
Décision business
BPCE L'Observatoire dévoile son étude sur les défaillances d'entreprises au premier trimestre 2024
16.801, c’est le nombre de défaillances d’entreprises (lorsqu’elle n’est plus en mesure de faire face à ses obligations financières) enregistrées par BPCE L’Observatoire pour le premier trimestre (T1) de 2024, soit une augmentation de 15% par rapport à la période d’avant la crise Covid-19. De plus, durant les 12 derniers mois, l’observatoire remarque que 59.000 entreprises ont fait défaut, contre 51.800 en 2019 (+12%). Une étude réalisée par Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE, et Julien Laugier, économiste du Groupe BPCE.
Les chiffres clés
défaillances d'entreprises
entreprises en défaut
emplois menacés
Parmi ces défauts, 17.000 interviennent durant le premier trimestre 2024, le classant comme le pire depuis 2015. Au niveau de la taille des entreprises, 1.400 PME-ETI (10 salariés et plus) ont été concernées, contre 925 au T1 de 2019. BPCE L’Observatoire estime qu’environ 70% des défaillances de PME-ETI évitées pendant la Covid-19 se sont manifestées. Du côté des TPE, employant 3 à 9 salariés, elles enregistrent un surcroît de défaillances de 26% par rapport à 2019. Enfin, les microentreprises et les plus petites TPE (sans, 1 ou 2 salariés) connaissent une normalisation des défaillances avec une croissance de 7% sur les 12 derniers mois vis-à-vis de 2019.
Commerces alimentaires fragilisés
En termes d’emplois, l’impact des défaillances menace 240.000 emplois sur les 12 derniers mois, soit 25% de plus qu’en 2019. À noter que le T1 2024 enregistre à lui seul 62.000 emplois. Au niveau des régions, Midi-Pyrénées (+34% par rapport à 2019) est la région la plus concernée. Les défauts atteignent un sommet en Poitou-Charentes, Aquitaine, Martinique et en Rhône-Alpes (entre +59% et +99% par rapport à 2019). Inversement, les lieux où l’économie est moins dynamique, comme la Lorraine, le Limousin, la Réunion ou la Corse, sont les moins impactés.
À l’échelle des secteurs, l’évolution de la consommation des ménages a fragilisé les commerces alimentaires et les services aux particuliers (soins de beauté et corporels, coiffeurs, etc.) et, indirectement, les transports routiers de marchandises. Tandis que la hausse des taux d’intérêt a fragilisé le secteur de l’immobilier et du bâtiment, ainsi que certains métiers financiers et en lien avec les assurances. Enfin, les défaillances du T1 2024 se sont répercutées sur l’hébergement-hôtellerie, le commerce de gros, les services aux entreprises et activités techniques.
Une année 2023 rythmée
Ce constat du premier trimestre 2024 fait écho à la situation dans laquelle les entreprises ont dû naviguer durant l’année 2023. BPCE L’Observatoire relève notamment une croissance économique ralentie (+0.9% en 2023 après +2.5% en 2022), l’inflation énergétique qui a eu un impact sur le reste de l’économie suite à un «effet de second tour», l’augmentation des taux d’intérêt qui ont renchéri le coût de financement pour les entreprises et les ménages, et, enfin, le remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) qui a été prolongé en 2023. L’étude souligne également que les mises en demeure par l’Urssaf dans certaines régions ont été accélérées depuis septembre 2023.
2024 : une année de normalisation économique
Malgré le ralentissement de l’activité économique (+0.7% de prévu), l’analyse souligne que l’année 2024 bénéficiera d’un regain de consommation par le biais de la désinflation. De même que la baisse des taux de la BCE (Banque Centrale Européenne) sur les coûts de financement serait compensée par l’inertie des taux longs (échéance de 10 ans). En parallèle, le remboursement de la dette Covid-19 se poursuit, tout comme la normalisation du comportement de l’Urssaf vis-à-vis du recouvrement des impayés.
Toutefois, cette année sera marquée par trois événements. Premièrement, l’ampleur et les modalités du durcissement de la politique budgétaire sur 2024 et 2025, en partie conséquence de l’annonce récente du creusement du déficit public en 2023 (-5,5% après les -4,8% en 2022). Deuxièmement, les tensions géopolitiques pourront perturber les chaînes d’approvisionnement et influer sur les prix de l’énergie. Enfin, un aléa plutôt positif, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ce rendez-vous devrait générer des débouchés dans les secteurs les plus endettés par la crise du Covid-19 : tourisme, hôtellerie-restauration ou encore les services aux ménages.
Un niveau élevé maintenu jusqu’en 2025
BPCE L’Observatoire prévoit une hausse d’environ 10% des défaillances en 2024 (pour atteindre environ 62.000), selon Alain Tourdjman, directeur des études économiques de BPCE. Il mentionne également que les chiffres globaux et la typologie des entreprises changeront compte tenu du rebond de la consommation et du degré de rattrapage, déjà amorcé parmi les PME.
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