L’hébergement, une valeur sûre

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L’hôtellerie française a traversé une année 2023 très favorable, avec une augmentation de recettes à deux chiffres, selon le cabinet de conseil In Extenso TCH. Mais à l’aune de l’inflation, cette performance doit être relativisée. L’année 2024 s’annonce plutôt bonne, même s’il ne faut pas attendre de miracle des JOP sur les chiffres de l’hébergement.

Hébergement
Hôtel La Fantaisie du groupe Leitmotiv. Crédit DR.

L’année passée a été plutôt favorable pour l’hôtellerie française, selon le bilan du baromètre traditionnellement établi en partenariat par In Extenso TCH (Tourisme, Culture & Hôtellerie) et Deloitte. Avec un léger bond de 3% du taux d’occupation (TO) moyen par rapport à 2022, les hébergements hôteliers de l’Hexagone ont conforté leur attractivité. Mais surtout leur chiffre d’affaires, c’est-à-dire le revenu moyen par chambre disponible (RevPAR), qui a augmenté de 10% grâce à une croissance du prix moyen de 7%. Ces bonnes performances doivent toutefois être tempérées en considération du contexte inflationniste aigu de l’année 2023, comme le souligne Olivier Petit, associé chez In Extenso TCH : « Dans cette situation, les hôtels ont eu la capacité de défendre leurs marges, mais il ne s’agit aucunement de création de surmarges. »

Des taux d’occupation toujours en retrait

Les résultats financiers du secteur, apparemment satisfaisants, sont à relativiser. Si le CA de l’hôtellerie a désormais dépassé le niveau de 2019 (avant la crise sanitaire), la fréquentation n’a pas encore retrouvé son étiage de l’époque. « Les TO sont toujours en léger décalage par rapport aux résultats de 2019, observe Olivier Petit. Cela représente une perte de 4 points pour l’Europe. Il y a toujours un déficit du côté de la clientèle d’affaires individuelle. Nous notons certes une reprise, mais elle est freinée par l’essor du digital, la tension économique et la vigilance sur les coûts qu’elle génère. De plus, la clientèle asiatique a entamé un parcours de reprise qui n’est pas encore revenu à son plein régime. »

C’est la catégorie haut de gamme et luxe qui a été la mieux lotie, en 2023, avec un RevPAR en hausse de 12% et surtout, une hausse de TO de 5%. Paradoxalement, à l’autre bout de l’offre, l’hôtellerie super économique voit son TO progresser de seulement 1%. Alors que son RevPAR bondit de 10% grâce à la revalorisation des prix moyens.

Évolution des performances hôtelières françaises 2023 vs 2022

+3%

Taux d'occupation

+7%

Prix moyen

+10%

Chiffres d'affaires hébergement (RevPAR)

« Le parc super économique a perdu 20% de sa capacité en dix ans, détaille Olivier Petit. Une partie de ces établissements a basculé dans de l’hébergement social. Ceux qui ont résisté sont implantés dans des zones économiques dynamiques qui leur permettent de développer le prix moyen. Enfi n, il faut rappeler qu’en 2022, la catégorie super économique avait déjà beaucoup progressé en termes de TO. A contrario, cette année-là, le secteur haut de gamme avait forcément augmenté ses prix. En 2023, les majorations ont été beaucoup plus modérées ; ce qui explique une meilleure attractivité. »

L’entrée de gamme et le très haut de gamme se distinguent dans la durée. Comme le démontre l’étude sur 10 ans d’In Extenso TCH, ces deux segments du marché hôtelier voient leurs chiffres d’affaires progresser de manière plus dynamique que les catégories économiques et milieu de gamme.

Les métropoles à la fête

Les hébergements des grandes métropoles françaises ont particulièrement été à la fête l’année dernière. Elles ont pour la plupart enregistré des croissances à deux chiffres. Lyon réalise le meilleur score avec un RevPAR moyen en hausse de 21%. Paris et Toulouse se distinguent à +17%. Seules Rennes et Montpellier restent un peu à la traîne avec des hausses respectives de 9% et 5%. L’hôtellerie parisienne confirme ainsi sa réputation de valeur sûre, en affichant un taux de progression de RevPar moyen se situant 6 points au-dessus de la Côte d’Azur et 9 points au-dessus de la province.

Bar de l'hôtel La Fantaisie (Paris 9e). Crédit DR.
Bar de l'hôtel La Fantaisie (Paris 9e). Crédit DR.
Chambre de l'hôtel La Fantaisie (Paris 9e)
Chambre de l'hôtel La Fantaisie (Paris 9e). Crédit DR.

Il n’y a plus, à proprement parler, de saison creuse à Paris. En juillet-août, les hôtels de la capitale affichaient un TO de 78%. C’est juste 2 points en dessous du TO moyen enregistré par les hôtels du littoral. La clientèle de loisir s’affirme comme le moteur de la fréquentation. Elle dope l’attractivité des destinations touristiques, grandes villes comprises. Le développement du télétravail a un effet positif sur cette tendance. Les observations de l’activité durant les vacances de printemps et les ponts de mai témoignent d’un sursaut général des chiffres d’affaires. Le littoral nord, le plus proche de l’Île-de-France, gagne 9 points de CA pendant cette période.

C’est moins bien que la Côte d’Azur (+17%) mais c’est mieux que le reste du littoral méditerranéen qui stagne lors de cette période. Dans ce contexte, la météorologie fait, bien sûr, figure de paramètre impondérable, capable de rebattre les cartes. C’était particulièrement significatif l’été dernier, où le temps plutôt pluvieux et orageux au nord et à l’ouest de la France a pénalisé les CA des hébergements hôteliers, plutôt orientés à la baisse en juillet-août. La Méditerranée, mieux lotie, tire son épingle du jeu durant cette période estivale, enregistrant des progressions à l’exception notable de Marseille où le chiffre d’affaires moyen plonge de 6%.

Bonnes perspectives pour 2024

Comme il est de coutume, après cette présentation, In Extenso TCH livre ses prévisions sur l’activité hôtelière en 2024. Le cabinet pronostique ainsi une évolution des RevPAR de 5 points à Paris, de 3,7 points en province et de 3,5 points sur la Côte d’Azur. Ces chiffres sont plutôt de bon augure. Il faut en effet savoir qu’au début de 2023, les prévisions d’In Extenso TCH ont été largement sous-évaluées. Dans la réalité, les performances ont plus que doublé. Ainsi, à Paris, où le cabinet prédisait un RevPAR en hausse de 7%, les hôteliers ont fini l’année à +17%. « Notre rôle n’est pas de faire rêver, nous devons rester raisonnablement optimistes », se justifie Olivier Petit.

L’année 2024 pourrait donc réserver de bonnes surprises pour les hébergements, mais avec deux incertitudes : l’effet des JOP et l’inflation. Contrairement à ce que prétendent certains, il ne faut pas forcément attendre de miracle de cette année olympique. Quant à l’inflation, Olivier Petit estime que « nous observons un atterrissage des prix moyens, nous nous orientons vers une inflation maîtrisée ».

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