« On rattrape le retard de tout ce qu’on n’a pas le temps de faire en temps normal »

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Le patron de la brasserie La Mascotte, à Montmartre, Thierry Campion, s’inquiète des démarches qui mettent du temps à aboutir. Et pourtant le restaurateur prend cet arrêt forcé avec philosophie. Il nous raconte.

Sortir de la crise

« La déclaration d’urgence sanitaire était nécessaire. Je pense que les gens n’ont pas complètement saisi ce que le confinement signifiait et les risques de transmission. Plus les mesures seront draconiennes et plus elles seront efficaces pour lutter contre le virus. Entre les pertes d’exploitations et de marchandises et tout ce que qu’on a subit de par la fermeture brutale de nos établissements, il serait bon que les assureurs entre dans la danse. Je ne perds pas espoir que le gouvernement fasse pression dessus, mais je ne sais pas si elles ont les moyens de tenir face à ces remboursements. »

Thierry Campion a succedé à ses parents à La Mascotte. 


Prendre son mal en patience et préparer l’après

« Je suis en train d’organiser mon ordinateur, ce que je devais faire depuis 20 ans ! Je supprime les fichiers indésirables, travaille sur l’organisation future du restaurant et sur la carte d’été ; je fais du ménage, je range mon bureau… On rattrape le retard de tout ce qu’on n’a pas le temps de faire en temps normal, même si travailler aurait été préférable. L’ensemble de mes salariés est au chômage partiel, on est en train de monter les dossiers mais c’est particulièrement compliqué ; pour l’instant je n’ai pas eu accès à mon espace personnel. Je m’inquiète du délai entre l’avancement des salaires et le temps de remboursement du gouvernement, j’espère que la banque pourra nous aider, car nous n’avons pas la trésorerie nécessaire pour supporter ça. Je ne ferai pas de vente à emporter. J’aurais pu car le restaurant possède une annexe séparée, mais cela me parait compliqué alors j’ai liquidé toutes mes marchandises qui ne pouvaient être cuites ou congelées en les offrant au gens du quartier, aux pompiers, à tous ceux qui passaient… S’ils avaient annoncé la fermeture des restaurants en même temps que pour les écoles, on aurait pu mieux se préparer. »


Un avenir incertain

« On prépare actuellement les salaires de la fin mars : si on subit plus de deux mois de confinement, ça sera très compliqué. Nous n’avions déjà pas une trésorerie flamboyante avec les grèves et les Gilets jaunes. Les premiers nous on fait perdre 30 % de chiffre d’affaires, et la fermeture des métros à Paris en décembre et janvier a conduit à de nombreuses annulations pendant les fêtes. La crise du coronavirus arrive pile au moment de la reprise d’activité et des beaux jours ! Les mesures du gouvernement sont efficaces, mais il faut voir comment elles seront appliquées. »

Brasserie La Mascotte

52, rue des Abbesses 75 018 Paris

www.la-mascotte-montmartre.com 

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