L’Aveyronnaise rétro

  • Temps de lecture : 4 min

Après avoir créé l’enseigne de vêtements rétro Chez Poupoule, Christel Chauveau vient de déménager son magasin dans le 11e arrondissement.

La devanture orange de la boutique qui s’ouvre sur la rue de Charonne intrigue.

Elle a été réalisée par le peintre Jacky Georges, connu pour ses restaurations de vieux bistrots parisiens. Elle renvoie à l’avant-guerre et, en poussant la porte, on pénètre de plain-pied dans cette époque. Robes, chemisiers, chapeaux, gants, étoles, sont soigneusement rangés sur des cintres ou des étagères. Ils renvoient au début duXX siècle, aux années quarante, voire cinquante.

L’enseigne Chez Poupoule est devenue une référence en la matière pour les costumiers de cinéma, les organisateurs de reconstitutions historiques, les collectionneurs, mais aussi les amateurs de vêtements vintage qui n’hésitent pas à arborer ces tenues dans la vie courante. C’est Christel Chauveau, issue d’une famille d’origine aveyronnaise, qui a créé cette enseigne en 2015. D’abord installée dans une petite boutique de la rue Rodier (Paris 9e), le succès aidant, elle a récemment déménagé dans le 11e arrondissement pour occuper une boutique plus vaste et mieux située.

Christel Chauveau au rayon femme

Les vêtements hommes à l’étage

Ce nouvel emplacement, à deux niveaux, lui permet de proposer un rayon de vêtements pour homme à l’étage. Il est animé par Manu Perina, le compagnon de Christel. Il y vend des vêtements de ville, mais aussi différents modèles de bleus de travail de l’époque. Cet ancien soldat, qui a servi durant cinq ans sous les drapeaux, commercialise également des tenues militaires. Après l’armée, Manu est devenu régisseur de cinéma et c’est sur un plateau qu’il a rencontré Christel.

C’est vêtu de tenues de cette époque que le couple reçoit les clients dans la boutique. Christel assure même que le week-end, elle et son compagnon forcent encore plus le trait pour s’habiller de vêtements d’époque qui sortent vraiment de l’ordinaire.

C’est dans cet équipage qu’ils vont courir les guinguettes parisiennes ou des endroits où le temps s’est arrêté, comme au Vieux Chalet (voir L’Auvergnat de Paris n° 1000 p. 10).

Manu Perina au rayon homme

Dix-sept années de plateaux cinéma

Avant de se lancer dans ce métier, Christel fut, durant dix-sept ans, coiffeuse et maquilleuse sur les plateaux de cinéma et de théâtre.

Dotée d’un CAP d’esthétique avec option maquillage, elle est ensuite entrée dans une école de maquillage pour le cinéma. Elle a hanté durant de nombreuses années les plateaux de cinéma et les coulisses des théâtres. Un assistant réalisateur lui avait même trouvé un surnom : la Poudresse. Elle a travaillé avec des artistes comme Isabelle Adjani, Matthieu Chedid, André Dussolier, Michaël Lonsdale, Niels Arestrup. « J’ai aimé ces rencontres avec les acteurs. J’ai adoré ce métier, confie-t-elle, mais il a tellement changé. C’est une profession qui est difficilement compatible avec la vie de famille. » Avant d’ouvrir son magasin, Christel a travaillé dans le secteur de la mode. Elle a trouvé cette expérience plutôt superficielle et ennuyeuse. Pour elle, les vêtements anciens racontent une histoire : « Je connais l’histoire de certaines robes et de certains manteaux qui sont dans cette boutique. Je sais qui les a portés et dans quelle condition. »

Fascination pour les années quarante

Les années quarante exercent sur elle une fascination qui n’a rien de nostalgique. « Dans cette époque de restriction, des tenues extravagantes ont vu le jour, notamment avec la période zazoue. Les femmes faisaient preuve de beaucoup d’imagination pour rester coquettes, raconte-t-elle. J’avais un tailleur ayant appartenu à ma grand-mère, elle l’avait taillé dans l’étoffe d’un vieux manteau pour se rendre à un entretien d’embauche à la Banque de France. Je me souviens encore qu’elle nous racontait avoir eu honte de porter cet accoutrement. » Les grands-parents de Christel venaient de l’Aveyron.

« Aujourd’hui, je sais pourquoi l’Aveyron m’a manqué. »

Originaires de Ségala, ils avaient tenté avec succès leur chance à Paris. Le grand-père, né en 1920, avait exercé comme berger avant de réussir à intégrer la police parisienne. Il devint une de ces fameuses « hirondelles » qui sillonnaient la capitale à vélo. Aujourd’hui, la costumière n’a pas oublié l’Aveyron où, enfant, elle passait toutes ses vacances scolaires dans la famille. Elle retourne de plus en plus souvent chez son oncle et sa tante qui résident encore dans le département et cherche à y acheter une petite maison. « Je ne peux plus m’en passer, assure-t-elle. En grandissant, j’y allais moins souvent. Mais depuis quelques années, je reprends tous les étés le chemin du pays. Aujourd’hui, je sais pourquoi l’Aveyron m’a manqué. »

Une devanture signée Jacky Georges

PARTAGER