Le piment d’Espelette, une fierté locale
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Produit incontournable du Pays basque, le piment d’Espelette est bénéfique pour la santé et sa culture n’a pas changé depuis des décennies. Les producteurs locaux et le syndicat de ce piment travaillent à sa conservation et au maintien de sa qualité.
Le piment d’Espelette, véritable symbole de son territoire, est la seule épice en France ayant obtenu l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) et l’Appellation d’origine protégée (AOP). Aujourd’hui, on compte 203 producteurs de ce fruit particulier, 16 reconditionneurs et trois transformateurs, répartis dans dix communes situées (obligatoirement) dans le bassin de l’Adour. Parmi eux, il y a Vincent Darritchon, gérant de la Maison du piment. Localisé à Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques), à 15km au sud de Bayonne, il y cultive le piment d’Espelette depuis près de 30 ans. Né dans une famille d’agriculteurs, il a très vite pris goût pour la nature et plus particulièrement pour le piment d’Espelette. « J’ai toujours été intéressé par ce produit car cet aliment a un esthétisme qui interpelle. Sa couleur rouge attrape le regard. »
La production du piment d’Espelette s’étale sur plusieurs mois. « On commence à semer les graines en mars. Puis, on s’occupe des plants à partir de mi-mai. Les premières fleurs arrivent à peu près un mois plus tard. Ensuite, on récolte tous les jours à partir de mi-août, et ce, jusqu’à début décembre », détaille le cultivateur. Chaque année, Vincent Darritchon produit près de 200 lots de piments d’Espelette. Et il ne s’arrête pas là. En plus de cultiver ce produit, Vincent Darritchon le transforme. « Très vite, j’ai pris conscience du potentiel de cette épice et des produits dérivés que l’on pouvait créer ». Il en fait alors de la poudre, des gelées ou encore des confitures. « En fait, c’est un produit intéressant car c’est un exhausteur de goût », explique-t-il.
AOP précieuse
Afin de préserver une qualité intacte, le Syndicat du piment d’Espelette se charge de la protection et de la gestion de l’AOP. Tout acteur du secteur du piment d’Espelette doit être adhérent au syndicat. « Nous sommes là pour accompagner les producteurs, veiller au respect du cahier des charges, ainsi qu’à la promotion et la communication de l’AOP », explique Maialen Sarraude, manager du syndicat. Des examens organoleptiques sont réalisés tout au long de l’année afin de juger si un piment est conforme ou non.
Cette épice a obtenu son AOC en 2000 et l’AOP (l’échelle européenne), en 2002. « Aujourd’hui, 1.400 hectares sont agréés et on estime 300 nouveaux hectares plantés chaque année ». En moyenne, un producteur plante 12.000 semis par hectare. En 2023, environ 2.380 tonnes de piments frais ont été récoltées et 99% de cette récolte fut transformée en poudre.
Le cahier des charges ayant été fixé il y a des décennies, il est voué à évoluer et à s’adapter aux nouvelles problématiques des éleveurs. Depuis sept ans, le Pays basque est touché par le changement climatique (sécheresse, pluie…), ce qui a modifié le mode de culture du piment d’Espelette. « En 2023, on a eu de la grêle en plein été. Une trentaine de producteurs ont été endommagés et vingt d’entre eux ont tout perdu. » Actuellement, il est interdit d’irriguer ces cultures mais ce volet est en train d’être discuté, afin d’aider les agriculteurs et préserver ce savoir-faire ancestral.