La framboise est toujours à la fête à Concèze
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Près de Concèze, la SCEA Jolibois parvient à maintenir une production importante de framboises en misant sur des produits de grande qualité, cueillis à bonne maturité.

Le 14 juillet prochain, le village de Concèze célébrera sa 28e Fête de la framboise. Ce sera l’occasion de régaler les participants avec une tarte (à la framboise) géante. Traditionnellement, cette région située à l’ouest de la Corrèze est spécialisée dans la production de ce fruit rouge. Il s’agissait autrefois de cultures saisonnières plein champ. Aujourd’hui, elles ont presque disparu, car, d’une part, la récolte demeurait saisonnière et, d’autre part, les plants étaient notamment sujets au phytophthora, un champignon qui ravageait la plante. Pour l’éradiquer, il fallait placer la parcelle au repos une quinzaine d’années. De fait, rapidement les champs de framboisiers se sont effacés du paysage local. Et la culture de la pomme du Limousin a souvent remplacé cette activité, trop ponctuelle et qui n’assurait qu’un complément de revenus.
Cependant, la framboise n’a pas disparu de cette région. Une poignée d’horticulteurs se sont lancés dans cette activité en créant des exploitations hors sol, où le fruit est cultivé sous des serres non chauffées. Gérard Boissièras est un des plus importants producteurs de cette région. Installé depuis 1983, à Juillac, près de Concèze, il a d’abord cultivé la tomate puis, en 1992, la framboise. Sur 8ha, couverts de serres, il récolte chaque année 80 à 100 tonnes de framboises, mais aussi 30 tonnes de myrtilles et une dizaine de tonnes de mûres. Ces deux dernières cultures sont réalisées en plein sol.
L’enjeu de la main-d’œuvre
Depuis 2018, Gérard Boissièras a entamé la transmission de son entreprise en s’associant à Martin Bouvier et en créant la SCEA Jolibois, du nom de sa marque commerciale. Il vend ses produits dans toute la France et jusqu’à Rungis, où Thomas Fabre figure parmi ses clients. La récolte commence à la fin mai pour s’achever à la fin novembre. Les pieds de framboisiers grandissent dans des pots d’écorce de pin des Landes. Un système d’arrosage et d’apport de minéraux est mis en place. Les serres couvrent les cultures afin de protéger le fruit des intempéries et de faciliter le ramassage en cas de pluie.


Mais cette culture implique beaucoup de main-d’œuvre. Les effectifs de l’entreprise varient de 10 permanents, l’été, à 85 personnes, au plus haut de la saison. Il faut une heure de main-d’œuvre pour cueillir 4 à 5kg de framboise, ce qui rend Jolibois difficilement concurrentiel avec certains produits provenant de l’Espagne, du Portugal ou du Maroc.
« Au mois de mai, indique Gérard Boissièras, il était difficile d’exister face à des produits venus du Maroc qui arrivaient à 3€/kg. C’est la raison pour laquelle nous nous positionnons sur des framboises de très haute qualité. » La SCEA Jolibois a retenu la Tulameen et la Vajolet, deux variétés qui sont très savoureuses mais moins résistantes. « Nous veillons aussi à ce que chaque fruit soit cueilli à un niveau de maturité suffisant, insiste l’horticulteur. Il nous faut une nuit pour arriver sur les principaux marchés, alors qu’une framboise cueillie à Agadir va mettre cinq jours. Cela conduit les producteurs marocains à utiliser des variétés plus résistantes, mais moins goûteuses. C’est ainsi que nous parvenons à faire la différence. » Ainsi, l’entreprise parvient à valoriser sa framboise à 12€/kg et à maintenir une activité génératrice d’emplois sur le bassin de Concèze.