L’eau minérale, l’or bleu responsable

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En pleine crise de Covid-19, l’engagement environnemental des minéraliers est plus que jamais d’actualité. Mais ces derniers n’ont pas attendu la crise pour mettre en place des bonnes pratiques afin que vous puissiez valoriser l’eau minérale et de source dans vos établissements.

Source Nestlé Waters
Source Nestlé Waters. Crédit : France Eau.

Sur les 77 % des Français qui boivent de l’eau en bouteille au restaurant, plus de la moitié (56 %) consomme de l’eau minérale sur une semaine classique 1. Si 4 Français sur 10 formulent le souhait d’avoir une offre de prix plus abordable, ils attendent également du restaurant un référencement à la carte d’une eau locale, engagée et durable. « Il y a une vraie demande de la part du client final et donc logiquement les restaurateurs souhaitent que l’on soit au rendez-vous sur ces sujets-là », affirme Françoise Bresson, directrice RSE et communication de Nestlé Waters France. Le groupe n’a toutefois pas attendu d’avoir la pression de la part du Gouvernement ou de ses clients pour faire preuve d’un engagement environnemental. « Cette question est ancrée en plein cœur de notre business et de nos marques », poursuit-elle. Ainsi les minéraliers se concentrent sur quatre piliers majeurs, le packaging, les émissions carbone, la gestion responsable de la ressource en eau et la préservation de la biodiversité pour mener à bien son action sociétale et environnementale. « Tous ces enjeux sont interconnectés, nous déployons une approche holistique », précise Françoise Bresson.

Sur le volet du packaging, d’abord, la pollution engendrée par le plastique est au cœur des enjeux de Nestlé Waters France. L’entreprise contribue à l’économie circulaire en intégrant de la matière première recyclée dans ses emballages et en réduisant les émissions carbone. Un réel enjeu lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, parmi l’ensemble des bouteilles collectées, 61 % sont recyclées, 29 % sont valorisées énergétiquement, et 10 % sont mises en décharge 2. Nestlé Waters France s’est fixé comme objectif de passer à 50 % en plastique recyclé (rPET) dans l’ensemble de ses bouteilles et emballages secondaires à horizon 2025. Au sein de son portefeuille, la marque Vittel® a d’ailleurs été la première à lancer la première bouteille 75 cl totalement composée de PET recyclé. Le minéralier prépare également les emballages de demain. Il s’est associé depuis trois ans à la start-up Danimer pour parvenir à créer le packaging idéal, c’est-à-dire bioconçu, recyclable et biodégradable, et aussi avec la start-up française Carbios pour élaborer des nouvelles techniques de recyclage et « créer une boucle à l’infini », appuie Françoise Bresson.

La marque Perrier® appartenant au groupe s’est, quant à elle, engagée dans le mouvement The Next Packaging Movement pour développer des solutions qui permettront de réinventer l’emballage, de la matière première jusqu’à la fin de vie, avec le potentiel d’avoir un impact social et environnemental positif. Les Sources-ALMA œuvrent de leur côté sur l’allègement de la bouteille en gramme : « Aujourd’hui, on va fabriquer avec la même quantité de plastique presque trois bouteilles d’1,5 l quand nos concurrents en feront deux. Le verre est lui aussi plus léger dans sa version à recycler », renseigne Agnès Jacquot, responsable RSE des Sources-ALMA. Par ailleurs, le groupe intègre dans ses contenants du plastique recyclé, qu’il fabrique lui-même en France. Si 25 % sont aujourd’hui incorporés, il a pour ambition d’en augmenter la capacité grâce à une nouvelle usine à Saint-Yorre. « Cette option de s’intégrer en amont sur un nouveau métier complémentaire de celui de l’embouteilleur est la garantie de maîtriser toutes les étapes du processus et surtout de proposer un recyclage en circuit court réalisé en France. Nous avons vocation à être entièrement circulaires, de la bouteille à la bouteille : c’est un axe spécifique sur lequel on va continuer à investir à l’avenir », insiste Agnès Jacquot.

