L’Inattendu fait le bonheur de sa banlieue

  • Temps de lecture : 3 min

En s’installant à Villecresnes (Val-de-Marne), Émilien Rouable, un jeune chef ayant écumé les brigades parisiennes, a vite trouvé sa clientèle. Un succès qui passe non seulement par une offre gastronomique attractive, mais aussi par un parti pris locavore.

inattendu
Un décor qui rend hommage à l'ancienne boucherie qu'abritait autrefois cette maison. Crédits : DR

Dans cette banlieue aux confins du Val-de-Marne et de l’Essonne, le restaurant d’Émilien Rouable a vraiment quelque chose d’« inattendu », comme le proclame son enseigne. Dans cet univers pavillonnaire, terreau habituel de la restauration rapide, les inspecteurs du Guide Michelin s’aventurent rarement. Pourtant, ce jeune chef prometteur n’a pas hésité à jeter son dévolu sur Villecresnes pour poser ses casseroles. Il a ainsi racheté un modeste établissement, Chez Solange et Gilles, pour ouvrir à l’automne l’Inattendu. Après avoir pris ses marques en quelques mois, le restaurant affiche complet presque à chaque service. Émilien Rouable avait plusieurs bonnes raisons de choisir cette commune. D’abord, il a grandi dans les environs et connaît bien la localité. Puis, ce fonds de commerce était abordable financièrement pour une première installation, même si Émilien Rouable et son épouse Virginie ont réalisé de gros investissements dans la remise à niveau des cuisines et du décor, qui utilise largement les codes de la boucherie.

Avant d’accueillir un restaurant, cette adresse abritait justement une boucherie. De nombreux vestiges encore existants de ce commerce ont adroitement été mis en valeur. Le jeune professionnel a eu la révélation de sa vocation culinaire en intégrant le lycée Antonin-Carême de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), où il s’est révélé être, à sa propre surprise, un des meilleurs éléments de cette école hôtelière. Il a ensuite effectué un beau parcours dans les grandes brigades parisiennes, comme celles de Maxim’s ou du Fouquet’s. Une solide expérience qui lui a permis de prendre le poste de chef de l’Hôtel Saint James Albany**** (Paris 1er). Mais quand cet établissement a fermé pour travaux, il a voulu lancer sa propre affaire. Il convainc alors son épouse, directrice financière, d’abandonner son poste pour le suivre dans son aventure à Villecresnes et diriger la salle de l’Inattendu.

La carte locale

Le jeune couple s’est vite fondu dans le décor. Le chef a instauré une cuisine créative, mais accessible et très liée au produit. À ce niveau, il vise largement le local. Émilien Rouable a mis en place un partenariat avec la ferme Hozabeilles, implantée dans la commune voisine de Mandres-les-Roses (Val-de-Marne), qui fournit l’établissement en légumes. Ce sont deux commerces de bouche réputés de Villecresnes, la boucherie Seys et la fromagerie Gilbert, qui approvisionnent la table en viandes et produits laitiers. Le chef assure d’ailleurs que sa démarche locavoriste n’en est qu’à ses débuts : il travaille sur d’autres partenariats avec des producteurs locaux. Ses recettes changent souvent en fonction des saisons. Deux menus – l’un à 45€ et l’autre à 89€ – permettent d’attirer une clientèle assez large.

Côté vins, si la cave du restaurant est encore modeste, elle accueille quelques beaux flacons ramenés par le couple lors de ses escapades dans la Loire et d’autres régions vinicoles. On remarque aussi quelques grands noms du vignoble qui font saliver les connaisseurs. Deux offres d’accord mets-vins (25 et 45€) sont déclinées. Cet établissement, attractif sur le plan de la table, de l’ambiance et du décor, n’est pas passé inaperçu. En quelques mois, il a conquis la clientèle des entreprises environnantes et même des élus des communes alentour. Émilien Rouable est conscient d’avoir répondu à un manque d’offre locale : « Si on ne propose rien, les habitants des alentours vont ailleurs, notamment à Paris. Mais si on met en place une offre de qualité, ils se l’approprient vite. »

PARTAGER