« Je veux pousser un coup de gueule par rapport à ces aides qu’on ne peut pas avoir »

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David Toussaint, propriétaire du bar-restaurant La Cigogne, à Panissières dans la Loire, ne peut bénéficier du fonds de solidarité proposé par l’État. La raison : il travaille aussi en intérim dans une usine, pour pouvoir payer ses impôts.

La Revue des Comptoirs (RDC) : Racontez-nous votre situation.
David Toussaint (D.T.) : Ma femme et moi avons acheté le fonds de commerce il y a 18 ans, et les murs il y a 15 ans. On les a achetés en SCI [Société civile immobilière, NDLR] parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. Avec une SCI, c’est peut-être facile pour obtenir le crédit, mais après c’est compliqué, cela coûte un peu cher car nous payons des impôts sur la SCI. Je suis gérant majoritaire, mais j’ai zéro euro de revenus. Une année, j’avais presque 1 000 € d’impôts à payer. J’ai demandé au directeur des impôts comment il fallait que je fasse pour les payer… Il m’a dit de trouver du travail. Je me suis donc inscrit dans une boîte d’intérim, et j’ai trouvé du travail, à l’usine. Cela m’a permis de remonter les finances de mon entreprise, parce que j’étais au plus bas, et de payer mes impôts. Depuis, la boîte d’intérim m’a embauché. Mais, au numéro 4 des conditions d’obtention du fonds de solidarité, il est écrit que si le gérant majoritaire est salarié au premier jour du mois de fermeture, il n’a pas le droit à l’aide. Je veux pousser un coup de gueule par rapport à ces aides qu’on ne peut pas avoir. Ce ne sont pas des aides pour le commerce, ce sont des aides personnelles, puisqu’ils ne veulent pas me les donner à cause du fait que je travaille à côté. Je voulais surtout que les gens soient au courant. Par rapport à certaines personnes, j’ai l’avantage d’avoir mon travail à côté, mais cela coûte des sous à mon entreprise. Cela ne me gêne pas, c’est mon entreprise. Mais c’est le fait qu’on me dise que je n’ai pas le droit parce que je travaille. J’aimerais bien que les gens sachent que ce n’est pas tout le monde qui y a droit. Le service des impôts m’a dit qu’il fallait faire un courrier au ministre de l’Économie.

RDC : Quel regard portez-vous sur les aides proposées par l’État ?
D.T. : C’est le fait qu’ils racontent plein de choses qui ne sont pas vraies. Prenez l’exemple du chômage partiel. Ma femme, qui est employée  du restaurant, est en chômage partiel depuis le dernier jour d’octobre. Mais l’entreprise n’a toujours pas touché un centime de la part de l’État. Pour l’exonération des charges aussi, il y a quinze jours je regarde mon compte professionnel et je vois un prélèvement de l’Urssaf. Cela me fait bien rire. Il faut surtout ne pas croire tout ce que disent nos élus.

RDC : Êtes-vous inquiet pour la survie de votre établissement ?
D.T. : Honnêtement, non, parce que j’ai presque tout fini de payer. Mais lors du premier confinement, j’étais le premier à dire que si je n’avais pas eu mon travail à côté, on n’aurait jamais rouvert, parce que les banquiers ne sont pas là pour nous aider non plus. Cela fait quelques années qu’on est à notre compte, donc il ne reste plus grand chose non plus à payer. Je plains les gens qui ont monté il y a peu leur affaire. C’est sûr et certain qu’il y en a énormément qui ne vont pas rouvrir.

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