JOP 24 1er bilan – UMIH Paris-IDF : « Une bouffée d’oxygène salutaire »

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Pour le président exécutif UMIH Paris-IDF, les acteurs du CHR ont souffert. Mais l’heure est désormais de capitaliser sur les images positives de la capitale envoyées au monde entier. Et la fin d’année s’annonce prometteuse avec la réouverture de Notre-Dame-de-Paris. Sauf coup de théâtre.

Franck Delvau, président exécutif UMIH Paris-IDF ©Frédéric Leroi

Une question toute simple : quelles leçons tirez-vous de cette période ?  

Cinq grandes phases sont à distinguer : du 1er au 18 et du 19 au 25 juillet, puis du 26 au 11 août. Ensuite, un temps d’arrêt et la reprise des Paralympiques. Dès le départ, nous avons tout de suite compris que la période précédant l’ouverture des Jeux allait être très compliquée. Plusieurs facteurs se sont cumulés. Circulation compliquée, télétravail en forte hausse. L’Etat a eu la bonne idée d’inciter les Franciliens à ne pas se déplacer… Du reste, Paris a obtenu une médaille d’or du travail à la maison ! De plus, le Stade de France était en travaux et le tourisme d’affaires était en berne. Et les Franciliens ne se sont pas approprié les QR Code pour se déplacer; cela leur rappelait trop l’époque du Covid. Entre le 18 et le 26 juillet, un grand nombre de nos adhérents ont connu un fort repli de leur chiffres d’affaires, de l’ordre de 80 %.

Quelles remontées avez-vous de vos adhérents ? Plutôt mauvaises… 

Durant la période des Jeux Olympiques, l’hôtellerie au global a su tirer son épingle du jeu. Par exemple, le haut de gamme a affiché des taux d’occupation de l’ordre de 85 %. En revanche, il n’en n’a pas été de même dans la restauration. Les restaurants, les bars et les brasseries ont enregistré une baisse d’activité de 35 % en moyenne. La clientèle alors présente dans les rues de Paris s’intéressait uniquement aux épreuves. Les taxis ont enregistré une baisse de leur activité de 40 %. Autrement dit, là où les sites olympiques étaient installés, nos adhérents sont plutôt satisfaits. Mais en dehors… Le centre de Paris demeurait vide. Le recul de l’activité a été de 30 % uniquement pour les restaurants.

La clientèle alors présente dans les rues de Paris s'intéressait uniquement aux épreuves

Et entre les deux Jeux Olympiques ?

Les touristes n’étaient toujours pas là ! Vous pouviez réserver très aisément une chambre d’hôtel le 13 août. Néanmoins, une reprise de l’activité a eu lieu lors des Paralympiques. L’hôtellerie a alors enregistré un taux d’occupation de 65 %. Quant à la restauration, elle est demeurée dans le rouge. Cela dit, 76 % des spectateurs étaient des Franciliens, lesquels n’avaient pas l’envie de se rendre dans un restaurant une fois les épreuves terminées. Parallèlement, le télétravail était toujours très répandu. Cela dit, nous n’avons jamais fait de bashing JOP en amont. Dès 2023, nous avions prévenu les autorités que tout se passerait comme à Londres en 2012. A savoir que durant les épreuves la vie économique serait quasiment à l’arrêt pour ensuite connaître un fort rebond. Il en ira de même pour Paris et les années 2025 et 2026 s’annoncent prometteuses. Car n’oublions pas que Paris était déjà la capitale touristique mondiale avant les Jeux. Je me souviens que les instances dirigeantes prétendaient que les JOP n’étoufferaient pas le commerce ; ils ne nous croyaient pas. Finalement, ils ont mis en place une commission d’indemnisation.

La commission sera présidée par Madame Dominique Laurent, conseillère d'Etat et ancienne présidente de l'Autorité française de lutte contre le dopage

Justement,  où en sommes-nous de cette fameuse et désormais célèbre commission ? 

Il faudra attendre la fin de l’année afin qu’elle puisse comparer les exercices 2024 par rapport à ceux de 2023. Ou du second semestre de cette année par rapport à celui de 2023 pour les entreprises en exercice décalé. Néanmoins, tout le monde a bien compris que la période du quoi qu’il en coûte est bien achevée. Pour autant, le taux de défaillances des entreprises en Ile-de-France est demeurée important*. La commission sera présidée par Madame Dominique Laurent, conseillère d’Etat et ancienne présidente de l’Autorité française de lutte contre le dopage. Elle aura donc pour tâche d’indemniser les acteurs du CHR avec des fonds provenant à la fois du ministère des transports et de celui de l’Intérieur. Quoi qu’il en soit, je déconseille fortement d’envoyer dès maintenant son dossier. Il est beaucoup trop tôt et il risquerait de se perdre dans les méandres de l’Administration.

Ces indemnisations ne sont pas prêtes d’arriver. On parle de fin 2025

Nous tablons sur des remboursements à la mi-2025. Et nous nous battrons pour cela !

Et pour l’après JOP, avez-vous des craintes ? 

A la fois, je suis inquiet de la mise en place de la limitation de vitesse à 50 km sur le périphérique parisien. Voire la suppression d’une voie de circulation. Il ne faut pas oublier que nos employés n’habitent pas Paris et sont obligés de se déplacer en voiture. D’autant plus que nos horaires sont décalés par nature et qu’à partir d’une certaine heure les transports en commun sont fermés. Restreindre leur déplacement leur complique encore un peu plus la vie, et la nôtre. Nos métiers sont atypiques. J’espère également que le nouveau Gouvernement n’aura pas la tentation d’augmenter notre TVA et qu’il ne reviendra pas sur la fin de l’utilisation des tickets restaurant dans les magasins alimentaires prévue pour fin 2024. Les images de ces JOP nous ont procuré une bouffée d’oxygène salutaire. Nous devons tous ensemble capitaliser dessus. Nous sommes prêts à recevoir de nouveau les touristes, que ce soient des particuliers ou des hommes d’affaires, et la fin d’année s’annonce prometteuse avec la réouverture de Notre-Dame-de-Paris.

*Le nombre de défaillances d’entreprises dans la région IDF est supérieur à ses niveaux d’avant la pandémie de Covid-19 : 12 246 sur l’ensemble de 2023, soit + 7,9 % par rapport à 2019 et + 1,9 % par rapport à 2018.

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