L’artichaut du Roussillon en quête d’un nouveau souffle

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Obtenue en 2015, l’Indication géographique protégée (IGP) « artichaut du Roussillon » est à l’arrêt. La raison ? Les variétés rustiques de l’appellation n’attirent plus les producteurs. Seuls quelques passionnés résistent, bien décidés à faire bouger les lignes.

artichaut Roussillon
Artichaut du Roussillon. Crédit Chambre d'agriculture.

L’artichaut est depuis toujours un fleuron de la culture légumière en Roussillon. Au XIXe siècle, sa culture occupait déjà 1.500ha et représentait 60% de la valeur de la production maraîchère du territoire. « Notre région a deux atouts majeurs, qui sont la douceur du climat et la qualité des sols, souligne Fabien Corpetto, vice-président du syndicat professionnel démarche qualité artichaut du Roussillon. Nos artichauts sont les premiers à arriver sur le marché français, avant les Bretons et juste après la production espagnole, soit entre mi-février et mai. »

Naturellement, la filière veut mettre en lumière son terroir. En 2015, les démarches entamées une décennie plus tôt pour l’obtention d’une Indication géographique protégée (IGP) aboutissent. De fait, 60 producteurs s’engagent… mais la belle histoire fait long feu. Moins de dix ans plus tard, ils ne sont plus que quatre à adhérer au syndicat de défense et de promotion du label. Deux des variétés inscrites au cahier des charges ne sont quasiment plus cultivées, et seuls quelque 30ha répondent encore aux critères de l’appellation. L’IGP est finalement suspendue en 2023.

Artichaut du Roussillon
Artichaut du Roussillon. Crédit Chambre d'agriculture.
Fabien Corpetto
Fabien Corpetto, vice-président du syndicat professionnel démarche qualité artichaut du Roussillon. Crédit DR.

Relancer l’IGP

Que s’est-il passé ? Outre les problèmes de main-d’œuvre et de météo, l’explication est à chercher du côté de la technique de « l’œilletonnage », un procédé de semis traditionnel par repiquage, mais dont l’effet pervers est d’entraîner petit à petit l’appauvrissement génétique des variétés IGP. « Beaucoup de producteurs ont préféré se tourner vers des artichauts conventionnels, en motte prête à planter, plus chère… mais dont la reprise en terre était assurée. Le cahier des charges aurait dû évoluer et tenir compte de cette problématique, mais l’administration a mis trop de temps à réagir », déplore le vice-président. Les variétés typiques du Roussillon ont pourtant de belles qualités : si le Macau et le Salambo sont presque introuvables, le petit Violet de Provence se vend toujours, lié en bouquet de cinq, comme c’est l’usage. Ferme et charnu, le Calico est très apprécié pour sa forme régulière, tout comme le Pop vert, le plus répandu.

Relancer l’IGP, le syndicat veut y croire. « Il faut remettre le cahier des charges au goût du jour pour que tous les producteurs s’y retrouvent. Cela pourrait passer par l’intégration de nouvelles variétés, mais aussi par l’autorisation d’irriguer au goutte-à-goutte, évoque Fabien Corpetto. Tout reste à faire. Il est crucial que nous puissions continuer à nous démarquer. »

Mais en cuisine, comment se consomme cet artichaut ? Cuit à l’eau ou à la vapeur, grillé, farci ou en purée… Les façons de l’accommoder sont nombreuses. L’artichaut poivrade (récolte très jeune) peut même se consommer cru, à la croque au sel ou avec un filet d’huile d’olive. Une belle idée d’entrée fraîcheur pour célébrer l’arrivée du printemps.

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