Seconde main, des occasions en or

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Alors que l’équipement des cuisines représente un investissement conséquent pour les CHR, le matériel d’occasion commence à prendre sa place. Acheter et vendre en seconde main offre des avantages économiques, écologiques, mais aussi pratiques.

Dans son entrepôt, Vesto redonne une nouvelle vie à des machines professionnelles CHR, grâce au reconditionnement. Crédit : DR

Bien souvent, c’est d’abord pour s’équiper à moindres frais. « En moyenne on économise 50 % en passant par la seconde main, cela peut même aller jusqu’à 70 % », assure d’emblée Bastien Rambaud, cofondateur de Vesto. Son entreprise est spécialisée dans le reconditionnement de matériel professionnel pour les CHR. Même son de cloche du côté de Geoffrey Taïeb, cofondateur d’Alpagga, première marketplace dédiée aux équipements CHR d’occasion entre professionnels. « De nombreux clients viennent principalement pour les prix, car dans la conjoncture actuelle, ils cherchent à faire des économies », affirme-t-il. C’est donc une opportunité de s’équiper moins cher, tout en accédant à du matériel professionnel souvent haut de gamme, mais dont le prix neuf pourrait dépasser son budget.

Sur ces deux plateformes, le restaurateur peut également vendre son matériel inutilisé ou son surplus d’équipements. « Nous avons une sorte d’argus des machines, les restaurateurs peuvent recevoir environ 3 à 14 % de leur valeur neuve », détaille le dirigeant de Vesto. Une fois l’appareil collecté, il est contrôlé puis reconditionné dans leur usine de Compans en Seine-et-Marne. Vesto y emploie 40 personnes qui, grâce à des processus standardisés et à un diagnostic précis, déterminent ce qui peut être réparé, conservé ou recyclé. « Sur 98 % des machines récupérées, des composants sont remplacés avec du neuf, cela représente environ 15 % de chiffre d’affaires en pièces détachées », précise Bastien Rambaud.

L’entreprise collabore également avec des fabricants, récupérant des parcs entiers de machines issues de retours de leasing ou de démonstrations. Chez Alpagga, les restaurateurs peuvent revendre directement leurs appareils, ou bien privilégier un parcours de reconditionnement. « Les équipements en bon état, de marques reconnues et bien entretenus peuvent être revendus directement, et les machines plus usagées sont idéalement destinées au reconditionnement », précise Geoffrey Taïeb. L’entreprise travaille avec des « reconditionneurs » de confiance, rigoureusement sélectionnés et évalués. « Nous collaborons avec des partenaires locaux, souvent de petites entreprises familiales, qui font un travail remarquable », mentionne-t-il. Du matériel déclassé, comme des fins de stock ou des modèles d’exposition, est également proposé.

Qualité garantie

Les plateformes garantissent les équipements lorsqu’ils sont reconditionnés, pendant les trois à douze mois suivant l’installation. « Nous avons investi dans un SAV [service après-vente, NDLR] très performant, avec un réseau d’installateurs répartis sur l’ensemble du territoire français, on assure une intervention toujours rapide », précise Geoffrey Taïeb d’Alpagga. Bien que conçu pour durer au moins 20 ans, le matériel de restauration est souvent remplacé au bout de seulement sept ans, rappelle Bastien Rambaud de Vesto. « On permet à ce matériel d’aller jusqu’au bout de sa durée de vie », ajoute-t-il.

L’entreprise sait aussi répondre aux urgences : « Si un restaurateur a son four qui explose, nous pouvons le remplacer en une journée. Nous sommes en France et nous disposons toujours de fours et de lave-vaisselle en stock dans notre usine, avec des pièces qui ne viennent pas de loin. Seule la seconde main peut offrir une telle réactivité. » Enfin, acheter d’occasion encourage également une démarche écoresponsable, en prolongeant la durée de vie des produits et en limitant les déchets. Agréée « entreprise solidaire d’utilité sociale », Vesto a permis d’éviter 150 à 200 tonnes chaque mois de CO2 en 2024 par le réemploi d’équipements. Alpagga revendique, quant à elle, avoir économisé 1 000 tonnes de CO2 en 2024. « Les clients sont sensibles à cette démarche environnementale », assure Geoffrey Taïeb.

Un marché en développement

Du point de vue des deux professionnels, le marché de la seconde main est en pleine expansion. Pour Geoffrey Taïeb, il suit une trajectoire similaire à celui de l’automobile : « Il y aura toujours du neuf, ce qui est normal pour encourager le progrès, mais la démocratisation de la seconde main donne accès à de la qualité à des personnes qui n’en avaient pas forcément les moyens. » À l’avenir, Alpagga prévoit de poursuivre son développement sur le marché français, portée par une levée de fonds de 6 M€. L’objectif est clair: accélérer l’adoption de la seconde main et asseoir sa légitimité.

Une ouverture à l’international est même envisagée dans les années à venir. Quant à Vesto, l’entreprise prévoit de se diversifier et d’étendre ses activités au froid commercial et au matériel pour le BTP dans les prochains mois. En parallèle, elle collabore avec des éco-organismes pour industrialiser encore davantage le réemploi d’ici 2025. Bastien Rambaud souligne en outre que cette démarche contribue à réindustrialiser la France, tout en réduisant l’impact carbone et en créant des emplois.

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