Maison Conquet, à Laguiole : Lucien Conquet, en direct de l’Aubrac !

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Lucien Conquet, patron de la célèbre Maison Conquet à Laguiole, est une figure incontournable de la traditionnelle Fête des bœufs gras de Pâques de la cité de l’Aubrac*. Grâce à lui, de nombreux restaurants parisiens ont accès à cette viande d’exception, mais aussi aux charcuteries réputées fabriquées par l’entreprise.

Lucien Conque
Lucien Conque

Le soir, lorsque les visiteurs ont déserté les travées du Salon de l’agriculture, on peut voir de l’animation autour du stand et du restaurant aveyronnais de Lucien Conquet. Éleveurs et clients restaurateurs du célèbre boucher-charcutier de Laguiole apprécient un moment de détente autour de ce point de rencontre. En près de vingt-cinq ans de présence au salon, en association avec la coopérative Jeune Montagne, Lucien Conquet estime que l’ambiance évolue tout de même : « Au début, on parlait presque en permanence patois sur le stand. Cette année, je n’ai échangé que quatre fois en patois. »

Cet entrepreneur a développé l’entreprise familiale que son père, Paul, avait créée à Lacalm. C’était le dernier village aveyronnais avant de basculer dans l’Aubrac cantalien. Autrefois, les Aveyronnais de Paris, de retour de vacances, profitaient de leur passage dans la localité pour remplir le coffre de leurs automobiles des viandes et des charcuteries du pays. L’enseigne réputée avait créé en 1965 une boucherie annexe à Laguiole. Ce point de vente est vite devenu le centre névralgique de l’entreprise lorsque Lucien Conquet, benjamin de la famille, reprend l’entreprise familiale en association avec son frère aîné, au début des années 1980.

UN EFFECTIF DE 50 PERSONNES

Lucien Conquet est incontournable dans la capitale de l’Aubrac. Il fut un pilier redouté dans la mêlée de l’équipe de rugby locale. Durant vingt-cinq ans, il a été pompier bénévole. Ce boucher-charcutier est aussi réputé pour avoir de la suite dans les idées au point d’épouser deux fois la même femme, Évelyne, à trente ans d’intervalle. Grand-père de cinq petits-enfants, ce patriarche est aujourd’hui à la tête d’une des principales entreprises de la petite ville. Il emploie 50 personnes et réalise 60 % de son chiffre d’affaires en Île-de-France. Ayant fait son apprentissage dans une boucherie de Clichy, il est très à l’aise lorsqu’il démarche dans la capitale. À Laguiole, on le trouve plus sûrement derrière le comptoir de sa boucherie que dans les bureaux du vaste atelier qu’il a fait construire non loin de là. Il reconnaît qu’il aime le contact avec les clients, et ces derniers le lui rendent bien.

« En dix ans, l’entreprise a doublé son CA »

Ils viennent chercher des viandes et des charcuteries dont la qualité n’est plus à vanter, mais ils aiment aussi rencontrer Lucien Conquet et écouter ses facéties. Il raconte ainsi qu’un jour, une touriste est entrée avec sa fille et lui a demandé comment il réalisait sa fameuse saucisse sèche au roquefort. Farceur, le boucher lui a alors assuré avec le plus grand sérieux qu’avant d’abattre les porcs, on leur faisait ingurgiter le fameux fromage aveyronnais. La cliente s’est alors retournée vers sa fille en lui assénant : « Je te l’avais bien dit ! »

Aujourd’hui, Lucien Conquet est le dernier de la fratrie à travailler dans l’entreprise. Son frère a pris sa retraite il y a quelques années et la nouvelle génération est en train de prendre les manettes. Les enfants de Lucien, Casimir et Justine, travaillent depuis plusieurs années dans l’entreprise, comme ses neveux Alexandre, Nathalie et Patrice. En dix ans, l’entreprise est parvenue à doubler son CA. Malgré le succès, la Maison Conquet conserve un caractère très familial. Ce succès repose avant tout sur la qualité des viandes. La maison ne propose que de la vache Aubrac ou du bœuf fermier Aubrac Label rouge, un signe de qualité que Lucien Conquet a contribué à créer. Chaque année, son entreprise transforme 2 000 bovins et 2 500 porcs. La famille Conquet a mis au point une logistique impressionnante pour fournir la clientèle parisienne. Deux commerciaux démarchent la clientèle de la capitale. À partir d’une plate-forme ruthénoise, l’entreprise parvient à effectuer quatre livraisons hebdomadaires vers l’Île-de-France avec un départ vers 17 h. À Rungis, sur la zone Senia, un dégroupeur répartit les colis reçus à 3 h le matin vers les restaurants. La mécanique est bien huilée. Une seule ombre au tableau, la fermeture en juin dernier de l’abattoir de Sainte-Geneviève-sur-Argence est venue compliquer la tâche de l’entreprise, qui doit désormais travailler avec celui de Neussargues, distant de 60 km. Mais là encore, Lucien Conquet ne désarme pas, il négocie actuellement avec le groupe Arcadie, une réouverture. Lucien Conquet est aussi l’un des principaux artisans de la désormais traditionnelle Fête des bœufs gras qui va se tenir le week-end prochain à Laguiole (21 et 22 mars). À cette occasion, il prévoit d’acheter une trentaine de bœufs qui, une fois transformés, partiront en carcasse entière vers les meilleurs clients restaurateurs de la Maison Conquet, comme le Paris Orléans, le Royal Jussieu ou L’Oustal. L’Aubrac connexion est au mieux de sa forme !

www.maison-conquet.fr

NOTES : 

* Initialement prévue les samedi 21 et dimanche 22 mars à Laguiole, la Fête des boeufs gras de Pâques a été annulée suite à la crise sanitaire du Covid-19. 

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