« Au-delà de deux mois de fermeture, ce sera très compliqué », Christophe Salabert

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Réfugié dans le Cantal, Christophe Salabert, propriétaire du Soleil d’Austerlitz, du Censier et du Petit Pont, à Paris, a dû différer un projet d’investissement et ressent une certaine inquiétude quant à l’avenir.

Retour à Saint-Urcize

« Le soir du discours d’Emmanuel Macron instaurant le confinement, j’ai quitté Paris avec ma fille et ma mère. Nous sommes allés dans notre village familial de Saint-Urcize (Cantal) où nous possédons une maison. Ici, à plus de 1 000 mètres d’altitude, en plein Aubrac, le coronavirus nous paraît assez lointain. Nous nous sentons en sécurité. D’ailleurs, nombre de mes collègues, Auvergnats de Paris, sont dans les environs : de nombreux membres des familles Girbal et Teilhol, mais aussi Jean-Pierre Long, non loin de là. Nous nous saluons à distance. Je ne vois pas passer les journées, je jardine, je bricole, je fais tout ce que je confiais d’habitude à un ouvrier. J’ai même rencontré le charcutier de Laguiole, Lucien Conquet qui passait par là. Comme il cherchait des élastiques pour confectionner des masques pour son personnel, je lui ai donné un stock d’élastiques de boîtes à cigares Cohiba que ma mère conservait de sa période d’exploitante de tabac. C’est rare, mais c’est un objet lié au tabac qui va contribuer à protéger des vies. »

 

Inquiétude

« Je guette les mails du GNI qui nous aident à nous organiser. Je passe quelques coups de téléphone à des responsables du syndicat, Marcel Bénézet ou Alain Fontaine, pour être informé. Je ressens tout de même une certaine inquiétude. J’ai cinquante salariés au chômage partiel. Au-delà de deux mois de fermeture, ce sera très compliqué. Les banques se font plus pressantes. Nos propriétaires attendent leurs loyers comme le messie et rien de clair n’est établi sur ce sujet. Je suis aussi inquiet pour la reprise. Si nous n’attirons que 30 % de notre clientèle habituelle, nous ne couvrirons pas les frais fixes et on court vers le précipice. Heureusement, je peux compter sur mes fournisseurs, Tafanel, Moët et Chandon et Lavazza qui m’ont toujours aidé. »

 

Projet différé

« Je réfléchis à l’avenir. Dernièrement j’ai fait évoluer Le Petit pont, une brasserie festive avec une clientèle jeune. J’ai mis l’accent sur le snacking (pizzas, tapas) et la limonade en évacuant les plat trop sophistiqués. J’ai fait la même chose au Censier. À la reprise je vais encore accentuer la tendance. Les affaires s’en portent mieux. Tout le monde ne peut pas faire de la bistronomie. En revanche, au Soleil d’Austerlitz, je maintiens une offre plus traditionnelle et haut de gamme. C’est ce que demande ma clientèle. Ma fille achève des études de marketing et je travaille aussi avec elle pour essayer de dynamiser la reprise en nous aidant des réseaux sociaux où nous mettons en avant les atouts de chacune de nos enseignes. Je conduis depuis des années un projet de création de quatre burons touristiques à Saint-Urcize. Nous venons d’obtenir le permis de construire et les travaux devaient démarrer dans un mois. Dans le contexte actuel, je vais différer ce projet qui représente un investissement de 600 K€. Je ne veux pas me mettre en danger. Nous verrons l’année prochaine… » 

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