Les rouges délicates de Dordogne

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Depuis 2004, les fraises du Périgord sont protégées par une IGP qui garantit leur spécificité et leur effet terroir. Sur ces sols acides, Mara des bois, Gariguette et Charlotte ont accueilli une nouvelle variété cette année : la Magnum.

Elles annoncent le printemps quand elles viennent fleurir les étals des maraîchers. Les fraises symbolisent la gourmandise et le lancement d’une saison synonyme de fraîcheur dans l’assiette. Produites aux quatre coins de la France, en Dordogne, elles sont protégées par une Indication géographique protégée sur la zone du Périgord depuis 2004. « La culture a débuté dans les années cinquante, sur nos petites exploitations en polyculture et des terres pauvres et acides. On vivait d’une tradition de la vannerie, élaborée à base de lames de pousses de châtaigniers, et quand l’emballage plastique a précipité son déclin, les arbres ont été arrachés et les précurseurs fraisiculteurs ont planté sur ces enclos défrichés. Et ça poussait plutôt bien », explique Roland Cabrillac, producteur et président de la Socave (Coopérative de fraises située à Vergt). Dans les années quatre-vingts, la fraise du Périgord connaît son apogée avec 20 000 tonnes produites, avant d’observer une chute de production avec l’arrivée de la concurrence espagnole et l’avénement des grandes et moyennes surfaces. « C’était une période compliquée. C’est à ce moment-là que nous avons fait valoir notre spécificité en Périgord, et ce fameux effet terroir ». Un effet terroir qui s’explique par ces fameux sols acides (entre 5 et 5,5 de PH) qui peuplent les parcelles vallonnées encadrées de forêts, mais aussi par le climat doux et tempéré de cette zone du sud-ouest.

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Les fraises du Périgord à maturité sur le pied. © Sylvain Dureux

La Magnum, à tester Un terroir, mais aussi des hommes, qui font perdurer cette tradition et ce savoir-faire hérité de génération en génération, et qui prennent soin de faire évoluer l’IGP avec son temps. « Le choix des variétés évolue toujours. Nous cultivons de la Gariguette, de la Charlotte et de la Mara des bois… Mais le marché de la fraise d’été a beaucoup progressé ces dernières années, alors il a fallu s’adapter », précise Roland Cabrillac. Ainsi, la Favori, sucrée et délicate, comme la Murano, plus conique, ont fait leur entrée dans l’IGP pour répondre à la demande des consommateurs et permettre une production jusqu’à novembre. Tout comme la Magnum, fraîchement autorisée à apparaître dans l’appellation, « solide, bien colorée, facile à cueillir et surtout très très bonne qui va faire du bruit dans les prochaines années ». Car la qualité et le goût restent les facteurs-clé pour les producteurs en IGP Fraise du Périgord. En tout, aujourd’hui, huit variétés sont cultivées par une centaine de producteurs pour un volume autour de 5 000 tonnes (le Périgord produit en tout 8 000 tonnes de fraises par an). Dans un contexte actuel inédit et préoccupant, à l’ouverture de la saison des fraises, les producteurs du Périgord espèrent limiter la casse. « Confinement oblige, la population a fait des
achats de première nécessité et les fraises n’en font pas partie. Nous souhaitons rassurer au maximum les consommateurs sur l’état sanitaire du fruit. Nos fruits sont vendus sous plastique et deux jours maximum après la cueillette, il n’existe pas de risque de contamination. Les grandes et moyennes surfaces ont joué le jeu (en privilégiant les produits français, NDLR), aux consommateurs de transformer l’essai désormais ». Et ainsi privilégier la saisonnalité et les
labels de qualité qui font vivre les agriculteurs du pays.

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Les Fraises du Périgord sur un étalage. © Sylvain Dureux

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