« Ce n’est pas au staff de payer face à ce genre d’événement », Loïc Martin

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Loïc Martin est gérant des restaurants parisiens Martin et Robert (11e). Avec ses associés, il avait anticipé l’obligation de fermeture tout en se concertant avec son personnel. Il revient sur la chronologie des décisions et événements qui ont jalonné ces dernières semaines.

Sa réaction suite à l’annonce de fermeture

« En comptant ceux de mes associés, nous avons en tout quatre établissements. Dans la semaine, nous avions déjà décidé d’en fermer trois, et de ne garder que Martin ouvert. La fréquentation avait déjà fortement baissé, notamment la clientèle de touristes. Pour Martin, on s’est dit que nous pourrions tenter de rester ouvert une semaine de plus mais j’avais conseillé au chef de limiter les stocks en commandant moins, la situation devenant chaque jour de plus en plus tendue face au développement de l’épidémie.

Dans la nuit de vendredi à samedi (13 et 14 mars), j’ai eu un petit cas de conscience concernant le personnel et son entourage, et aussi le fait que l’on avait encore beaucoup de clients qui venaient chez Martin. Nous avons alors fait une réunion d’équipe le samedi après-midi, où je leur ai exposé la situation parce que je ne voulais pas leur imposer une fermeture avec une perte de salaire, ni les forcer à rester ouvert s’ils ne le souhaitaient pas. Après avoir écouté tout le monde, j’ai décidé de fermer le soir après le service. Il était 18 heures. À 20 heures, on nous a forcé la main avec le message du Premier ministre. »

 

Comment se passe le quotidien aujourd’hui ?

 « Je suis parti samedi soir après le service à la campagne comme d’habitude1 . J’avais pris trois t-shirts, trois caleçons et deux paires de chaussettes. Et depuis, j’y suis toujours. J’attend que ça passe. »

Comment voyez-vous l’avenir ?

 « Nous avons la chance d’avoir des restos qui fonctionnent bien. Du coup, nous avons rapidement pris des dispositions financières : on a notamment annulé le versement de dividendes aux associés, et dans le week-end, on avait fait les demandes de suspension de crédit aux banques. 

La Banque Populaire a notamment été super réactive. Dès le mardi matin elle nous validait la suspension des crédits pendant 6 mois ; ce qui semble être une directive nationale. Et on a surtout eu une des assurances, celle de la Banque Populaire également, qui nous a annoncé qu’elle prenait en charge la perte d’exploitation, alors que les autres font l’autruche et se réfugient derrière des clauses. On a aussi pris la décision avec mes associés de compenser les pertes de salaires pour mars et avril, en espérant pouvoir démarrer début mai, parce qu’on estime que ce n’est pas au staff de payer face à ce genre d’événement. À priori, je pense que ça va repartir très très fort. »



Martin 

24 bd du Temple

75011 Paris

www.bar-martin.fr

 

Robert 

32 rue de la Fontaine au Roi, 

75011 Paris

robert-restaurant.fr



NOTES : 

1 – Loïc Martin dispose de son propre potager pour approvisionner ses restaurants et va récolter ses légumes tous les week-ends pour la semaine à venir . 

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