« J’ai enfin le temps de réfléchir à l’avenir », Christophe Senez

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Propriétaire de l’Assagio, rue du Temple (4e arrondissement de Paris), Christophe Senez est inquiet pour la période qui va suivre le confinement. En attendant, durant cette période de fermeture, il prend son temps pour réfléchir et en profite pour s’occuper de son établissement.

Prendre mon temps

« Curieusement, je n’ai jamais été aussi content d’avoir un restaurant. Je n’habite pas loin et tous les jours je me rends sur place. Je fais du ménage en profondeur. Moi qui sais à peine changer une ampoule, j’ai appris à démonter les moteurs des machines pour les nettoyer. D’habitude, les techniciens faisaient ce travail. Mais il m’arrive aussi de prendre mon temps Je m’assieds parfois à une table et je prends un café comme tout à l’heure en écoutant Ella Fitzgerald et je profite un peu du lieu comme pourrait le faire un client. »

 

Se remettre en question

« Après huit années passées à courir la tête dans le guidon, j’ai enfin le temps de réfléchir à l’avenir. J’arrive à la fin d’un cycle et il est peut-être temps de me remettre en question. J’ai connu une belle aventure ici avec une progression continue. L’année dernière encore, malgré les grèves, j’ai fait une belle année. Mais, il est peut-être temps de me recentrer, d’investir, de repartir sur un autre concept, plus fort et capable de traverser une nouvelle période. Je n’ai encore rien décidé. J’ai encore un mois pour le faire et je suis bien décidé à mettre à profit cette période de réflexion. »

 

L’inquiétude de la reprise

« Il y a aussi le court terme qui m’inquiète. J’ai payé mes trois salariés qui sont au chômage partiel. Je peux encore tenir un mois et j’ai pris contact avec mes banques. Elles sont prêtes à m’épauler si le besoin s’en fait sentir. Mais c’est la période de la reprise qui m’inquiète le plus. Je crains que les gens soient méfiants et qu’ils aient encore peur d’être contaminés. Je ne pense pas qu’ils vont s’entasser au coude-à-coude, dans mon restaurant de quarante places assises. Dans un premier temps, je limiterai sans doute la capacité d’accueil à vingt personnes. Naturellement, j’adapterai mes effectifs à un redémarrage lent. Je garderai mes deux cuisiniers, mais il est probable que je ne remplace pas mon serveur qui avait prévu depuis longtemps de nous quitter en juin. J’ai peur que la profession connaisse à terme un chômage important. »

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