Les cacahuètes de la ferme Darrigade séduisent les chefs

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Insolites, les cacahuètes de Soustons grandissent dans les Landes sur le même terroir que les asperges des sables. Une curiosité qui attire l’attention du monde de la restauration.

Cacahuètes de la ferme d'Arrigade.
Cacahuètes de la ferme d'Arrigade. Crédits : Au Coeur du CHR.

Soustons, en plein cœur des Landes, à quelques kilomètres de l’océan et ses plages fréquentées par les surfeurs, c’est ici que s’épanouissent les étonnantes cacahuètes de la ferme Darrigade. L’adresse est aussi connue pour ses asperges et ses canards, deux produits emblématiques du département.

La présence des cacahuètes attise la curiosité. « Tout est parti de notre grand-père et nous sommes la cinquième génération sur la ferme familiale », précise en préambule Mélanie Delest, qui a repris l’affaire avec son frère Thomas et son cousin Laurent. « Au départ, en 1890, c’était une ferme qui permettait juste de nourrir la famille. Et c’est quand mon grand-père est venu s’installer auprès de ma grand-mère que les choses ont démarré. Il était gemmeur, il récoltait la résine des pins. Mais dans les années 1950, l’activité est devenue plus difficile à cause de la concurrence venue de Chine, et il avait cinq bouches à nourrir. Il est donc devenu métayer et cultivait du maïs. On a été les premiers à en faire dans le coin ! ».

Dans les Landes depuis 1800

En cultivant la terre, même dans son propre jardin, le grand-père va avoir l’idée de planter de drôles de graines, dont l’origine reste mystérieuse. « Après la Seconde Guerre mondiale, un vieux monsieur lui a donné quelques graines de cacahuètes, raconte Mélanie, et il les avait plantées dans son jardin. On a toujours connu notre Papy avec ses cacahuètes ! » Et contre toute attente, l’arachide se plaît sur les sols sablonneux landais.

« Mais en fouillant un peu dans les archives, on a retrouvé des traces de culture dès 1800 », poursuit-elle. Plutôt habituée aux pays comme l’Inde ou les États-Unis, cette variété Valencia s’adapte à merveille au bord de l’océan. Et ce sont finalement le père et l’oncle, la génération suivante, qui vont exploiter cette niche en plein champ et mécaniser la récolte dans les années 1990. Aujourd’hui, la famille a mis en production pas moins de 17 ha. Et ces précieuses graines made in France ont rapidement attiré l’attention des chefs, comme David Sulpice à la Villa de l’Étang blanc, Hélène Darroze, ou encore Victor Mercier et Mory Sacko, deux « Top Chef » en vogue. Et de nombreux cuisiniers basques et landais.

Une culture délicate

Si la cacahuète a bien pris dans les Landes, elle n’en reste pas moins délicate à cultiver. « L’an dernier, nous avions planté 12 ha, mais avec les mauvaises conditions météorologiques, on a eu très peu de rendement », indique Mélanie. Sur le même terroir que l’asperge des sables, le produit supporte mal l’excès d’humidité. Surtout à l’époque des semis en mai et de la récolte en octobre. Sans oublier les sangliers qui apprécient particulièrement les premières pousses. Une fois plantée, une fleur jaune apparaît au bout d’un mois et « s’auto-féconde la nuit lorsqu’elle se ferme ». La base de fleur repart en terre et crée la cacahuète. Sous terre. « Tout l’été, elle travaille de manière invisible, assure Mélanie, un peu comme la pomme de terre. »

Une fois prête, un premier passage permet d’arracher les pieds et de les retourner sur la surface du champ, puis un deuxième ramasse les coques en les enlevant de la fane. Une fois séchée, pendant quelques semaines, elle peut enfin être commercialisée auprès des chefs, des pâtissiers-chocolatiers, ou sur place à la boutique de Soustons. « Nous y avons créé une gamme de produits “ la cacahuèterie ” avec le chocolatier basque Ttotte Oronotz, explique Mélanie. Avec des chocolats, des déclinaisons sucrées mais aussi salées. » Ainsi, cette signature du terroir charme au-delà de l’aspect made in France et du circuit court sur ce produit largement industrialisé. Un goût légèrement sucré… De quoi redécouvrir ce produit mass market, version landaise.

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