« Je sais qu’on rouvrira, c’est sûr, et on attend que ça ! », Natacha Roubaud

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Ouvert le 5 mars, le restaurant familial Le Pont Tournant dans le petit village de Selles en Haute-Saône, est en stand-by depuis la fermeture imposée du 14 au soir. N’ayant pour soutien que le gel du loyer et une mince trésorerie, Natacha Roubaud envisage de se lancer dans la vente à emporter un soir par semaine. Elle témoigne.

Fraîchement arrivés, rapidement fermés

« Avec mon mari et mes quatre enfants, Nous sommes arrivés de Gap en décembre. On a ouvert le restaurant le 5 mars et fermé le 14 au soir. Ouvrir puis fermer aussitôt, ça met un coup ! Nous avons appris la nouvelle de la fermeture obligatoire aux infos. Ça ne nous a pas surpris, on savait que le confinement arriverait, ça nous semblait logique. C’est vraiment dommage, car nous avions bien fonctionnés pendant notre ouverture. Beaucoup d’ouvriers venaient manger le midi. Aujourd’hui nous sommes fermés, et je ne comprends pas que certains corps de métier continuent d’aller au travail ou y sont obligés. Les restaurateurs sont très impactés comparés à d’autre professions et je trouve que le gouvernement en parle peu. »

Natasha, Jean-Phillipe Roubaud et leur quatre enfants.


Protéger l’entreprise en famille

« Notre comptable a fait une demande pour le chômage partiel, mais tout est en retard pour l’instant. Nous employons deux de nos enfants comme salariés. Ils devraient normalement toucher le chômage partiel. Comme on a fait peu de chiffre d’affaires, notre trésorerie est limitée. Nous pouvons avancer leurs salaires car nos deux garçons étaient en contrat mi-temps de 20 heures. S’ils avaient été à plein temps ça n’aurait pas été possible, et si nous avions eu un autre salarié nous aurions peut-être dû le licencier. Heureusement que ce sont nos enfants et qu’ils soutiennent et comprennent notre situation. Du côté de notre assurance, ça n’est pas la même chose : elle n’inclue pas les pandémies. On s’est vite rapproché d’elle par rapport à notre perte d’exploitation, mais nous ne sommes pas pris en charge. Ils vont seulement baisser nos cotisations. Cela nous étonne et nous agace : quand on a signé les contrats, j’étais perturbée par la suite des évènements, j’aurais aimé réussir à y inclure le coronavirus. Et nous sommes dans le flou pour les autres aides disponibles. Par exemple, on ne sait pas si on est éligible pour le fonds des TPE-PME. Je doute de rentrer dans les conditions. En revanche, grâce au soutien de la communauté de communes et du maire de Selles, notre loyer a été gelé, car nous ne sommes qu’exploitants du restaurant. Et nous n’avons aucun prêt à rembourser, ce qui nous sauve aussi. »


Préparer l’avenir et garder espoir  

« Nous avons stoppé toute l’activité du restaurant pour l’instant, mais nous envisageons de nous lancer dans la pizza à emporter. Aujourd’hui, on a allumé le four à pizzas et fait nos premiers essais : ça sera à la bonne franquette ! Nous pensons lancer cette vente une fois par semaine, le vendredi ou le samedi soir, mais pour l’instant il nous manque du matériel, notamment le cartonnage pour emballer les pizzas. On ne veut pas prendre de décision trop vite, mais il y a une réelle attente des villageois. En tant que commerçant, on doit agir à notre petite échelle, essayer de satisfaire nos clients. Dans le même temps, nous mangeons les produits que nous n’avons pas pu écouler, mais on aura de la perte, c’est sûr. Il faudrait que les gens restent vraiment confinés pour que l’activité reprenne, mais pour l’instant la situation ne s’améliore pas. Je suis malade pour les autres, pour ceux qui souffrent déjà de cette crise. Les commerçants des petits villages comme le nôtre ne sont pas vraiment pris en considération et les délais des aides risquent d’être longs. Mais pour nous, même si je m’inquiète un peu, je sais qu’on rouvrira, c’est sûr, et on attend que ça ! »

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