La force des granits

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L’appellation soixantenaire bénéficie d’une situation exceptionnelle parmi les côtes-du-rhône. Un atout qui lui permet de tirer son épingle du jeu, notamment en CHR.

Une bande de coteaux s’élançant sur 45 kilomètres le long du Rhône, une aire d’appellation de 1 300 hectares, des sols constitués de granits ou de gneiss et trois cépages de caractère : telles sont les principales caractéristiques de l’escarpée AOC Saint-Joseph. « Entre 1985 et 2005, nous nous sommes concentrés sur la replantation. À cette époque, entre 50 et 100 hectares par an en moyenne étaient replantés sur des coteaux finement sélectionnés. La mécanisation, et notamment les outils de terrassement, nous ont offert les moyens de nos ambitions. Cette dynamique se poursuit encore aujourd’hui, dans la mesure où 30 à 40 hectares sont replantés en moyenne tous les ans », détaille Joël Durand, président du Syndicat des vignerons de Saint-Joseph. L’appellation s’est forgé une solide réputation en matière de vins rouges grâce à leur puissance et à leur finesse, élaborés à base de syrah, roussanne ou marsanne. Elle produit également 10 % de Saint-Joseph blanc mêlant les cépages roussanne et marsanne. Si la grande majorité des sols est composée de granits et de gneiss tendres, on trouve toutefois un sol argilo-calcaire aux alentours de Guilherand.

Les 160 vignerons de l’AOC sont regroupés dans trois coopératives : la Cave Saint-Désirat, qui réunit le gros des troupes (dont beaucoup de petites structures), la Cave de Tain-l’Hermitage et la Cave de Clairmont, qui comprend une poignée de producteurs sur l’aire d’appellation. 50 000 hectolitres de vins environ ont été produits en 2018, dont 7 000 de blancs.

« Nos vins blancs progressent depuis sept à huit ans. Nous avons gagné en technicité et la demande se renforce », se félicite Joël Durand. L’AOC Saint-Joseph a particulièrement la cote sur les circuits traditionnels : 64 % des volumes de production partent à destination du CHR et des cavistes. La diversité des vignerons explique en partie ce succès. « Notre forte présence sur les circuits traditionnels est due à notre spécificité, au fait que nous ayons une centaine de caves particulières. Chacun amène ainsi sa singularité et cela trouve un écho favorable chez les cavistes et les restaurateurs », analyse le président. Le prix moyen d’un Saint-Joseph se situe entre 15 et 25 €, mais certaines cuvées peuvent se chiffrer à une centaine d’euros.

Si Joël Durand se réjouit d’un marché « très demandeur », il met en garde contre l’inévitable hausse, selon lui, des coûts de production dans les années à venir : « Nous avons des contraintes économiques avec l’entretien des coteaux. Le manque de main-d’œuvre est problématique et, à l’avenir, l’évolution du climat sera aussi un défi. Nous allons donc devoir nous repositionner en termes de prix. » L’appellation entend à l’avenir miser sur l’œnotourisme, une activité qui « n’en est encore qu’à ses balbutiements ».

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