Cognac : eau-de-vie et tourisme luxueux

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Traversé par la Charente, Cognac résonne par son patrimoine historique et son eau-de-vie éponyme. Implantée au cœur d’un vignoble divisé en six crus, la ville comme son département sont portés économiquement par l’activité viti-vinicole. Cognac offre également quelques établissements hôteliers de prestige, destinés à une clientèle confidentielle.

Cognac
Illustration de Cognac. Crédit Ville de Cognac.

La sous-préfecture de Charente est incontestablement liée à la production de son célèbre vin distillé : le cognac. Mais cette ville médiévale, lieu de naissance du roi François Ier, se révèle aussi par sa douceur de vivre et une offre hôtelière de standing supérieur. Française puis anglaise durant la guerre de Cent Ans, elle redevient définitivement française à partir du XVe siècle. Elle prospère d’abord grâce au commerce du vin et du sel, ensuite grâce au commerce des eaux-de-vie au XVIIe siècle, avant que les premiers comptoirs de négoce (du cognac) s’installent le siècle suivant.

« Début XIXe, Cognac compte moins de 3.000 habitants. La superficie de Cognac va être décuplée, les remparts sont abattus et en quelques décennies la population cognaçaise passe à 18.000 habitants. Cognac est la ville à la plus grande croissance démographique de France », rappelle l’office de tourisme Destination Cognac. Mais depuis, selon le dernier recensement publié par l’INSEE (2021), la ville charentaise n’a presque pas évolué en matière de population. Elle dénombre aujourd’hui 18.448 habitants.

Cognac Maison de la Lieutenance
La maison de la Lieutenance fut l’axe principal de la cité du Moyen Âge jusqu’au milieu du XIXe siècle. Crédit Destination Cognac.
Place François 1er Cognac
La place François Ier symbolise l’impact historique de ce roi sur la ville qui l’a vu naître. Crédit Destination Cognac.

Son département, la Charente, souffre quelque peu du dynamisme que connaît son voisin de Charente-Maritime. « La structure de l’hôtellerie-restauration est un enfant pauvre en Charente. On a une connexion géographique entre la Charente et la Charente-Maritime, mais nous sommes différents. La Charente-Maritime a un attrait considérable, alors que la Charente – qui a un attrait gastronomique – a un moindre attrait touristique. Tout le monde connaît le cognac mais personne ne sait placer Cognac sur une carte. Ce défaut de notoriété fait qu’il a du travail à faire », estime Guillaume Jacques, président de l’Umih Charente et Charente-Maritime.

« Mais il y a Cognac et le reste de la Charente, ajoute le représentant local de l’organisation professionnelle. On a la chance d’avoir de très beaux établissements adossés à des producteurs de cognac, mais le tourisme de masse n’existe pas. Cognac tire son épingle du jeu grâce à la bulle de production de cognac et au tourisme luxueux qui est affilié à cette production : une offre touristique haut de gamme. On va avoir très peu de gammes qui font du gros volume, comme les brasseries. On a soit du bistrot, soit du gastronomique. » À la tête du bar de nuit La Scie rose, à la Rochelle, et de la brasserie La Trattoria, à Saint-Martin-de-Ré (tous deux en Charente-Maritime), Guillaume Jacques confie que 85% des adhérents de l’Umih implantés dans les deux départements qu’il préside, sont installés en Charente-Maritime.

Le Cognac, un moteur d’activité

La production de boissons alcooliques distillées est le premier secteur d’activité de la Charente, en emplois salariés privés (2.987), selon les chiffres de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) arrêtés en décembre 2022. Parmi ces boissons distillées, il est question essentiellement de cognac. L’appellation d’origine contrôlée (AOC) Cognac représente un vignoble de 83.140ha, bénéficiant d’un climat océanique doux. Quatrième de France en superficie, ses cépages blancs produiront ensuite un vin distillé puis vieilli… donnant naissance au cognac.

