Cette brasserie située entre la gare de l’Est et la gare du Nord est entièrement décorée sur le thème du chemin de fer. Elle vient de changer de propriétaire.
Cette devanture qui fait l’encoignure des rues des Deux-Gares et d’Alsace a inspiré de dessinateur Tardi. Elle a aussi été choisie par Cendrine Bonami-Redler pour figurer dans son livre, Dans son jus. L’endroit, qui n’a que pour horizon les voies SNCF de la gare de l’Est, paraît improbable. Ce repaire de cheminots, situé à équidistance entre deux grandes gares parisiennes, semble irrémédiablement figé dans le siècle dernier.
Les vestiges de l’âge d’or du rail
Pourtant, le décor de Train de vie est assez contemporain. Il a été créé, en 2005, par un ancien propriétaire, Mourad Mouloud. Ce passionné du chemin de fer a décidé de donner un décor de train à cette petite brasserie de quartier. Au fil des années, à l’aide de ses nombreux clients cheminots, il a acquis de nombreux objets ferroviaires de collection. Tous les sièges sont des fauteuils SNCF et la table la plus convoitée, près de la fenêtre, reproduit l’atmosphère d’un compartiment de première classe. Le comptoir surmonte un capot avant de motrice diesel. Régulièrement encore, des cheminots ramènent dans le bar quelques-uns des vestiges de l’âge d’or du rail, comme ces casquettes de contrôleurs et d’agents de toutes nationalités, qui s’accumulent sur des porte-bagages SNCF.
Les murs de la brasserie ont longtemps abrité le cabinet des architectes de la SNCF.
Il faut dire que ce lieu est irrémédiablement lié au chemin de fer. Il a longtemps abrité le cabinet des architectes de la SNCF avant de se muer en bar restaurant sous l’enseigne Le Mas. Cette rue de Paris, pourtant centrale, jouit d’une quiétude étonnante. Le calme n’est troublé que par quelques piétons voyageurs qui poussent leurs vali ses à roulettes entre les deux gares. Pourtant, le XXIe siècle est en passe de rattraper le Train de vie. Le quartier vient de subir un premier bouleversement, avec la récente inauguration des 172 chambres de l’hôtel Okko, qui a pris place sur les quais de gare, en dessous de la rue d’Alsace. Il devrait bientôt être sur monté d’un jardin aérien, qui sera visible depuis la brasserie. L’arrivée prochaine du Charles de Gaulle Express à la gare de l’Est est en train de réveiller le quartier et le Train de vie a été directement touché, car vient justement de changer de propriétaire.
Un comptoir pas comme les autres …
Changement de propriétaire
Il y a quelques années, en effet, les anciens patrons de l’Hôtel Kuntz voisin avaient choisi de racheter le Train de vie. Il s’agissait alors pour eux de contrôler l’environnement immédiat et d’éviter ainsi l’installation de nuisances sonores. Mais récemment, l’hôtel, devenu entre -temps la propriété d’Adrien Gloaguen, a changé de main. Un jeune avocat, Antoine Raccat, a choisi de racheter l’Hôtel Kuntz et prévoit d’y effectuer d’importants travaux afin d’accompagner le nouvel essor de la gare de l’Est. Un peu malgré lui, il se retrouve propriétaire de cette brasserie pas comme les autres. Il a donc nommé dans les lieux un gérant appointé, Tahar Ikeni, qui dirige l’affaire depuis le mois de juin. Ce professionnel chevronné de 64 ans connaît bien l’enseigne. Il y a travaillé par le passé et bénéficie de la recommandation d’anciens propriétaires. Il est bien décidé de maintenir le cap, veille avec soin sur chaque pièce du décor et continue de proposer une cuisine de bistrot populaire, avec ses incontournables pièces du boucher et tartares de bœuf dont raffolent les cheminots. Une clientèle que Tahar apprécie énormément. Il est aujourd’hui l’indispensable gardien de ce temple, au confluent du zinc et du rail.
De nombreux objets ont été ramenés par des cheminots.
Ambiance wagon-restaurant.
Crédits photos : Gérard Lavalette