Anti-gaspi : valoriser ses invendus

Des kilos, parfois des tonnes de déchets alimentaires remplissent chaque jour les conteneurs des restaurants et cafés. Applications, réseaux sociaux et associations sont des outils pour éviter les pertes et le gaspillage alimentaire.

Vendre à prix réduit

Avec des solutions comme l’application web Too good to go , qui met en relation les commerces alimentaires et les consommateurs, les restaurateurs ont la possibilité d’éviter les pertes, tout en réduisant le gaspillage alimentaire. Le principe : le restaurant propose ses invendus de la journée à des consommateurs qui profitent ainsi de plats préparés, le tout à prix réduit. « Cela évite de jeter, c’est aussi une façon de communiquer autrement et cela peut aider des personnes qui en ont besoin » , raconte Julie Maieron, responsable du restaurant Food du goût à Bordeaux. L’application contraint les restaurateurs partenaires à diviser le prix de vente par trois et prélève 1,50 € sur chaque commande. Pour la restauratrice, cette solution n’est intéressante que si elle reste ponctuelle. « Nous avons peu d’invendus, car on achète peu et on produit peu, mais lorsque cela arrive, nous les proposons sur Too good to go. On préfère tout de même produire moins que de créer une sorte de marché parallèle avec l’application » , mentionne-t-elle.

Dans le Loir-et-Cher, Chantal Pasquier se sert aussi, de temps en temps, de cette application pour les invendus de son foodtruck Le Tablier rouge. Toutefois, pour éviter de réduire ses prix, elle a adopté une autre stratégie : elle utilise les réseaux sociaux pour écouler ses restes en fin de journée. « Quand il me reste quelques parts de plats à emporter, je le publie sur Facebook et propose de livrer gratuitement sur le chemin du retour. Les clients sont contents et moi je ne repars avec rien », explique-t-elle. Autre application et pas des moindres : Phénix est le couteau suisse de l’anti-gaspi. Elle imagine des solutions pour que les invendus ne deviennent pas des déchets : application mobile de revente aux particuliers à prix réduit, vente de paniers-surprises et don aux associations. 8 000 repas sont ainsi sauvés en moyenne par an et par partenaire, pour 1 000 tonnes de nourriture en 2019.

L’application Too good to go permet au restaurant de proposer ses invendus de la journée à des consommateurs, une solution pour éviter le gaspillage alimentaire.

Donner les restes

Une autre solution pour les invendus est celle du don. C’est ce que fait Séverine Figuls, la propriétaire et cuisinière du Chacha à Nantes, qui a installé un réfrigérateur solidaire près de son restaurant. Dans celui-ci, installé par l’association Les frigos solidaires, présente dans plusieurs villes de France, elle dépose régulièrement des plats invendus, dans le respect des normes d’hygiène. Les particuliers et autres commerçants sont, eux aussi, invités à y déposer des denrées industrielles uniquement, avec date de péremption visible. « Cela permet d’éviter le gâchis, si on sait qu’un plat ne pourra pas être vendu ou resservi, je préfère en faire profiter ceux qui en ont besoin, pour avoir un petit impact, à mon niveau », présente-t-elle.

Le don est une solution pour limiter le gaspillage.

Séverine Figuls, la propriétaire et cuisinière du restaurant Chacha à Nantes ©restaurant Chacha de Nantes

Depuis un an, elle assure la tenue du frigo, dont la responsabilité lui revient. « En cas de problèmes, je suis responsable, je fais donc très attention à ce qui y est déposé », ajoute-t-elle. Toutefois, s’ils sont fréquents pour les supermarchés, les dons alimentaires restent minoritaires dans la restauration. « Cela est assez rare dans la restauration traditionnelle, car la logistique est compliquée, ainsi que les normes d’hygiène », détaille Vincent Dantonel, cofondateur du label antigaspillage alimentaire Fraheim.

Le restaurant Chacha à Nantes a installé un frigo solidaire près de son restaurant. ©restaurant Chacha de Nantes

Photo de Une : ©Joshua Hoehne sur Unsplash