Alain Bellec, Le Café d’Orléans, Paris 14e : l’importance d’être constant

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Depuis sa naissance, Alain Bellec ne s’est jamais éloigné du zinc parisien. Fils de cafetier, il a repris le flambeau avec bonheur, cumulant les belles adresses. Cet Aveyronnais très attaché à ses racines doit largement son succès à son professionnalisme et à sa prudence toute aveyronnaise.

Alain Bellec
Alain Bellec. Crédit L'Auvergnat de Paris.

Malgré son air placide, un tantinet bougon, Alain Bellec s’affirme comme un entrepreneur hyperactif qui accumule les brasseries avec une régularité de métronome. Il y a un an, il adonné naissance au Boa. Il avait acquis l’emplacement il y a quatre ans en rachetant le bistrot Chez Fernand à Jean-Luc Roulière. Depuis lors, il a exploité l’établissement sous cette enseigne, avant de procéder à des travaux. Il adonné à l’établissement un décor de brasserie moderne, mais surtout, la terrasse, appréciable, est mieux exploitée par une brasserie.

Ce restaurateur n’est pas un homme pressé. Sa prudence est toute aveyronnaise et lui a souvent évité de se brûler les ailes. Il réfléchit soigneusement avant d’acquérir une nouvelle affaire en appréciant son prix, son emplacement et surtout son potentiel. Il surveille son endettement afin de ne jamais se mettre en danger et ces règles lui ont permis d’effectuer un parcours sans faute sur le zinc parisien durant trente-cinq années.

TROISIÈME GÉNÉRATION

Il a vécu depuis sa naissance des brasseries, d’abord exploitées par ses parents, puis dans ses propres enseignes. Ses grands-parents avaient quitté leur village de Saint-Gervais, près de Montézic, dans l’Aveyron, pour tenter leur chance à Paris. Alain Bellec représentant de la 3 génération de cafetiers restaurateurs, a fait ses premiers pas il y a cinquante-sept ans, au Saint-Fleuret, rue Cardinet, un café alors exploité par ses parents. Fils unique, il n’a jamais songé à exercer un autre métier et n’a jamais travaillé pour d’autres patrons.

Il a rejoint ses parents très tôt derrière le comptoir du Café d’Orléans (Paris 14) qu’ils avaient acheté en 1981 à un certain Gilbert Costes. Il a doucement repris le flambeau, tout en commençant à se diversifier dès 1990, avec le rachat du Yearling, un club courses PMU. En 1998, avec un associé, Jean-Bernard Perrin, il met la main sur le Ménilmontant, puis L’Arc Café, avenue Carnot (Paris 17). Il y a deux ans, épaulé par Charlie Entraygues, il a repris une concession dans la Bourse, où il a créé Chai Brongniart, une cave à manger. Les 120 places de la terrasse sont désormais mieux exploitées et les deux hommes ont créé une off re adaptée au quartier, avec une restauration classique au déjeuner et la déclinaison d’une carte de tapas le soir venu.

« Le problème, c’est qu’un tabac ne peut être mis en gérance »

Il a recouru plusieurs fois à des associations pour mieux se développer. Il s’agit parfois d’histoires d’amitié. C’est ainsi qu’Alain Bellec a créé Le Devez, avenue George-V (Paris 8), un restaurant de viande haut de gamme, avec Christian Valette et un troisième associé. Cet établissement a été vendu il y a quelques années. Pragmatique, Alain Bellec a ainsi cédé au fil des années quelques-unes de ses acquisitions, comme Le Ménilmontant ou La Butte-aux-Cailles.

Ses parents lui ont officiellement cédé en 1999 le Café d’Orléans, qui est devenu son QG. Il a largement fait évoluer l’établissement depuis lors. En 2010, il a extrait le tabac de la brasserie afin de l’installer dans un magasin voisin et, quelques années plus tard, il a vendu cette civette. Comme beaucoup de propriétaires de brasserie, il s’est éloigné du tabac. Pourtant, contrairement à beaucoup de ses collègues, il estime pourtant que cette activité reste tout à fait compatible avec la restauration. « Le problème, indique-il, c’est qu’un tabac ne peut être mis en gérance, et si j’ai vendu la civette l’année dernière, c’est d’abord parce que j’estime que cette activité devient de moins en moins rentable, notamment depuis cinq ans. »

Désormais, Alain Bellec exploite directement certaines de ses affaires, comme Le Boa. D’autres, comme le Café d’Orléans, sont placées en gérance. Mais il reste très attaché à l’adresse et continue d’habiter l’appartement situé au-dessus de la brasserie.

Même si la famille est depuis trois générations dans la capitale, il détient toujours une maison au pays, où il aime séjourner l’été, auprès de ses amis cafetiers parisiens. Il est marié à Sylvie, elle aussi originaire du département. Dès l’âge de six ans, il a été joueur de foot à l’Ascap, l’équipe des Aveyronnais de Paris, et n’a raccroché ses crampons de goal que l’année dernière. Il n’y a pas de raison pour que cette continuité avec l’Aubrac se rompe dans les années qui viennent, bien au contraire. Les deux enfants d’Alain, Nicolas, 21 ans, et Julie, 19 ans, sont bien partis pour reprendre le flambeau. L’aîné est étudiant à l’Institut Paul-Bocuse, à Lyon et la cadette, suite une formation de management, à l’école Ferrandi. Alain Bellec trouve ainsi toujours de bonnes raisons de se lever chaque matin.

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