Régénérer, éduquer et valoriser : les piliers de l’alimentation de demain 

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La première conférence Look Sharp sur le thème : “Nourrir tout le monde sainement à l’heure de la mondialisation et de la lutte contre le changement climatique”, s’est tenue mardi 6 juin à la mairie du 9e arrondissement de Paris. L’importance de l’éducation, du sol, et de la valorisation du travail des producteurs y ont été abordés.

Conférence
Ariane Delmas, Paul Charlent et Marc-André Selosse à la première conférence "Regards Aiguisés". Crédit : Elisa Hendrickx

Ce mardi 6 juin, à la mairie du 9e arrondissement de Paris, s’est tenue la première édition des conférences «Regards aiguisés», lancées par l’agence Look Sharp. Elle avait pour thème l’alimentation de demain. «Pour les français, l’alimentation reste un sujet sérieux. Elle est à la fois politique, économique et culturelle», affirme Béatrice Lévêque, la fondatrice de l’agence Look Sharp. En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées du champs à l’assiette chaque année. À l’heure de la mondialisation et de la lutte contre le changement climatique, nourrir chaque individu de la manière la plus saine et durable qui soit reste un enjeu de taille.

Régénérer les sols 

Selon le biologiste Marc-André Selosse, «le sol a toujours su gérer sa propre fertilité». Cependant, «quand on les laboure, les sols produisent peut-être plus de quantité mais ils s’érodent également davantage » ajoute-t-il. Aujourd’hui, c’est toute l’agriculture qui se doit d’être entièrement repensée et notamment en ce qui concerne le traitement des sols. Pour Paul Charlent, cofondateur de Alancienne, une plateforme de distribution d’environ 3000références issues de producteurs locaux, «il est nécessaire de réfléchir globalement sur nos écosystèmes et s’en inspirer. De cette façon, nous pourrions produire un maximum d’alimentation sans dépendre des énergies fossiles comme nous le faisons malheureusement aujourd’hui». C’est que l’on nomme l’agroécologie, aussi appelée «agriculture régénératrice».

L’éducation passe à l’assiette 

Pour Ariane Delmas, cofondatrice des Marmites volantes, un système de restauration collective engagée qui fournit des entreprises et les cantines de 20 écoles à Paris et sa proche banlieue, «il faut porter des engagements sociaux et environnementaux. Et cela passe notamment par le fait de rendre séduisant le végétarien dans les cantines». Marc-André Selosse affirme quant à lui que «c’est la fabrique des citoyens qui peut vraiment amener à une agriculture alternative. Il faut donc former les élèves à l’alimentation de demain. Ça se jouera dans les cours de SVT mais surtout en créant des programmes interdisciplinaires pour rendre cet enjeu global». Le goût est aussi une affaire d’éducation, selon Paul Charlent : «Il faut croire au goût. Si on explique aux gens que manger c’est avant tout du plaisir, cela créera un déclic. Et l’éducation est fondamentale pour comprendre ce qu’est s’alimenter et se faire plaisir.»

Valoriser le travail des producteurs 

En ce qui concerne les conditions de vie des agriculteurs, Paul Charlent dresse un constat alarmant : un tiers de « ceux qui nous nourrissent » gagnent moins de 350 € par mois. De plus, le cofondateur de Alancienne affirme également que « sans la PAC, 54 % des exploitations agricoles ne survivraient pas », avant d’ajouter que « tout ce que l’on ne paye pas directement à la caisse des supermarchés, on le paiera plus tard au détriment de notre santé et du climat. ». Pour l’heure, il semble donc impératif que chacun d’entre nous aide à la revalorisation du travail des producteurs. Cela passe notamment par le fait d’effectuer ses courses via les circuits courts comme les AMAP ou encore s’approvisionner sur les marchés de petits producteurs. Enfin, Paul Charlent l’assure : « La solution aujourd’hui c’est de revenir aux fondements. Il est important de comprendre la provenance de notre nourriture mais aussi qui la produit ».

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