En parallèle, Sources-ALMA a lancé il y a quelques années sur le marché de la VAE la première bouteille Cristaline® au bouchon accroché à la bouteille afin de lutter contre les déchets sauvages et favoriser le recyclage des bouchons. Le dispositif est désormais déployé sur la version gazéifiée via un bouchon qui se dévisse : « C’est très novateur, nous sommes les seuls embouteilleurs à date à proposer cela ». Quant à Danone Eaux France, son ambition d’ici à 2025 est que l’ensemble de ses emballages soit 100 % circulaires. En 2020, le groupe a franchi un grand pas en vue de cet objectif, avec notamment les lancements de tous les petits formats Evian et Volvic (33 cl, 50 cl, 75 cl) fabriqués à 100 % en matériaux recyclés (rPET) ainsi que la première bouteille Evian® sans étiquette en offre exclusive pour la CHD, 100 % matière recyclée (rPET) et 100 % recyclable. Il propose également historiquement des bouteilles en verre consigné qu’il récupère auprès des circuits de la CHD.

Sur les 77 % des français qui boivent de l’eau en bouteille au restaurant, plus de la moitié (56 %) consomme de l’eau minérale sur une semaine classique.

Vers une neutralité carbone

Les marques Perrier®, Vittel® et S.Pellegrino® (Nestlé Waters France) atteindront la neutralité en 2022, et ce pour l’ensemble des marques d’eaux minérales naturelles de Nestlé en 2025. Par exemple, l’usine Perrier à Vergèze (Gard) a renoué avec le rail en rouvrant une ligne de chemin fer, ce qui lui permet d’économiser 27 000 camions par an. Quant aux différents sites de production, ils sont tous alimentés à 100 % par l’électricité verte. Les Sources-ALMA ont de leur côté renouvelé leur parc industriel pour avoir moins d’impact carbone et se penchent du point de vue logistique sur un maillage serré pour optimiser les kilomètres parcourus : « On travaille avec des camions en charge complète et en livraison directe. On privilégie le circuit le plus court possible », justifie la responsable RSE.

Danone Eaux France œuvre aussi sur son empreinte carbone tout au long du cycle de vie de ses produits : « Différentes initiatives engagées visant à accélérer la transformation de notre modèle ont été mises en place, permettant ainsi à nos marques evian® et Volvic® d’obtenir la certification “neutre en carbone” par le Carbon Trust au niveau mondial au printemps 2020. Volvic® a également obtenu la certification B Corp en avril 2020 et notre objectif est que toutes nos marques soient certifiées d’ici à 2022 », explicite Arnaud Jobard, vice-président directeur commercial de Danone Eaux France.

Protéger la ressource

Un des autres enjeux majeurs est la préservation de la ressource en eau. Nestlé Waters France mène une forte politique de réduction des prélèvements (baisse de 17,5 % entre 2010 et 2020 dans les Vosges). Pour Vittel®, le groupe a signé un protocole de protection pour l’une de ses sources avec les autres usagers car elle est en stress hydrique, son objectif étant de revenir à l’équilibre en 2027. D’ailleurs depuis 2017, il suit la norme de l’Alliance for Water Stewardship (AWS) et se mobilise pour faire certifier toutes ses usines dans le monde d’ici à 2025. Cette norme, internationale, qui met en relation diverses parties prenantes à l’échelle d’un bassin versant, encourage une gestion responsable et collective de la ressource en eau d’un point de vue environnemental, social et économique.

Le site des Vosges a obtenu le premier niveau de certification en 2018, et le site de Vergèze vise une certification en 2022. La préservation de la biodiversité fait enfin partie des priorités. Nestlé Waters France a planté dans les Vosges près de 12 000 arbres depuis 2012, 240 km de haies sont entretenus et 10 000 ha protégés ; à Vergèze le groupe mène une politique de protection des garrigues pour prévenir les incendies et aider les agriculteurs à passer en bio (aujourd’hui, plus de 300 ha à proximité de la source Perrier®, soit plus de 90 % des terres agricoles, sont certifiés biologiques). « Il y a une réelle proximité entre les équipes qui travaillent et les gens qui vivent près des usines, on partage tous les mêmes valeurs et engagements. L’idée est de diminuer ensemble notre impact et même avoir un impact positif demain sur l’environnement », soutient Françoise Bresson.

