Policiers et magistrats au restaurant : « Si c’est avéré, c’est un scandale ! »

  • Temps de lecture : 3 min

Dans une enquête parue le 23 janvier, le Parisien fait état de restaurants recevant de la clientèle à table avec la complicité des forces de l’ordre ou de magistrats. Pour Alain Fontaine, président de l’association française des maîtres restaurateurs, si les faits sont avérés, cela pourrait mener l’ensemble de la profession à se rebeller contre les règles sanitaires en vigueur.

Alain Fontaine, président de l'association française des maîtres restaurateurs.
Alain Fontaine, président de l'association française des maîtres restaurateurs. Crédit : La Revue des Comptoirs.

« Une magistrate du parquet vient de réserver une table à la dernière minute. Elle arrivera quelques instants plus tard à la table juste derrière nous, avec une collègue… » Le 23 janvier, Le Parisien révèle dans son enquête comment certains restaurants passent outre l’interdiction, parfois avec la complicité des forces de l’ordre ou de magistrats, qui seraient, dans certains quartiers de la capitale, leurs premiers clients. 

« J’en avais entendu parler, mais je pensais qu’il s’agissait de simples rumeurs », témoigne Alain Fontaine, président de l’Association française des maîtres restaurateurs, et chef du Mesturet à Paris.

Pour le chef, il y a deux cas de prohibition. « Tout d’abord, il y a les restaurateurs qui ouvrent leurs cuisines à un groupe d’amis proches, de parents, voire de fournisseurs. C’est fait dans le respect des gestes barrières, il n’y a pas de clientèle extérieure… C’est quelque chose de sain finalement puisque ça aide à penser à autre chose et à se changer les idées dans cette période très compliquée pour nous. »

Et puis il y a ceux qui travaillent dans l’illégalité. Pour Alain Fontaine, c’est « inacceptable », et cela remettrait en question le travail des représentants, syndicats, et restaurateurs respectant les règles. « Nous bénéficions aujourd’hui de nombreuses aides, il faut être honnête. J’ai demandé récemment une augmentation du fonds de solidarité à 25 % du CA pour les zones sinistrées par la crise qui n’ont pas eu de rebond d’activité à l’été 2020 (Paris, Lyon, Bordeaux…). Comment voulez-vous que les pouvoirs publics nous entendent si nous défions les lois ? », s’emporte-t-il. 

Il tempère malgré tout : « Je ne peux pas en vouloir à mes confrères. Il y en a pour qui c’est une question de survie. Mais il faut comprendre que cela dessert la cause et l’ensemble du secteur »

Fais ce que je dis, pas ce que je fais

« L’administration française ne peut pas être au dessus des lois, martèle le chef du Mesturet, alors que nous souffrons terriblement de la fermeture de nos établissements. Si des membres de cette administration, qu’ils soient policiers ou encore magistrats, s’autorisent à faire cela, c’est très grave. Cela pourrait finir par provoquer chez certains d’entre nous une volonté de désobéissance et une grande colère. C’est souvent fais ce que je dis, pas ce que je fais. Le désarroi des restaurateurs est tellement grand qu’il ne serait pas bon que ce soit avéré et constaté. »

« Ce serait bien que l’État contrôle les lieux de circulation de l’épidémie et prenne des mesures plus fortes pour que nous puissions enfin rouvrir un jour »

Alain Fontaine, chef du Mesturet et président de l’AFMR

Lassé que les restaurants soient considérés comme les premiers lieux de circulation du virus, Alain Fontaine pointe du doigt les grandes surfaces et transports publics : « Il serait temps que l’État prennent des mesures. Nous avons bien vu que la fermeture des restaurants n’a pas freiné la propagation de la Covid. Si nous voulons rouvrir, il faut des mesures fortes dans les lieux où elle circule pour de vrai ! ».

À lire aussi : factchecking : Y a t-il plus de contaminations au restaurant ? 

PARTAGER