’affaires originaire du Liban s’est reconverti il y a cinq ans dans le monde de l’hôtellerie, afin de réaliser un vieux rêve. Ses dons de commerçant et une approche simple et pragmatique du métier lui ont permis de s’imposer dans ce domaine malgré la crise sanitaire.

Karim Massoud a commencé à s'intéresser au secteur de l'hôtellerie en 2015. Crédits : L'Auvergnat de Paris.
Karim Massoud a commencé à s'intéresser au secteur de l'hôtellerie en 2015. Crédits : L'Auvergnat de Paris.

Karim Massoud, 56 ans, n’a pas choisi le meilleur moment pour se lancer dans l’hôtellerie. Cet investisseur, venu du secteur du voyage, a commencé à s’intéresser à ce métier en 2015. Il repère ainsi un petit hôtel de 23 chambres, rue du Débarcadère (Paris 17e), à mi-chemin entre son bureau et son lieu de résidence. Il l’achète, réalise des travaux qui durent quinze mois et le rebaptise au nom du numéro de la rue, Le 10 bis. Pendant quatre ans, il gère l’hôtel avec bonheur, enregistrant des taux d’occupation enviables et des prix moyens soutenus.« J’ai voulu d’abord me prouver que je pouvais exercer cette profession avant de passer à la vitesse supérieure »,raconte-t-il.

Trois d’hôtels à son compte

Rassuré sur sa maîtrise du métier, il voit plus grand et procède au rachat de trois hôtels à la fin de 2019 sans imaginer un seul instant que l’activité traversera ensuite le long tunnel de la crise sanitaire. Coup sur coup, il acquiert un trois-étoiles de 32 chambres rue Brunel (Paris 17e) ; un hôtel de 34 chambres avenue du Roule, (Neuilly-sur-Seine) et un établissement de 30 chambres rue de Vienne (Paris 8e).

« La transition vers le métier d'hôtelier correspond à un rêve d'enfant. »

Chaque hôtel prend alors le nom de son numéro de rue (respectivement Le 46, Le 37 bis et Le 12). Seul Le 46 subit très peu de travaux et conserve son classement 3*. Les deux autres établissements font l’objet d’importants chantiers pour monter en catégorie 4*. Un seul établissement, Le 12, n’est pas situé hors du périmètre du 9e, mais il profite du dynamisme de la gare Saint-Lazare.

D’une manière générale, l’homme d’affaires réside à Neuilly-sur-Seine et privilégie les hôtels proches de la porte Maillot pour des questions pratiques personnelles, mais aussi parce que l’emplacement lui paraît favorable :« Il ne faut pas négliger la proximité de la Défense d’où est issue une partie de ma clientèle,rappelle-t-il.Plutôt que de passer des nuits dans les hôtels de la dalle, beaucoup d’hommes d’affaires préfèrent la convivialité de la capitale où je leur propose des hébergements confortables et à dimension familiale. »

Des affaires qui n’ont pas été épargnées par la Covid

La pandémie, survenue alors que les trois projets hôteliers viennent de démarrer, a bien sûr déstabilisé Karim Massoud. Ainsi, Le 46, rue Brunel, dix jours après son rachat, a dû fermer ses portes. Il reconnaît avoir été très angoissé durant les six premiers mois.« Ensuite, avec l’arrivée des PGE et des aides, on a pu s’en sortir », admet-il.

Depuis un peu plus de deux mois, les quatre hôtels de Karim Massoud sont tous ouverts. L’hôtelier a retrouvé le sourire au début décembre. Le 10 bis enregistre alors un taux d’occupation de 83 % avec un prix moyen de chambre de 182 €. Les trois autres hôtels affichaient des TO autour de 70 % et des prix moyens allant de 145 € à 170 €. Une situation apparemment enviable, mais Karim Massoud relativise :« Avant la Covid, nous naviguions à la même époque avec des TO de 92 % et depuis quelques semaines, j’enregistre des annulations sur le début de l’année. La situation apparaît de nouveau tendue. »

L’histoire a démarré au Liban

Originaire du Liban, il est arrivé en France à l’âge de 20 ans. Pour fuir la guerre dans son pays, il avait obtenu un poste de coursier chez un ami de son père, agent de voyages. Commerçant né, il gravit vite les échelons, est embauché chez Go Voyages et parvient à racheter la marque en 1996 avec un associé. Cinq ans plus tard, il cède l’entreprise à Accor et poursuit sur sa lancée en créant Plus Voyages.

Par la suite, il a également acquis Directours et a participé à la création de NG Travelpartic. Depuis 2018, il a cédé ses parts dans ces différentes entreprises et n’a conservé qu’une agence centrée autour du voyage d’affaires. Cette agence est d’ailleurs apporteuse de nuitées pour les hôtels de Karim Massoud.« La transition vers le métier d’hôtelier correspond à un rêve d’enfant,confie-t-il.J’aime l’hospitalité, le contact. »

Une ambiance familiale

Il espère aussi qu’un de ses fils, actuellement étudiant à l’école hôtelière de Glion en Suisse, puisse le rejoindre les années à venir dans son holding hôtelier KM Hotels Collection.« J’aimerais encore ouvrir deux ou trois petits hôtels »,assure-t-il. L’hôtelier privilégie les petites structures à taille humaine.

Manuela Cabaret, sa directrice qui anime les quatre établissements, soit une structure d’une quarantaine d’employés, maintient une ambiance très familiale dans les équipes, mais aussi dans les relations avec les pensionnaires. Karim Massoud estime que ce parti pris représente une des clés de son succès. Cette approche est aussi accentuée par les décors des hôtels, tous réalisés par l’architecte Elsa Joseph qui a su décliner des approches originales et spécifiques en misant davantage sur un confort agréable que sur de savantes compositions ostentatoires.

www.le10bishotel-paris.com

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