Le minéralier Sources-ALMA s’implique aussi sur des pratiques plus responsables sur les zones situées à proximité de ses 35 sites en encourageant la culture raisonnée et bio, pour « éviter les activités qui pourraient être polluantes pour les sous-sols ». Du côté de Danone Eaux France, il s’est engagé depuis 30 ans avec des associations locales, les communes de leurs impluviums ou encore des agriculteurs engagés pour préserver l’écosystème de ces territoires. « L’objectif est de soutenir la mise en place d’actions concrètes conciliant les activités du territoire avec la préservation de la ressource en eau autour de trois domaines : aménagement raisonné des communes, soutien à la mise en place de pratiques agricoles durables et protection des milieux naturels », précise Arnaud Jobard, vice-président directeur commercial.

notes

1 Étude « L’eau au restaurant : une source de profit ? », menée par CHD Expert.

2 Étude CITEO, 3 septembre 2019.

Regards croisés : la crise vue par les minéraliers

Quel enseignement tirez-vous de cette année de crise sanitaire ?

Françoise Bresson (Nestlé Waters France) : On a observé une réelle évolution des habitudes de consommation : la vente en ligne de l’eau minérale a progressé de + 30 % en un an. Le click & collect a également explosé. Mais la gestion a été complexe, l’année ayant été très irrégulière avec des pics liés au besoin de stockage, puis des creux assez importants. Cette crise nous a appris à faire preuve d’agilité auprès de nos clients. La profession a dû s’adapter constamment : cela s’est traduit pour nous par un gel des augmentations des tarifs et un allongement des délais de paiement.

Agnès Jacquot (Sources-Alma) : On a fait preuve d’agilité et on a pu compter sur la mobilisation de tous, l’élan de solidarité était réel. Les consommateurs ont eu aussi besoin de grands formats, à partager à la maison, car ils étaient moins nomades du fait du télétravail et de la réduction des activités sportives ou de loisirs. La prévalence du grand format est l’un des autres enseignements de cette crise. Par ailleurs, le protocole sanitaire dans les entreprises qui mettaient en garde sur les fontaines en libre accès qui ne peuvent être désinfectées après chaque utilisation (avec les risques de contact et de transfert de salive) a permis de remettre la lumière sur la garantie de qualité des eaux embouteillées. La bouteille protège le contenu et garantit au consommateur la sécurité sanitaire de l’eau depuis son embouteillage à la source jusqu’à sa consommation. C’est à nous de faire preuve de plus de pédagogie à l’avenir pour rassurer le consommateur, qu’il sache que l’industriel travaille de façon toujours plus vertueuse. Nous sommes restés trop discrets sur cette thématique ces dernières années.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Françoise Bresson (Nestlé Waters France) : Pour nous minéraliers, cette crise est une prise de conscience : elle va jouer un rôle d’accélérateur des enjeux de développement durable mais en même temps la pression économique est très forte. L’enjeu révélé par cette crise est la gestion du temps dont nous disposons pour aller vers un modèle de transition. On va devoir réaliser de nouveaux investissements sur le moyen terme tout en assurant des niveaux de croissance suffisants qui nous permettront de continuer à innover et d’être en mesure de réinvestir derrière. Accélérer tout en effectuant les bons investissements en temps et en heure, c’est donc toute la difficulté et le paradoxe. Nous sommes à l’orée d’une transformation massive, c’est passionnant.

Arnaud Jobard (Danone Eaux France) : En 2021, avec nos équipes terrains, nous allons continuer à nous mobiliser à leurs côtés, pour permettre à tous de retrouver des moments de joie en cette nouvelle année et contribuer au plan de relance en s’appuyant sur les nouvelles tendances émergentes et les nouvelles contraintes existantes en raison du contexte sanitaire. Nos actions : rassembler et mobiliser tout notre écosystème pour accompagner et soutenir la réouverture, les grossistes en boissons, l’ensemble de la restauration en nous assurant notamment de la bonne disponibilité de 100 % de nos produits sur les sites de nos grossistes, et accroître la visibilité des lieux ouverts pour apporter davantage de dynamisme et de trafic en restauration. L’objectif est de soutenir les restaurateurs à la réouverture, de les aider à retrouver leurs clients au plus vite, et d’accompagner à l’identification et au déploiement stratégique sur des nouveaux leviers de vente que sont la livraison et la vente à emporter.

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