Un an à l’épreuve du Covid avec David Rougier, propriétaire du Coup d’Œil (Paris 11e)

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Après une traversée du désert de plus d’un an, entre inactivité et réouverture sous contrôle, les cafés-restaurants voient le bout du tunnel. Cette période pénible a laissé des séquelles mais aussi ouvert de nombreuses opportunités. Nous sommes partis sur le terrain pour prendre le pouls de cette profession convalescente. Entretien avec David Rougier, propriétaire du Coup d’Œil (Paris 11e).

Le pire moment de découragement ? Le meilleur souvenir ?


Le pire moment, c’est quand je n’ai pas reçu les aides, fin décembre 2020. Elles étaient bloquées, mais tout est ensuite rentré dans l’ordre. Mon meilleur souvenir est la rencontre de ma copine, grâce au Covid. Sur les quais de Seine, je jouais à la pétanque avec des amis parce que nous n’avions que cela à faire. Elle buvait un coup parce que les bars étaient fermés. Elle n’avait pas de tire-bouchon, et nous en avions un.

Comment avez-vous entretenu la flamme ? Brûle-t-elle toujours ? L’esprit d’équipe a-t-il résisté ?

J’ai tout simplement beaucoup fait à manger chez moi, pour mes amis et mes proches. Le brasero est toujours au taquet, même encore plus qu’avant. Nous avons tellement été dans l’attente que maintenant la flamme est encore plus puissante, avec plein de nouvelles idées, parce que nous avons eu le temps de réfléchir, de se poser les bonnes questions. L’esprit d’équipe est encore plus présent. Nous avons traversé la crise ensemble, nous sommes encore plus proches maintenant. Nous avons d’ailleurs recruté quelqu’un en plus.

Comment avez-vous utilisé ce temps libre inattendu ?

Je me suis reposé, j’ai joué à la console de jeux. Je regardais beaucoup de films, je lisais. Je me divertissais, j’en avais clairement besoin. Je suis un peu hyperactif. J’ai été voir ma famille, un peu à Poitiers. Et nous sommes partis en Corse, à Lisbonne, pour se changer un peu les idées.

Qu’est-ce qui a changé chez vous durant cette parenthèse ?

Je me suis posé les bonnes questions, pour savoir ce qu’il fallait changer dans le mode de fonctionnement de mon restaurant Coup d’Œil. Nous avons réduit la carte pour aller à l’essentiel. Nous sommes plus exigeants avec le service, etc. C’est une remise en question globale.

Avez-vous des regrets ?

Je n’ai jamais de regrets. Je ne regrette jamais rien. À mon sens, cela fait grandir de faire des erreurs, des bêtises.

Comment jugez-vous l’action du Gouvernement face à la pandémie ?

Très bonne. Je n’ai rien à lui reprocher, surtout vis-à-vis des aides. A part le coup de stress que j’ai eu, mais c’est la lenteur de l’administration.

Nourrissez-vous de l’inquiétude pour votre établissement ?

Non, je pense que nous allons réaliser 30 % de chiffre d’affaires en plus sur le mois de juin. Cela risque d’être un très grand mois.

Et si la crise avait aussi du bon ?

Non, on ne peut pas dire qu’elle a eu du bon parce que je m’en serais bien passé, mais j’en ai tiré des enseignements, comme se remettre en question, être moins stressé, moins angoissé, et faire un travail sur soi. Finalement, arrêter d’accorder de l’importance aux choses qui ne le sont pas. Je ressors bien sûr plus fort, vous savez ce qu’on dit : tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort.

Comment entrevoyez-vous l’avenir ?

Je veux retravailler déjà, refaire un bilan complet, après 12 mois de chiffre d’affaires sans fermeture. Et que les projets que j’avais avant reprennent leur cours : ouvrir un autre établissement, acheter un appartement. Que tout reprenne le cours normal de la vie, tout simplement.

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