Sortir du jetable

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Le Gouvernement a en ligne de mire les emballages à usage unique, notamment ceux fabriqués à partir de plastique. Tout le secteur de la restauration doit se mettre au pas, et trouver des solutions pour s’adapter à cette nouvelle mesure imposée dans le cadre de la loi Agec.

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Les méthodes de lavage appliquées par l’entreprise Options Solutions répondent aux normes d’hygiène HACCP. Crédit : DR.

Depuis le 1er janvier 2023, la loi Agec impose aux établissements de restauration rapide pouvant servir plus de 20 convives de proposer à leurs clients de la vaisselle réutilisable pour les repas consommés sur place. Une disposition qui répond au premier des cinq axes de la loi, qui s’intitule « sortir du plastique jetable ». Une mesure qui constitue une véritable révolution pour les enseignes de restauration rapide. Il y a deux ans, celles-ci avaient déjà dû supprimer les pailles en plastique, les touillettes à café ou encore les couvercles de gobelets et depuis plusieurs mois c’est toute la vaisselle jetable qui est devenue persona non grata. Alors pour répondre à ces nouveaux enjeux, les solutions se multiplient.

Cornets de frites, bols à salade, boîtes à sandwich, tout devient lavable et réutilisable. Si, selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), cette mesure doit permettre d’éviter près 130000 tonnes de déchets liés aux emballages de repas à usage unique, sa mise en place demeure complexe pour les acteurs du secteur. Auparavant, les établissements stockaient des boîtes en plastique ou en carton peu encombrantes que le consommateur envoyait à la poubelle dès lors qu’il avait terminé son repas. À présent, les restaurateurs doivent prendre en charge la gestion des contenants, couverts ou encore gobelets, les laver et les réutiliser. Bien connu pour sa résistance, le plastique réutilisable s’est imposé dans la plupart des enseignes concernées, mais le lavage de ce matériau, et plus particulièrement le séchage, demande un peu de technicité.

Une organisation à trouver

Se pose alors le défi du nettoyage de ces contenants, dans des structures qui n’ont souvent pas de plonge adéquate. Tandis que certains restaurateurs font le choix de le traiter en interne, d’autres décident de déléguer cette tâche. Pour répondre à leurs besoins, des entreprises comme Options Solutions assurent ce nettoyage à une échelle industrielle en respectant des critères stricts d’hygiène, et en utilisant la méthode HACCP. « En France, en 2022, 20 milliards de contenants et couverts à usage unique ont été jetés dans les 40000 points de restauration rapide. Le marché qui s’ouvre aux acteurs du réemploi est énorme », affirme Marc Rocagel, président-directeur général d’Options Solutions.

Filiale de l’entreprise Options, professionnel de la location de matériel dans l’événementiel, la nouvelle société s’est alors spécialisée dans l’externalisation du lavage de contenants en créant des centres dédiés à cette activité. Équipés de machines de lavage peu énergivores et « huit fois plus économes en eau qu’un lavage manuel », affirme Anne-Sophie Le Boubennec, directrice des opérations chez Options Solutions, les centres de lavage comme celui des Mureaux (78) permettent aux restaurateurs de s’inscrire dans un processus de transition écologique national voulu par la loi Agec.

« Nous proposons à nos clients des forfaits calculés en fonction du nombre de contenants et nous promettons une fiabilité tant sur le respect des normes d’hygiène que sur les délais », affirme Marc Rocagel. Un bon moyen pour les entreprises ne disposant de la place ou du matériel suffisant de répondre aux nouvelles normes. Néanmoins, pour les établissements ne possédant pas des volumes ou des moyens suffsants pour externaliser le nettoyage de leur nouvelle vaisselle, d’autres solutions existent. L’entreprise Hobart propose ainsi des modèles de « lave-vaisselle » mais aussi « de lave-verres avec séchage intégré », explique Stéphane Guglielminetti, directeur commercial chez Hobart France. Avec un « faible encombrement » et un « système de séchage minéral sans vapeur d’eau et donc sans besoin de ventilation », ces machines permettent ainsi de laver et de sécher des matières inertes telles que le plastique et de s’adapter à tout type de cuisine.

« Notre objectif à terme est d’arriver à laver sans eau », témoigne le directeur commercial. Les machines Hobart se veulent alors très économes en ressources avec une consommation de « 2 litres d’eau par cycle ». De son côté, la société Meiko met en avant la pluralité des cycles de lavage proposés par leurs machines et la réparabilité de celles-ci avec des « pièces de disponibles pendant 25 ans », affirme Sabine Betirac, cheffe de marché pour la restauration et l’hôtellerie chez Meiko. Avec un objectif « 100 % sec », l’entreprise propose notamment des accessoires destinés aux produits plastiques afin d’en limiter l’usure lavage après lavage. Par ailleurs, celle-ci rappelle l’importance de la chimie avec des produits « sans phosphate » et des « liquides de rinçage adaptés aux matières plastiques ».

Enfin, la marque Electrolux Professional promet pour sa part des machines peu gourmandes en électricité avec « 1,8 kilowatt par heure », déclare Alain Poisot, chef de marché spécialisé dans la laverie-vaisselle dans l’entreprise. Avec les cadences que connaît la restauration rapide, le lavage et le séchage doivent être « rapides et efficaces », argumente-t-il. Que le nettoyage soit traité en interne ou en externe, une problématique vient compliquer la tâche des restaurateurs, celle du tri, afin d’éviter que ces contenants réutilisables ne terminent à la poubelle ou soient volés. Les professionnels ont donc encore de longues heures de travail avant d’arriver à aiguiller les clients pour éviter les malversations de la clientèle.

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