Les nouvelles technologies de la désinfection
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Dans la lutte sans merci que les CHR mènent contre la Covid-19, une porte de secours pourrait bien apparaître au travers de systèmes innovants, habituellement utilisés dans l’industrie ou les hôpitaux, permettant d’épurer l’air et d’assainir les surfaces.
L’installation de protection anti-Covid mise en place par Alain Ducasse chez Allard, pour filtrer l’air ambiant et amener un souffle sain à chaque tablée du restaurant, a été saluée par la clientèle qui l’a trouvée rassurante. « À mon sens, certaines catégories de touristes auront besoin d’un gage de sécurité pour revenir dans les restaurants, notamment des étrangers, estime Benoît Gillmann, PDG de Bio-UV, dont l’entreprise a développé plusieurs appareils de désinfection (lire en encadré) . À l’avenir, certains domaines, et notamment l’hôtellerie-restauration, devront adopter des protocoles plus poussés en matière d’hygiène et de désinfection. » Il faudra peut-être désormais penser aussi à épurer l’air « Le choix d’un épurateur d’air dépend beaucoup de l’utilisation que l’on souhaite en faire », note Jean-Christophe Champion, expert de la qualité de l’air chez BioCleanair Assethos.
Parmi les moyens déployés, la filtration, souvent utilisée au sein des blocs opératoires, présenterait toutefois des failles, selon Jean-Christophe Campion. « La filtration a l’avantage de pouvoir choisir quelles tailles de microparticules doivent être stoppées par les filtres. Mais cela reste de la captation, on ne tue pas les virus. Les filtres s’encrassent et lors-qu’il faudra les changer, il n’est pas impossible que ceux-ci se dispersent à nouveau. » Les dispositifs de décontamination par ionisation présentent également le défaut de ne pas éliminer les virus, mais de les disperser loin de la zone traitée. La plus belle promesse viendrait donc des systèmes à UV qui permettraient de venir à bout des micro-organismes indésirables avec des taux d’efficacité importants.
Traitements UV : lumière sur leur fonctionnement
Les ultraviolets ont la capacité de détériorer des composés organiques dans l’air et sur les surfaces sans dépôt d’aucune sorte, ce qui permet de les utiliser dans des endroits aussi variés qu’une cuisine, une chambre d’hôtel ou une salle de restaurant. Le principe de dégradation des molécules est le même que lors-qu’on attrape un coup de soleil. En matière d’assainissement de l’air et des surfaces, les UV-C sont les plus utilisés car leur puissance est sans égale pour détruire les bactéries, virus, moisissures et autres champignons.
La plupart des dispositifs professionnels sur le marché permettent d’éradiquer toutes traces de virus ou de bactéries en quelques minutes. Le hic, c’est qu’au contact de la matière organique qu’ils détruisent, les UV-C génèrent de l’ozone, incompatible avec la présence humaine. Les industriels ont donc développé des parades (voir les encadrés) pour permettre l’usage de cette technologie prometteuse et globalement plus respectueuse de l’environnement que les gaz assainissants issus de la chimie. « La crise de la Covid va marquer durablement notre recherche d’une atmosphère plus saine, estime Philippe Mongreville, président d’UV flash services. Les technologies de désinfection ont de l’avenir, tout simplement parce qu’il y aura toujours matière à lutter contre des micro-organismes pathogènes. » Une entreprise bordelaise a également mis au point un boîtier à UV-A permettant l’épuration de l’air en continu. Ce R Clean 200, commercialisé en exclusivité par Assethos, déploie une technologie de pointe sans rejets (lire en encadré) . Dans tous les cas, il est bon de noter que l’utilisation de matériel UV demande quelques précautions d’usage, que les fournisseurs ne manquent pas de dispenser.
Protéger les surfaces : des revêtements qui tuent
Depuis quelques mois, la plateforme materio.com, qui référence des matériaux aux propriétés singulières, a vu la demande bondir pour des revêtements bio-traités, notamment contre les virus et les bactéries. « Nous n’avons pas vocation à conseiller tel ou tel matériau, rappelle Quentin Hirsinger, fondateur de la plateforme. Notre valeur ajoutée, c’est de sourcer des produits qui présentent un atout particulier, qui peut être exploité dans différents contextes. » La décontamination et l’assainissement des surfaces par d’autres procédés que le nettoyage répété est l’un des enjeux de la sécurité sanitaire. Une TPE de l’Hérault, Metalskin Technologies, utilise pour sa part les propriétés antiseptiques du cuivre dans une peinture.
