Titres-restaurant : une fracture persistante entre salariés, restaurateurs et entreprises

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Lucca, en partenariat avec Augmented Talent, dévoile les résultats d’une étude sur l’état du marché des titres-restaurant en France. Cette enquête met en lumière une fracture persistante entre les attentes des salariés, les contraintes des restaurateurs et les stratégies des entreprises.

Titres-restaurant
Titres-restaurant. Crédit : DR.

Lucca, éditeur de solutions RH et finance, a publié les résultats d’une étude menée avec Augmented Talent, portant sur l’état du marché des titres-restaurant en France. Les données de cette enquête révèlent des divergences marquées entre les attentes des salariés, les contraintes des restaurateurs et les stratégies des entreprises. En effet, si les titres-restaurant restent l’avantage salarié le plus apprécié, leur modèle économique soulève de plus en plus de frustrations, notamment chez les restaurateurs.

Du côté des salariés, l’étude montre que 90% des bénéficiaires comprennent les règles d’attribution des titres-restaurant, un chiffre qui témoigne d’une bonne maîtrise du système. Cependant, plus de 60% des salariés détournent les titres de leur usage initial et les utilisent principalement pour leurs courses alimentaires plutôt que pour des repas dans les restaurants. De plus, bien que 63% des salariés jugent la valeur des titres-restaurant suffisante pour couvrir leurs repas, près de la moitié d’entre eux ont déjà rencontré des refus de la part des commerçants, ce qui souligne une problématique d’acceptation croissante de ces titres dans le commerce. Par ailleurs, plus de la moitié des salariés affirment qu’ils préféreraient un salaire plus élevé, même sans avantages salariaux, ce qui met en lumière un désir de flexibilité financière au détriment des avantages en nature.

Des restaurateurs préoccupés

Du côté des restaurateurs, les données sont encore plus préoccupantes. Bien que 79% des établissements reçoivent moins de 25% de leurs paiements via les titres-restaurant, l’insatisfaction est palpable. En effet, 82% des restaurateurs se disent insatisfaits des émetteurs de titres-restaurant, et près de 60% estiment que les délais de remboursement sont trop longs. Les commissions élevées sont également pointées du doigt, avec 86% des restaurateurs exprimant leur mécontentement face à ces frais. En outre, ces préoccupations ont conduit environ un tiers des restaurateurs à refuser certains émetteurs de titres-restaurant, mettant en péril l’utilisation même de ce mode de paiement dans les établissements.

Pour les entreprises, la situation n’est pas beaucoup plus favorable. Bien que 41% des responsables RH estiment que leur entreprise est en retard concernant sa politique d’avantages salariaux, peu d’entre eux anticipent des changements substantiels dans les mois à venir. Cela révèle une certaine inertie des entreprises face à la nécessité d’ajuster leurs pratiques aux nouvelles attentes des salariés, notamment en matière de flexibilité et de pouvoir d’achat.

Enfin, cette étude souligne une fracture croissante entre les différents acteurs du marché des titres-restaurant. Si les salariés restent attachés à cet avantage, le système actuel semble de plus en plus difficile à gérer pour les restaurateurs, ce qui pourrait, à terme, conduire à des changements structurels dans ce secteur. Une réforme des titres-restaurant, attendue à l’été 2025, pourrait redéfinir les règles du jeu, en offrant une solution plus équilibrée et adaptée aux enjeux du moment.

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