L’éco-conception s’invite à la table

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Le choix de son linge de table est un enjeu crucial pour les restaurateurs et hôteliers. Avec un engagement environnemental de plus en plus marqué et réclamé par la clientèle, l’art de la table se réinvente pour laisser place à l’éco-conception.

Linge de table Duni
Duni fabrique nappes et serviettes en papier issu de forêts gérées durablement. Crédit : Duni

Depuis quelques années, les problématiques environnementales ont gagné en importance dans notre société. Dans une étude, YouGov révèle que près de 73 % des consommateurs préfèrent acquérir des marques engagées dans la durabilité. Si bien qu’aucun professionnel ne peut ignorer cette préoccupation, notamment ceux du CHR. Ces derniers cherchent des solutions afin de réduire leur empreinte carbone. Et s’il existe un domaine où l’éco-responsabilité ne nous vient pas tout de suite à l’esprit, c’est bien celui du linge de table.

C’est la mission de Duni, entreprise suédoise. Elle fabrique des nappes (sets de table en papier classique, standard ou non tissé) et serviettes à usage unique (en ouate ou en non tissé) ainsi que des emballages alimentaires destinés aux hôteliers, restaurants et traiteurs. « Tous nos produits sont faits à partir de pâte à papier. La ouate est constituée de plusieurs couches de papiers gaufrés entre eux afin de tenir ensemble. La matière non-tissée est de la ouate plus épaisse, qui peut s’apparenter à du textile et donner une impression de coton », explique Karen Marini, directeur marketing marques chez Duni, pour l’Europe du Sud.

Qui plus est, la fibre de bois utilisée provient directement de forêts gérées durablement, toutes situées à proximité de l’usine. « On parle plus d’éco-conception que d’éco-responsabilité car nous considérons cette expression comme du greenwashing ». Ainsi, l’entreprise prône davantage le compostable que le recyclable. « Le sujet du développement durable a toujours occupé une place importante chez Duni », complète Alice Prado, responsable développement durable et partenariats pour l’Europe du Sud.

La question du prix

Toutes deux sont unanimes : les CHR manifestent un intérêt grandissant pour les produits éco-conçus. « Des brasseries aux grands établissements, ils s’intéressent tous à ce type d’article. » Et selon Karen Marini, « la prise de conscience est indéniable. J’irai même encore plus loin en parlant d’amélioration des connaissances. » Bien que l’engouement est croissant, il ne se traduit pas automatiquement par des ventes : « Pour certains professionnels, dans le contexte actuel, l’argument financier prime. Le passage à l’action n’est pas toujours faisable à cause de la barrière prix. Même si l’envie et la volonté sont là, les produits à faible impact sont souvent les plus chers », explique Alice Prado.

Attitude que l’on retrouve aussi auprès du grand public. Question : comment produire du linge de table dont la composition tend à devenir à 100 % éco-responsable ? Pour ce faire, Duni revoit fréquemment ses méthodes de fabrication. En ce moment, l’entreprise tend à éliminer tout élément d’origine fossile. « Auparavant, on utilisait un liant pour nos serviettes, à base de latex. L’objectif était d’améliorer la dégradabilité du produit, explique Karen Marini. Désormais, notre liant est composé d’écorces de citron et d’amidon de maïs. » Et Alice Prado de renchérir : « Concernant les nappes, nous avons remplacé le liant fossile par un élément composé d’amidon de pommes de terre. »

Du coton bio et équitable

Au lieu d’acquérir du linge de table durable, certains professionnels préfèrent le louer. C’est d’ailleurs la proposition d’Elis. L’entreprise offre la location et l’entretien de linge, dans un système circulaire. « Notre service prend en charge l’achat, le stockage, l’entretien et la livraison du linge mais aussi la réparation et la fin de vie des articles », décrit Florence Mabille du Chesne, directrice de communication du groupe. Depuis plus de 14 ans, Elis s’engage en effet dans une démarche responsable. « Dès 2009, nous sommes devenus partenaires de l’ONG Fairtrade – Max Havelaar et nous avons lancé ensuite nos premières collections de linge en coton biologique issu du commerce équitable », poursuit-elle.
Selon la directrice de communication, l’adoption de moyens alternatifs et respectueux de l’environnement passe aussi, voire surtout, par la sensibilisation auprès des clients : « La demande ne peut que croître à condition qu’en tant qu’acteur de l’économie circulaire, nous les accompagnons vers ces solutions plus durables. Il faut être proactif dans l’écoconception des produits et savoir valoriser les avantages de cette démarche. » Autrement dit, faire savoir son savoir-faire, selon cette célèbre formule intemporelle.

En ce qui concerne cette fois l’entretien, l’entreprise accorde ainsi une attention particulière à leur utilisation de matières naturelles. Autre argument permettant à Elis de s’investir pleinement dans la RSE : le groupe se trouve systématiquement à moins de 50 km de ses clients partout dans l’Hexagone. « Nous menons une stratégie de transition de notre flotte de véhicules. Sur la région parisienne nous sommes un des premiers pour la livraison en poids-lourds électriques. »

La société prend également en compte les préoccupations et questions des CHR en ce qui concerne l’impact environnemental des produits : « Nos clients nous posent souvent la question suivante : qu’est-ce-qui est préférable, du linge jetable ou lavable ? Ou encore, ils se renseignent sur la fin de vie et le recyclage des produits. » En effet, Elis gère le cycle de vie du produit de sa conception, en passant par son entretien jusqu’au stade où on ne peut plus l’utiliser. « On parvient à recycler 77 % de notre textile et jusqu’à 93 % sur le linge plat. Par exemple, on les recycle en nouvelle fibre pour faire de la garniture de coussin, des torchons, etc. » L’économie circulaire du linge n’est plus un vain mot…

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