La proximité comme marque de fabrique

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Dans le paysage bancaire auvergnat, la banque Nuger est loin d’être une inconnue.

André Nuger fut bien avisé quand, en 1924, il créa son établissement bancaire dans son appartement de Clermont-Ferrand, sur la place Michel-de- l’Hospital, qui accueille toujours le siège de la banque Nuger. Ses premiers clients n’étaient autres que des familles d’industriels locaux.

Avant de se lancer dans le secteur bancaire, le grand-père de Nicolas Nuger était juriste, fils d’Antoine Nuger, directeur juridique et proche bras droit des frères fondateurs de l’entreprise Michelin.

Grâce à son précieux réseau, cet Auvergnat a pu créer des liens lui permettant de lancer son activité. « Il a commencé en toute simplicité en donnant des conseils en matière de titres et de placements. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui de la gestion de fortune », précise Nicolas Nuger, qui œuvre depuis vingt-sept ans dans l’entreprise familiale. Il y assume maintenant des fonctions de membre du directoire et de responsable de la communication.

La banque a été créée peu avant la crise de 1929, et André Nuger n’avait octroyé aucun crédit, n’assurant que des placements. Un choix stratégique qui lui a permis de ne pas subir la crise, mais, au contraire, d’en tirer profit. Il ouvre ainsi une première agence en 1930 et décide d’accompagner économiquement l’industrie naissante autour de Clermont-Ferrand et de Michelin.

« Beaucoup d’entreprises étaient satellites de Michelin », commente Christian Bonhomme, président du directoire, qui avait commencé sa carrière chez Nuger, avant d’y revenir l’an passé, à 60 ans.

La banque des professionnels

Pour trouver des dépôts stables, André Nuger s’est tourné vers les campagnes et les bas de laine des paysans. Ces derniers n’étaient pas faciles à convaincre, mais l’homme a ouvert une série de bureaux périodiques dans des villages aux alentours de Clermont-Ferrand. Les jours de marché, il collectait l’épargne des paysans pour la prêter aux industriels qui se développaient à Clermont. Le milieu de l’entreprise et des professionnels est toujours, et plus que jamais, dans l’ADN de la banque Nuger : en 2017, 65 % du chiffre d’affaires proviennent de ce marché. Son adossement au Crédit du Nord, dans les années 1970, n’a pas fait changer de cap à Pierre Nuger, fils du fondateur, André, et père de Nicolas Nuger. « Mon grand-père est décédé assez tôt, à l’âge de 60 ans, et mon père adonc pris sa suite plus rapidement que prévu.

Il s’est tourné vers un actionnaire extérieur, à l’époque la BUP (Banque de l’union parisienne) qui est devenue le Crédit du Nord. Il s’est dit : si je ne m’adosse pas à un groupe de dimension nationale, je n’offrirai pas de services supplémentaires à mes clients », dévoile Nicolas Nuger pour justifier l’introduction du Crédit du Nord au capital de la banque Nuger en 1977. Et Christian Bonhomme d’ajouter : « Le père de Nicolas étai t gérant en commandite, il étai t responsable sur ses biens propres. Pour moi, c’est la véritable notion de banquier puisque vous engagez vos fonds personnels. Ce n’est pas la notion de salarié qui engage les biens de sa société. »

Viscéralement attaché à l’Auvergne, Pierre Nuger souhaitait ardemment concourir au développement économique de sa région en appuyant les investissements locaux. Il a, par ailleurs, ouvert de nouvelles agences pour pénétrer le marché des particuliers : la manœuvre a demandé d’importants moyens qui ont été amortis grâce à l’alliance avec le Crédit du Nord. En 2014, la Banque Nuger devient filiale du Crédit du Nord et rejoint ainsi une fédération de huit banques régionales implantées en France. Cette intégration lui permet de cultiver son ancrage local tout en s’appuyant sur les forces et les complémentarités d’un groupe de dimension nationale. « La banque Nuger est aujourd’hui présente à Bourges (Cher), Nevers (Nièvre), Vichy, Moulins et Montluçon (Allier). Historiquement et là où nous avons une très forte notoriété, c’est le Puy-de-Dôme. Mais, d’une manière générale, nous sommes au plus près des bassins d’emploi, comme Issoire, Riom, Le Puy-en-Velay et Bourges , précise Christian Bonhomme. Nous étendons notre rayon d’action au-delà de notre territoire, auprès de nos clients qui ont gardé des attaches en Auvergne, résident ou travaillent ailleurs, notamment dans la capitale. Avec l’engagement de nos équipes et l’usage facilité par de nouveaux outils digitaux, notre proximité demeure relationnelle et moins géographique.

« Nous sommes la banque de ceux qui entreprennent. »

Proximité chérie

C’est un circuit de décision très court et une réactivité à toutes épreuves qui caractérisent la banque Nuger. « Quand nous intervenons et finançons un commerce, nous regardons la rue et le numéro de la rue. Cela peut être très important pour un CHR par exemple », analyse le président du directoire animé par trois banquiers : Jean-Michel Chenin, également responsable de l’exploitation chez Nuger, est en effet le troisième membre du directoire avec Nicolas Nuger et Christian Bonhomme. « Nous connaissons parfaitement les principaux acteurs de la région, développe le petit-fils du fondateur.

Cela nous confère une position naturelle à l’égard de ces personnes qui investissent. Nous sommes la banque de ceux qui entreprennent. Cela veut dire que la grande majorité de notre chiffre d’affaires est issue des segments entreprises et professionnels. Ces derniers veulent être connus et conseillés, avoir des contacts réels, physiques. Nous avons tout un dispositif visant à leur apporter les conseils les plus pointus. Aujourd’hui, le Crédit du Nord réunit huit établissements bancaires. Seule la zone géographique le différencie de la banque Nuger.

Leur vision et leur stratégie sont communes. Leurs ADN sont similaires, et elles disposent d’une parfaite connaissance de leur tissu économique local respectif. « Le contraire des banques nationales », sourit Nicolas Nuger. En revanche, la banque Nuger se heurte à des frontières bien délimitées par la maison mère, et sa capacité de développement se résume à son territoire. Elle est pour ainsi dire tributaire du développement économique de la région. Celui-ci est plutôt bon, dans la mesure où cette banque historique a dégagé un produit net bancaire de 40 millions d’euros l’an passé et peut se targuer d’attirer près de 2 000 nouveaux clients particuliers tous les ans. Aujourd’hui, cette banque clermontoise, presque centenaire, compte plus de 40 000 clients, dont 1 000 entreprises et plus de 4 000 professionnels.

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