Sur un air de Samba

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Associés, ils ont créé Boteco, une enseigne de bars brésiliens. Ils préparent actuellement leur troisième ouverture et ont choisi de se diversifier en devenant producteurs de Gaya, une nouvelle marque de cachaça.

Au début de l’été 2016, Nicolas Delauche s’ennuyait ferme dans le Carrefour de Villeneuve-la-Garenne. Pourtant, beaucoup auraient aimé être à sa place. Âgé de 27 ans, il occupait déjà un poste de numéro deux d’un hypermarché et une carrière royale dans la grande distribution s’ouvrait devant lui. Mais en ce mois de juillet, un air de samba de plus en plus lancinant lui trottait dans la tête. Il a ainsi décidé de tout laisser tomber pour développer Boteco, un concept de bar à cocktails brésilien. Dans le cadre de son poste chez Carrefour, Nicolas Delauche avait passé un an au Brésil. Le jeune Stéphanois, issu des rangs de l’Edhec Lille, a alors découvert ce pays étonnant, dont il a vite apprécié la culture, l’ambiance et les habitants chaleureux. En imaginant le premier Boteco, qui s’est installé rue de l’Échiquier, il a souhaité recréer un îlot brésilien dans ce coin du 10e arrondissement. Il ne voulait surtout pas proposer un bar brésilien d’opérette. Ricardo Lopes l’a aidé à donner une véritable authenticité à cette démarche.

15 cocktails à base de cachaça

Les deux hommes se sont rencontrés alors que Nicolas Delauche travaillait au Brésil. Un peu plus âgé, Ricardo Lopes avait fait des études en France, à l’école Vatel Paris, mais aussi à l’Essec, avant de revenir au Brésil pour travailler dans la restauration et animer une entreprise de traiteur. Conquis par la ville, il caressait l’idée d’y revenir un jour et lorsque Nicolas Delauche lui a proposé de s’associer dans l’aventure Boteco, il ne s’est guère fait prier. Fin mixologue, il amène à Boteco une véritable originalité, avec une carte dominée par 15 cocktails à base de cachaça, mais aussi en mettant en avant des produits peu utilisés par les bartenders, comme la fève de tonka ou la banane plantin. Au-delà du bar, Boteco propose une restauration à partir de tapas, notamment le soir, mais aussi une véritable carte au déjeuner, dans l’unité de la rue de l’Échiquier. Six plats sont ainsi proposés, parmi lesquels on peut citer le travers de porc sauce barbecue à la goyave et des prix allant de 14,50 à 19 €.

« Le bar de la rue de l’Échiquier évoque la ville de Rio »

Lors de la création du premier Boteco, Nicolas Delauche et Ricardo Lopes ont mis chacun 20 K€ sur la table. Beaucoup de banquiers ont jugé cet apport personnel trop faible, mais le CIC a pris le risque de financer leur projet, qui représentait 500 K€. « Nos profils complémentaires les ont séduits, indique Nicolas. C’était d’autant plus difficile que nous avons accepté de surpayer ce fonds de commerce en raison de l’emplacement. » Lors de cette transaction, les deux jeunes entrepreneurs estiment avoir été bien conseillés par Century 21 Horeca, qui les a accompagnés dans l’aventure, ainsi que pour la création en 2018 d’un deuxième Boteca, avenue Trudaine (Paris 9e), avec pourtant un fonctionnement différent. Ce nouvel établissement fonctionne davantage comme bar à cocktails et fait l’impasse sur le service du déjeuner. Ouvert de 18 h à minuit en semaine et 2 h le week-end, l’établissement a cependant trouvé rapidement sa vitesse de croisière. Dans leur décor, les deux bars adoptent des postures légèrement différentes, comme l’explique Nicolas Delauche : « Le bar de la rue de l’Échiquier évoque la ville de Rio, tandis que celui de l’avenue Trudaine propose une ambiance calquée sur São Paulo. »

60 % de vente de liquides 

Les résultats des deux bars sont très encourageants et persuadent aujourd’hui les banques d’épauler le développement de l’affaire. Chacun dégage un CA annuel de l’ordre de 800 K€. Les ventes de liquides représentent en moyenne 60 % de l’activité. Au total, un effectif de 16 employés est mobilisé à travers les deux adresses. Une troisième unité est également en chantier, rue Amelot. Mais avant cette ouverture, Nicolas Delauche et Ricardo Lopes ont déjà diversifié leur activité en présentant leur propre cachaça, sous la marque Gaya. Cet alcool est une forme de rhum brésilien, obtenu par fermentation, puis distillation de jus de canne à sucre. Il s’agit d’un projet très sérieux, puisque 12 000 litres de Gaya ont déjà été produits. Ils sont destinés aux établissements de l’enseigne et seront commercialisés dans le réseau CHR. Pour réaliser ce produit, les deux associés ont suivi un stage de distillation au Brésil, dont ils sont ressortis avec un diplôme. Les alcools ont été sélectionnés sur site au Brésil, avant de subir un élevage de six mois en inox et de six mois dans des fûts de bois blanc. L’année prochaine, ils dévoileront une Gaya encore plus élaborée, puisque cette cachaça aura vieilli en France durant deux ans dans des fûts de cognac.

Boteco – 48, rue l’Échiquier Paris 10e 51, avenue Trudaine Paris 9e – boteco.paris 

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