Travailleurs non-salariés : « Nous ne vivons avec rien »

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Les travailleurs non-salariés, souvent les responsables de structures qu’ils gèrent seuls, ne perçoivent aucune indemnisation pendant cette période de fermeture. Une situation critique, dénoncée par les professionnels du secteur.

Ils ne peuvent ni bénéficier du fonds de solidarité ni du chômage partiel. Pendant cette seconde période de fermeture administrative, aucune indemnité n’est prévue pour les travailleurs non-salariés (TNS), alors que le statut est très répandu dans le secteur des CHR. « Nous avons contracté des PGE, nous nous sommes endettés pour sauver nos établissements, mais nous, en tant que travailleur non-salarié, nous n’avons rien, lance Cyril Pays, responsable des établissements Le Bistrot de la Botte et du bar le Rambler à Lyon. Nous passons nos vies à investir, on crée de l’emploi et finalement on se retrouve à s’endormir stressé parce qu’on ne peut pas se payer. » Il est aussi membre du collectif Les essentiels, formé par des indépendants lyonnais et composé en majorité de TNS. « Nous avons le choix entre faire mourir notre société ou nous faire mourir nous, commente Julien Chazot, chef du restaurant L’Encart (Lyon 2), lui aussi membre du collectif. Nous ne comprenons pas pourquoi peu de chose a été réalisée pour les TNS, nous avons l’impression d’être mis de côté. » Il souligne la nécessité et l’urgence d’indemniser les travailleurs non-salariés, qui n’ont par ailleurs accès ni à une couverture sociale ni au droit au chômage, en cas de fermeture par exemple. « Quand les temps sont durs, la première chose que l’on coupe c’est son salaire en tant que gérant, c’est ce qui n’a pas de conséquences sur l’établissement, mais là avec ces mois de fermeture cela devient très compliqué », mentionne Cyril Pays.

Comment calculer l’indemnité ? 

« Il est faux de croire qu’un TNS a assez pour vivre sans avoir de salaire, il n’est pas normal de devoir taper dans les trésoreries des établissements, défend Julien Chazot. Les aides nous permettent actuellement de payer nos charges, nos loyers, mais pas de nous rémunérer, donc nous ne vivons avec rien. » En l’absence de fiches de paie, le collectif milite pour une indemnisation calculée sur la base du Smic ou à partir des rémunérations antérieures déclarées, en faisant ensuite un prorata sur 12 mois. « Par ailleurs, je rappelle, qu’une majorité d’entre nous ne touchait même pas un Smic par mois… donc comme pour les indépendants, il peut y avoir une indemnisation minimum », comment Cyril Pays. Pour Julien Chazot, il s’agit de mesures faciles à mettre en place, qui pourraient permettre de sauver un grand nombre de restaurateurs. « Cette absence de considération donne l’image que le patron est riche, qu’il ne perçoit pas d’indemnisation car il a de l’argent, mais c’est faux, nous ne faisons pas partie du CAC 40. Nous gagnons notre vie car nous travaillons, mais sans s’y atteler, c’est impossible », ajoute-t-il. 

Les restaurateurs tiennent en outre à rappeler qu’ils souhaitent avant tout se remettre au travail. « Notre mouvement c’est ‘Laissez-nous travailler’, nous préférerions ne pas avoir à demander de l’aide, nous savons nous débrouiller seuls, quand nous pouvons ouvrir », ajoute Cyril Pays. Il rappelle la gravité de la situation et les difficultés de nombreux gérants du CHR. « C’est une torture psychologique, quand on entend le ministre dire que l’on va être les derniers, c’est terrible, beaucoup d’entre nous sont dans des états psychologiques très durs, ils n’osent plus sortir, ils sont très anxieux, mentionne Cyril Pays. On se bat car plus vite nous pourrons ouvrir, plus vite nous pourrons sauver du monde. »

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