Le Royal Bergère relève la tête

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Endommagé par l’explosion de gaz de la rue Trévise, le 12 janvier dernier, le Royal Bergère a rouvert ses portes au bout de trois mois, avec un nouveau décor.

Dans la partie sinistrée de la rue de Trévise, le Royal Bergère a été le premier à rouvrir ses portes le 7 avril. Sofiane Sehrine était présent dans l’établissement au moment de l’explosion.

« Le 12 janvier, se rappelle-t-il, j’étais sorti devant l’établissement pour fumer une cigarette et l’un des cuisiniers m’a appelé pour discuter du menu du jour. À peine rentré en cuisine, l’explosion a retenti. » Cet instant est resté marqué à jamais dans la tête de Sofiane. Il montre les vidéos des quatre caméras de sécurité du restaurant, qui ont filmé la scène. On y voit la devanture exploser sous l’effet du souffle, alors que les tables et les chaises sont transportées comme de fétus de paille à travers la salle.

Le restaurant est depuis près de trente ans dans la famille Sehrine.

C’est Mohand, le père de Sofiane, qui l’a racheté, en association avec Maurice, un cousin, en 1990. Il s’agis sait d’un restaurant hellé nique, le Paris Grec, que Maurice a rebaptisé Royal Bergère. Il y a dix ans, lorsque Maurice Serhine a racheté le Bistrot de la Banque voisin, Mohand a totalement repris la conduite du Royal Bergère. Depuis deux ans, il en a confié la gérance à ses fils Hillal et Sofiane.

« C’est notre seule affaire, confie Sofiane. Toute la famille, sauf l’une de mes sœurs, travaille dans l’établissement. Nous étions très pressés de redémarrer. » Dans leur malheur, les Serhine ont bénéficié d’un peu de chance. Leur immeuble, situé à l’extrémité de la rue, n’a pas été fragilisé par l’explosion comme de nombreux immeubles voisins.

Enfin, précise Sofiane : « L’ancien décor datait de 1999. Nous devions le rénover l’année dernière, mais la société en charge des travaux a été liquidée. Nous avons dû reporter cette transformation à la fin 2019. L’explosion nous a poussés à accélérer cette évolution. »

La famille n’a pas souhaité attendre que les experts se mettent d’accord sur l’indemnisation. Elle a laissé un mois et demi aux experts pour procéder à leur travail avant d’entamer un chantier de rénovation à ses frais. « Nous ne pouvions pas attendre, indique Sofiane. De toute manière, nous sommes assurés contre les pertes d’exploitation et l’assurance a financé la rénovation de la devanture ».

La société Arc en ciel est parvenue à effectuer les travaux en moins de six semaines dans les délais prévus. La famille n’a pas souhaité s’adresser à un architecte d’intérieur, d’abord pour des raisons de coût, mais aussi pour accélérer la manœuvre. Hillal et Sofiane ont décidé d’aérer le décor en enlevant les coffrages et le faux plafond pour réhabiliter la pierre. Deux murs de parements de brique ont été mis en place. Le comptoir a été raccourci afin de laisser davantage de places assises. Enfin, un gros travail a été fourni au niveau de l’éclairage. C’est le créateur de luminaires Gérard Surdan qui a installé des modèles très contemporains dans la salle.

Le nouveau décor tire partie de la pierre et de la brique.

Le nouveau décor tire partie de la pierre et de la brique.

Il ne reste de l’ancien décor que des tabourets munis de pédaliers qui avaient été achetés une semaine avant le drame et qui étaient demeurés intacts. Le décor attire de nouveaux clients. Pourtant, la brasserie est loin de fonctionner à plein régime, notamment le soir.

La palissade qui obstrue désormais durablement la rue de Trévise borde le Royal Bergère. Sofiane reconnaît que l’absence de circulation dans cette artère a ralenti la fréquentation de la clientèle de passage, notamment celle du dîner qui pouvait arriver des Folies Bergères. Aussi croise-t-il les doigts pour que cette rue soit rapidement rendue à la circulation.

La nouvelle façade.

La nouvelle façade.

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