« Pendant la période de distillation, la campagne hivernale se pare de multiples arômes. Les distillateurs et bouilleurs de cru ouvrent leurs portes pour partager cette ambiance chaleureuse et privilégiée, explique Destination Cognac. Puis vient le temps du vieillissement. L’eau-de-vie obtenue par la distillation doit séjourner plusieurs années en fût de chêne pour acquérir sa couleur et ses arômes. Le maître de chai donne alors au cognac sa forme définitive et spécifique. Il procède, tel un compositeur, à l’assemblage de “notes” florales, fruitées, épicées ou encore boisées… »

iVue aérienne Cognac
Le vignoble local regroupe les appellations AOC Cognac, Pineau des Charentes et IGP Vins Charentais. Crédit Damien Garcia.

La zone de l’AOC cognac est précisément limitée, mais s’étend au-delà de la ville qui lui donne son nom. « Les appellations Cognac, Eau-de-vie de Cognac, Eau-de-vie des Charentes sont exclusivement réservées aux eaux-de-vie provenant des vins récoltés et distillés sur les territoires bien définis de la Charente-Maritime, de la Charente, de quelques communes des Deux-Sèvres et de Dordogne », précise l’office de tourisme.

Œnotourisme et festivités

Pour mieux découvrir cet alcool pluriséculaire, la communauté d’agglomération Grand Cognac regroupe plusieurs grandes maisons familiales et des négociants, dont l’activité est aujourd’hui principalement destinée à l’export. Avant de se rendre dans l’une des prestigieuses enseignes cognaçaises (Augier, Jean Martell, Hennessy, Camus, Rémy Martin…) ou de Jarnac (Delamain Cognac, Hine, Courvoisier…), il est possible de parcourir les 2.000m2 d’exposition offerts par le Musée des savoir-faire du cognac. Ses collections permettent d’explorer le travail de la vigne, l’art de la distillation, le vieillissement du cognac, ainsi que tous les métiers qui permettent son élaboration.

La Maison du négociant – musée d’art et d’histoire, installé dans l’hôtel particulier des Dupuy d’Angeac, « rappelle les heures glorieuses du cognac, lorsque ses eaux-de-vie commençaient à s’exporter », plonge les visiteurs « dans l’intimité de ces négociants » et évoque « leurs rôles au sein de la cité cognaçaise ». Par ailleurs, cette Maison du négociant propose actuellement – et jusqu’au 1er décembre – une exposition temporaire consacrée à François Ier, ce « roi cognaçais ».

La région se révèle aussi un lieu de villégiature calme, plutôt estival, apprécié des familles. Des parcours en canoë le long de la Charente, au départ de Vibrac, de Jarnac ou Châteauneuf-sur-Charente, peuvent laisser place à des balades à vélo. Ou encore à la découverte d’une expérience immersive Au milieu des Dinosaures ! Ce musée d’Angeac-Charente dispose de la technologie Tumulte (créée par une entreprise charentaise), permettant de se plonger 140 millions d’années en arrière et côtoyer, en 3D, des sauropodes ou divers animaux disparus. Sans oublier les festivités de juillet, comme le Festival Blues Passions – dans les jardins publics de Cognac et Jarnac – et l’inévitable Fête du Cognac, où l’on déguste des produits locaux et savoure en musique des cocktails… au cognac.

Gourmand Pineau des Charentes

Pineau des Charentes
Visuel Pineau des Charentes. Crédit DR.

Élaboré sur le même territoire que l’AOC Cognac, le Pineau des Charentes est issu d’un savoureux mariage (ou mutage) entre des jus de raisin et de l’eau-de-vie de Cognac, provenant de la même exploitation viticole. « Dès les vendanges, les raisins, sélectionnés avec soin pour obtenir un équilibre parfait entre sucre et acidité, sont pressés ; puis le vigneron ajoute aux jus recueillis – appelés “ moûts ” – de l’eau-de-vie de cognac qu’il aura distillé l’année précédente », détaille l’office de tourisme Destination Cognac. Le mutage est réalisé avec trois quarts de moûts et un quart de cognac. Le Pineau des Charentes, également vieilli en fûts de chêne, se déguste le plus souvent lors de l’apéritif ou pour accompagner un dessert et toute autre gourmandise.

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