« Des scientifiques ont très récemment évalué la mortalité de Covid-19 sur certaines surfaces, dont le cuivre qui est le principe actif de MetalSkin Medical®. Leur étude montre que sur une surface en cuivre que le virus est éliminé en moins de 4 h contre 1 à 2 jours sur l’inox », a réagi l’entreprise. Après une longue phase expérimentale, elle souhaite désormais favoriser l’intégration de ce revêtement bactéricide dans le processus de fabrication des industriels. Seul bémol, le coût important du cuivre empêche pour le moment le déploiement massif de cette technologie.
En matière d’assainissement de surface, le film en PVC Pure Zone® de Hexis, spécialiste dans la fabrication de films de protection, utilise cette fois les propriétés des ions d’argent, sous forme de micro-capsules. « Elles s’activent au contact de l’humidité ambiante ou de la peau et s’ouvrent pour diffuser les ions d’argent, ce qui évite la prolifération des virus, explique Marina Guelaia, chargée du développement commercial chez Hexis. Le film est actif 24 h/24 et 7 j/7 et ce pendant 365 lavages. Si le support est maintenu en bon état, il est très facile de le remplacer ensuite. » Une évaluation récente en laboratoire a permis de démontrer que la présence des coronavirus diminuait de 99,9 % après une heure. Mais dans ce cas comme dans celui des UV, il ne faut surtout pas imaginer s’affranchir du traditionnel nettoyage. La saleté, elle, ne craint ni le cuivre ni les UV.
Integralis : design et technologie pour un air sain
Pensée par l’entreprise Artemide, spécialiste italien du luminaire, cette technologie brevetée mêle la lumière blanche et des UV-C dans des luminaires élégants pour assainir une pièce tout en l’éclairant de manière traditionnelle. « À basse émission, cette combinaison est inoffensive pour l’homme », explique Alain Taillandier. directeur France de l’entreprise; Artemide a développé une application permettant de piloter et de programmer jusqu’à 500 points lumineux, chacun doté d’une adresse IP, en fonction de l’occupation ou des besoins de désinfection. Le système peut également être connecté à la domotique d’un hôtel par exemple, pour que les fonctionnalités lumineuses ou de désinfection suivent la vie des chambres.
R Clean 200 : désinfection en douceur
C’est en combinant l’effet des UV-A, l’oxygène ambiant et des photo-catalyseurs que Le fabricant réussit ‘a provoquer la formation de molécules qui attaquent les substances organiques nocives qui se décomposent ensuite dans l’air. La réaction rejette uniquement de l’hydrogène et du CO2, inoffensifs pour l’humain, ce qui permet de laisser le boîtier branché tout en vacant à ses activités. « Le principe est le même que celui d’un rayon de soleil qui viendrait progressivement ternir une photo, il est simplement amplifié par notre technologie », précise Jean-Christophe Champion, dirigeant d’Assethos, distributeur exclusif du dispositif en France. Le boîtier de 13 Watts permet de traiter 40 m3 d’air par heure, en toute discrétion (20 db). Durée de vie d’une lampe : 30 000 h. 549 € HT.
Bio-scan : le couteau suisse de la désinfection
Spécialiste du traitement de l’eau par UV, Bio-UV group a adapté sa technologie d’assainissement aux UV-C- dans un dispositif permettant de traiter des surfaces plus ou moins larges, avec un taux d‘efficacité de 99,99 % validé par une norme Afnor. Une gamme de plusieurs appareils, fabriqués en France, permet de désinfecter de petits objets en les plaçants 30 secondes dans une boite (Bio-Scan cube), de traiter une zone précise grâce à un appareil manuel autonome (modèles Light et Mobile) ou d’élargir l’intervention à l’ensemble d’une pièce, jusqu’à 100 m2 en 15 min (modèle 3D). Durée de Vie d‘une lampe : un an en moyenne, 100 € à 150 € pour la remplacer. Coûts : Bio-Scan cube : 850 € ; Mobile (avec chariot): 2 000 € ; Light : 1 000 €.
UV Flash Service : l’artillerie lourde
Le robot baptisé LightStrike Germ-Zappjng est développé aux États-Unis, mais commercialisé en France par UV flash services. Il répond aux besoins de désinfection des espaces entre deux publics. « Le robot permet une remise à zéro bactériologique totale dans le lieu traité, explique Philippe Mongreville, président de l’entreprise. C’est notamment très intéressant pour assainir les chambres d’hôtels entre deux locations. » Particularité du système, il traite par des flashs d’UV-C (67 par seconde) offrant ainsi une puissance globalement plus importante que les autres produits du marché. L’ozone inévitablement généré est filtré par la machine. Un robot peut traiter jusqu’à 3 000 m2 par jour. Prix : 150 000 € à l’achat. Des offres de leasing (4 500 € par mois) et à la prestation (à partir de 250 €) sont proposées.