Rendue célèbre pour son eau naturellement gazéifiée, Saint-Géron bénéficie désormais dans son périmètre d’un captage d’eau minérale plate, qui vient renforcer sa stratégie commerciale basée sur la restauration.

L’Auvergne compte une nouvelle eau minérale, la version plate de la Saint-Géron. Il ne s’agit pas d’une version dégazéifiée de cette marque. La nouvelle venue dispose d’une source spécifique, captée à 2 km de l’usine d’embouteillage et acheminée jusqu’à ce point par un aqueduc. L’eau puisée dans la source du Bosquet est naturellement plate et sa composition minérale diffère de celle de l’eau naturellement gazeuse, captée à la source dite gallo-romaine. Jean Robert, qui préside la structure, a identifié ce forage particulier en 2021 lors d’une phase de recherche.
Après avoir procédé à des analyses, il a fallu deux ans pour que l’Agence régionale de santé (ARS) accepte de caractériser cette nouvelle eau. Elle a vérifié que la composition minérale du produit restait constante dans le temps. Ces examens ont également permis d’attester que cette eau correspondait aux normes d’hygiène. « Grâce à notre environnement spécifique, elle est garantie sans nitrate et sans pesticides », se réjouit Jean Robert. Cette eau est classée moyennement minérale avec 945 mg de minéraux par litre. « Elle contient par exemple peu de sulfate, un minéral très prégnant qui donne un goût à l’eau, et en outre sa composition minérale est très équilibrée, sans élément dominant », précise Jean Robert.
C’est un atout très apprécié sur le marché de la restauration où on privilégie des eaux aux goûts assez neutres, qui ne perturbent pas la dégustation des plats. Après l’aval de l’ARS survenu en fin d’année 2024, un arrêté préfectoral (publié en janvier dernier) autorise la commercialisation de la Saint-Géron plate. Elle n’a pour point commun avec sa version gazeuse que le nom et le flacon, l’iconique bouteille dessinée en 2006 à l’occasion de la relance de la source par le sculpteur Alberto Bali. Pour le reste, les mentions et les couleurs d’étiquette diffèrent, ainsi que les bouchons.
Une eau préservée
L’émergence de cette eau plate représente un alignement des planètes pour Saint-Géron, alors qu’un bon nombre de marques concurrentes doivent faire face à des remises en cause. Jean Robert aime rappeler que ses eaux sont sans nitrate et que sa version originelle est naturellement gazeuse. Elle partage cette particularité unique avec Vichy-Saint-Yorre et Vichy-Célestin. Cette qualité résulte du volcanisme inhérent au Massif central. Rappelons que Châteldon pouvait se targuer de ce caractère naturel. Mais, il y a quelques années, elle a été contrainte de compléter cette gazéification naturelle par adjonction de gaz carbonique et le mentionne sur l’étiquette.
Ce détail n’est pas anodin lorsqu’on sait qu’une eau naturellement gazéifiée présente un pH neutre, alors que celles qui le sont artificiellement, offrent un profil plus acide. Cette arrivée d’une nouvelle eau minérale plate vient ensuite conforter la position commerciale de Saint-Géron, qui distribue plus de 90 % de ses bouteilles vers la restauration, tout en bénéficiant d’une part d’export de 50 %. Par ailleurs, beaucoup de restaurants aiment travailler avec une seule marque pour les deux versions. Chaque année, deux millions de bouteilles sont produites dans le village de Haute-Loire et les effectifs de Saint-Géron (six personnes) ne vont pas augmenter. « L’usine d’embouteillage est tellement automatisée que trois personnes suffisent à la faire fonctionner, ils pourront absorber les nouveaux volumes », assure Jean Robert.
Ce nouvel épisode augure d’un avenir radieux pour cette petite eau auvergnate lancée en 1884, mais fermée en 1976. Il a fallu la volonté d’un groupe d’investisseurs pour relancer le site en 2006. Le renfort, en 2010, de nouveaux actionnaires et les qualités de gestionnaire de Jean Robert ont finalement permis à cette marque de s’inscrire durablement sur les tables françaises.