De nouvelles ambitions pour Louis Roque
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Après avoir racheté la distillerie Louis Roque, l’été dernier, Julien Vandromme, Nicolas Lombard et Stanislas Thierry veulent redonner de l’élan à ce spécialiste lotois de la vieille prune. Leur objectif est d’en faire la marque de référence de cette spécialité.

Après 120 ans passés dans le giron de la famille Roque, la distillerie Louis Roque, à Souillac (Lot), a changé de main l’été dernier. Julien Vandromme, Nicolas Lombard et Stanislas Thierry ont racheté cette maison rendue célèbre par sa vieille prune, présente derrière les comptoirs de nombreux restaurants et bistrots. Créée en 1905, cette maison avait été dirigée à la mort du fondateur par la comtesse Dufour de Raymond, fille de Louis Roque. En 1992, elle a légué l’entreprise à son neveu, Louis Bizac.
Cet industriel corrézien a longtemps dirigé la marque de foie gras qui porte son nom, et a présidé durant près de 20 ans la CCI de Brive. À son décès, en 2023, à l’âge de 92 ans, ses enfants Arnaud et Florence ont décidé de tourner la page et de trouver un acquéreur capable de donner une nouvelle impulsion à cette institution du monde des spiritueux. Ainsi, Julien Vandromme, Stanislas Thierry et Nicolas Lombard assurent avoir racheté Louis Roque après avoir éprouvé « un coup de cœur épicurien ». Ces trois amis liés au monde du vin et du champagne jouent des rôles très divers. Julien Vandromme exerce comme avocat ; Stanislas Thierry détient de nombreux intérêts dans le vignoble bordelais et Nicolas Lombard a longtemps travaillé dans le secteur du champagne et des spiritueux, avant de mettre la main sur la distillerie Nusbaumer à Steige (Bas-Rhin). Ce professionnel devrait d’ailleurs présider Louis Roque et en assumer la direction opérationnelle.
Pour les trois hommes, pas question de porter atteinte à ce joyau de Souillac. L’équipe de 12 salariés est conservée. Ils ambitionnent simplement de rationaliser la production d’alcool et de liqueurs (gentiane, liqueur de noix, apéritifs locaux) annexes à la vieille prune. Cette dernière demeure la pierre angulaire de l’édifice. Avec 70 000 bouteilles vendues chaque année, elle assure plus de la moitié du CA de l’entreprise. Il faut rappeler que la distillerie Louis Roque ne distille pas. Elle est un assembleur et un éleveur de spiritueux. Les nouveaux propriétaires jouent d’ailleurs la transparence sur ce point en rebaptisant l’entité Maison Louis Roque.
Une pépite souillagaise
En créant la vieille prune au début du XXe siècle, Louis Roque avait imaginé d’assembler des eaux-de-vie de prunes issues de régions différentes. Aujourd’hui encore, les eaux-de-vie de mirabelle, de quetsche et de prune royale entrent dans la composition de la recette. Naturellement, les nouveaux propriétaires se gardent de révéler les proportions de l’assemblage, un secret préservé depuis 120 ans. Les différentes eaux-de-vie de prune sont ensuite assemblées dans des foudres de 2 500 litres, avant d’être élevées dans des fûts bourguignons pendant deux ans. Les trois associés souhaitent remonter en gamme cet alcool en étendant à trois ans la durée d’élevage de la cuvée Réserve, que les précédents propriétaires avaient écourtée d’un an pour des raisons financières, il y a une quinzaine d’années. Deux autres produits existants seront développés : la Réserve impériale, qui bénéficie d’un vieillissement de huit ans, et la Réserve du centenaire, datant de 2005 avec un assemblage de Réserve impériale et de la Réserve. Les nouveaux propriétaires ont eu la surprise de découvrir des réserves d’eau-de-vie de prunes anciennes. Ils envisagent de décliner grâce à cela des cuvées millésimées. Une vieille prune 2015 pourrait voir le jour pour le 120e anniversaire de la maison, cette année. Ils projettent aussi de créer une réserve perpétuelle, sous la forme d’une solera, à partir de laquelle 25 % du volume seraient commercialisés tous les cinq ans. « Nous souhaitons simplement revenir aux fondamentaux de la recette », affirme Julien Vandromme.