Saint-Nicolas-de-Bourgueil cultive sa différence

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Une commune, un cépage quasi-majoritaire pour une production dominée par le rouge et trois terroirs : l’AOP Saint-Nicolas-de-Bourgueil est une pépite ligérienne. Très marquée vin plaisir, l’appellation revendique aujourd’hui de n’être travaillée que par des vignerons indépendants.

Il est à la fois le nom d’un village et celui d’un vin, dominé à 98 % par le rouge. Saint-Nicolas-de-Bourgueil présente d’ailleurs plusieurs particularités. L’appellation viticole est l’une des plus anciennes de France (AOC obtenue en 1937) et épouse parfaitement les contours de la commune, qui s’étend sur 7 km de large et 10 de long. Plantées dans l’ancien lit de la Loire, les vignes de cabernet-franc (l’autre cépage, le cabernet-sauvignon, ne représente que 5 %) s’étendent sur 1 080 ha et poussent sur trois terroirs. À quelques encablures de la rive droite du fleuve s’étendent les 100 premiers hectares couverts de graviers limoneux, qui donnent des vins fruités et équilibrés, aux tanins vifs. En s’éloignant un peu, les 700 ha du plateau composé de sables et graviers représentent quant à eux le « berceau de l’appellation ». Les vins qui y sont élaborés offrent une bouche souple, des arômes de framboise et de fraise des bois, soutenus par de subtils tanins. Enfin, quand on part à l’assaut des coteaux et des 300 derniers hectares, le tuffeau qui compose les sols apporte aux cuvées une couleur plus profonde, des arômes de fruits noirs, un corps puissant et de la longueur en bouche.

Le vignoble planté sur les coteaux offre des vins plus puissants supportant le vieillissement.

Le vignoble planté sur les coteaux offre des vins plus puissants supportant le vieillissement.

D’anciennes carrières parcourent d’ailleurs les sous-sols, transformées aujourd’hui en caves de vieillissement. Hiver comme été, l’hygrométrie et la température (12°) y sont parfaitement stables, assurant aux vins une évolution lente et dans le calme. Dans ces caves enfouies où les vignerons optent pour le vieillissement en barrique, la part des anges nourrit le champignon baudoinia compniacensis, qui tapisse alors de noir les parois, mais aussi les bouteilles, certaines datant de plus d’un demi-siècle. Car l’histoire des vignerons de Saint-Nicolas-de-Bourgueil est bien souvent une histoire de famille et toujours d’indépendants. Ils sont une centaine et assurent eux-mêmes culture, vinification, élevage et commercialisation. Regroupés au sein d’un syndicat, ils œuvrent notamment à faire évoluer le cahier des charges, en augmentant, par exemple, le travail mécanique ou l’enherbement. Et cherchent à promouvoir leurs vins, dont chacun livre son interprétation. Car dernière particularité, les Saint-Nicolas-de-Bourgueil (dont les 5 % de rosés) sont vendus aux 2/3 hors du circuit de la GMS et peuvent se vanter de s’afficher à la carte de 70 % des brasseries parisiennes. Leur rapport qualité-prix (5,99 € prix moyen en GD) et leur image de vin plaisir ne laissent insensibles ni les restaurateurs, ni les clients… 

D’incroyables caves troglodytes parcourent le sous-sol du vignoble.

D’incroyables caves troglodytes parcourent le sous-sol du vignoble.

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