Deliveroo, Uber Eats, les coûts de la livraison

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Les services de livraison proposés par les plateformes imposent plusieurs coûts à la charge des restaurateurs (commission, frais d’adhésion) et des consommateurs (frais de service et de livraison). Nous avons dressé ici ces frais prélevés par les trois principaux acteurs du marché.

Livreur Uber Eats, image d'illustration. Crédit Jérémy Denoyer
Livreur Uber Eats, image d'illustration. Crédit Jérémy Denoyer

Deliveroo, Uber Eats, Just Eat… quels sont les vrais coûts de la livraison de ces plateformes qui ont bouleversé le marché de la restauration ? La livraison de repas représente un coût important pour les professionnels de la restauration que le consommateur final sous-estime souvent, au détriment de livreurs précaires. Le client entend se faire livrer presque gratuitement aujourd’hui. Alors que les géants du secteur ont enregistré une hausse de leur activité à travers le monde en 2020 (+ 54% de chiffre d’affaire pour Just Eat Takeaway et Deliveroo), leurs pertes sont encore considérables : 255,80 millions € pour Deliveroo(Financial Times)et 151 millions € pour Just Eat.

Malgré une croissance de 224 % au quatrième trimestre 2020, Uber Eats reste déficitaire. Mais le PDG d’Uber, Dara Khosrowshahi est confiant« dans la possibilité que[la]branche de livraison devienne rentable en 2021 ». Dans le monde réel de la restauration, la livraison semble désormais incontournable.« Les plateformes sont des partenaires dont on ne peut pas se passer,reconnaît Kader Aïbout, propriétaire des enseignes La Cerise sur la Pizza (Paris 3e, 4 e et 11e). La livraison est une nouvelle habitude de consommation, mais à part Deliveroo et Uber, il y a un manque de visibilité pour nous sur les autres plateformes. ».Avec les frais additionnels, le restaurateur dit soustraire plutôt 40% que 30% de recette sur une commande en livraison :« Sur une pizza à 15 €, nous récupérons 9 € au maximum avec Deliveroo. »

Des plateformes trop gourmandes

Les contenants des plats font aussi l’objet d’un coût supplémentaire.« Les barquettes, les petits pots pour les sauces et les sacs en craft coûtent cher, ajoute le directeur d’un bar-restaurant parisien.Nous dépensons entre 800 et 1 000 € par mois pour ces contenants. » En cas d’annulation d’un plat par le restaurant, si celui-ci n’est plus disponible mais« Uber Eats prend quand même une commission », s’étonne le directeur.

Depuis un an, la société PUYP propose une alternative aux grandes plateformes. Les restaurants franciliens sont référencés sur l’application, ils reçoivent des notifications de commandes, leurs factures sont éditées et ils reçoivent un logo sur leur devanture contre un abonnement de 30 € par mois. Sur chaque transaction, PUYP récupère 1,8% de commission,« ce qui équivaut au module de paiement par carte bleue,précise Julien Barral, son cofondateur.Nous cherchons à réduire au maximum tous les frais. »Le prix de la livraison payé par un client de PUYP évolue en fonction de la distance parcourue – par un livreur de leur partenaire Stuart – et s’établit à partir de 5,95 € dans un périmètre de 3 km.

Les nouveaux services Uber Eats

L’entreprise américaine de livraison Uber Eats récupère en moyenne une commission de 30% sur chaque commande. Celle-ci intègre les coûts liés aux campagnes de marketing, aux promotions, à la visibilité mais aussi« les frais de fonctionnement technologiques de l’application », les coûts liés aux« revenus des livreurs »et« le traitement des paiements ».Les restaurants disposant d’une flotte de livreurs peuvent souscrire aux services d’Uber Eats contre une commission réduite à 15% en moyenne.

Depuis le 8 février 2021, la plateforme offre un nouveau canal de vente permettant aux restaurateurs« de proposer à leurs clients de commander directement depuis leur site internet ou leurs réseaux sociaux »,tout en bénéficiant des services d’Uber Eats. Cette option réduit également les frais de service à 15%. Les frais d’activation au service sont en moyenne de 600 €. Ils couvrent le coût de la tablette, la prise de photos des plats et l’intégration des menus. Depuis le 30 octobre – comme lors du premier confinement – ces frais sont offerts à tous les restaurateurs qui rejoignent l’application.

Le prix facturé au client final s’élève en moyenne à 3,50 € et varie selon la distance entre le restaurant et le lieu de livraison. Depuis le 11 décembre, la plateforme a lancé un Pass Uber Eats, donnant accès à des frais de livraison gratuits pour 5,99 € par mois. Les frais de service payés par le consommateur représentent 10% du montant de la commande et sont plafonnés à 3 € au maximum.

Des frais similaires chez les concurrents

Elle varie en moyenne entre 25 et 30 % par commande, mais« elle peut se situer en dessous ou au-dessus de cette fourchette, selon les conditions négociées »,précise Damien Stéffan, responsable de la communication externe. Cette commission couvre l’intégralité du service : présence sur l’application, marketing, gestion des transactions, organisation de la livraison, coût du service client et du support pour les livreurs.« Une partie de la commission finance la livraison payée au livreur indépendant. »

Les frais d’adhésion à Deliveroo s’élèvent habituellement à 299 € mais« ils peuvent être réduits ou offerts, en fonction des cas »,note Damien Stéffan. Cette somme comprend la mise à disposition de la tablette, de l’imprimante et la création d’un espace dédié au restaurant sur le site. Afin de faciliter l’accès au service durant la crise sanitaire, en 2020,« de nombreux restaurateurs ont bénéficié d’une réduction sur ces frais ».

Les frais prix de livraisons varient entre 0,49 € et 5,49 € selon la distance entre le domicile du client et le restaurant. Ces frais de livraison sont « offerts au client pour les commandes réglées en Ticket-Restaurant ». Les nouveaux clients de l’application sont aussi exonérés de ces frais durant deux semaines. Pour 5,99 par mois, les clients bénéficient de l’abonnement Deliveroo qui offre la gratuité des frais de livraison sur toutes les commandes. Néanmoins, les frais sont constants et coûtent 20 centimes d’euro par commande.

Le marché en ligne de Juste Eat

Le business model de livraison de Just Eat repose principalement sur le marketplace. Avec ce système de marché en ligne, le restaurateur sera référencé sur l’application de commande Just Eat. Cependant, il prendra en charge la livraison. Le commerçant s’acquittera alors d’une commission d’environ 14 % par commande. Depuis février 2021, Just Eat dispose de 1 200 livreurs salariés en CDI (payés 10,30 € l’heure) – exerçant à Paris, Lyon et Bordeaux – et propose ainsi un service complet de livraison. « Sur ce modèle, la commission est entre 25 et 30 % mais jamais au-delà de 30 %. Et le premier mois de commission est offert », explique Meleyne Rabot, directrice générale de Just Eat France. Le groupe anglo-néerlandais ambitionne de recruter 4 500 livreurs en CDI en France, d’ici à la fin de l’année.

De plus, Just Eat ne facture aucuns frais d’abonnement ou d’adhésion pour ses services. « Cela n’existe plus aujourd’hui chez nous », assure Meleyne Rabot. Les restaurateurs fixent eux-mêmes le prix de la livraison lors-qu’ils ont choisi le système du marketplace. Si le commerce opte pour le modèle intégrant le service de livraison, les frais facturés au client sont de 2 €. Cependant, la livraison est actuellement gratuite dans les trois villes où ce service est proposé. Le client ne s’acquittera lui non plus d’aucuns frais de service ou d’administration.

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