Clermont, capitale européenne de la culture en 2028 ?

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Clermont-Ferrand porte une candidature élargie au Massif central à l’élection de « capitale européenne de la culture », en 2028. Un projet ambitieux, notamment porté par Olivier Bianchi, le maire PS de la ville, qui couve depuis de nombreuses années. Le dossier de candidature a été déposé début janvier, avant une prochaine étape décisive, en mars prochain, lors d’un oral.

Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand. Crédits : DR.

L’année 2028 pourrait devenir celle de la consécration pour Clermont-Ferrand et le Massif central. Après l’inscription de la Chaîne des puys au patrimoine mondial de l’Unesco, une autre initiative de longue haleine pourrait donner des raisons de se réjouir. Si la concurrence se révèle rude, avec plusieurs villes françaises à départager avant la fin de l’année, la candidature portée par Olivier Bianchi et l’association Clermont-Ferrand Massif central, comprend de nombreux atouts. Il est largement permis d’espérer une issue heureuse et le projet a d’ailleurs été renforcé grâce son élargissement à un vaste territoire. On ne parle plus de Clermont-Ferrand, Capitale de la culture, mais bel et bien de « Clermont-Ferrand et du Massif central Capitale de la culture ». Ainsi, l’association Clermont-Ferrand Massif central (présidée par la romancière Cécile Coulon) et Olivier Bianchi, le maire de la ville, ont embarqué dans ce vaste projet plus de 600 communes et 14 départements. Quelques années plus tôt, seule la ville de Clermont briguait pourtant la fameuse distinction.

Entre 2001 et 2014, Olivier Bianchi, alors adjoint à la culture, avait la conviction « que le titre de capitale européenne pouvait être une étape supplémentaire » du développement culturel du territoire. Élu maire en 2014, l’édile a adopté une vision plus large, constatant que Clermont-Ferrand rayonnait sur une « une vaste aire géographique aux caractéristiques propres ». Selon lui, sa ville est en quelque sorte la capitale du Massif central. « Les capitales européennes de la culture choisissent leur terrain de jeux. Nous avons choisi le Massif central. C’est aussi une opportunité donnée à l’Europe de braquer les projecteurs sur les territoires ruraux », plaide-t-il. Ainsi, Aurillac, dans le Cantal, et Rodez, dans l’Aveyron, sont aussi concernées ; la première héberge le Festival de théâtre de rue, la seconde abrite le Musée Soulages. François Constantin, le maire de la Bourboule (Puy-de-Dôme), a été l’un des premiers élus à soutenir le projet. « Il y a une part significative des habitants pour lesquels les déplacements vers les oeuvres sont rédhibitoires », estime-t-il. Il mise sur l’obtention du titre « pour faire venir la culture à domicile ».

Une distinction imaginée en 1995

Le titre de Capitale européenne de la culture a été lancé en 1985 par Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture. Il permet chaque année de désigner une ville qui déploie pendant 12 mois « un programme culturel ambitieux au rayonnement international ». Par le passé, quatre villes tricolores sont parvenues à décrocher le Graal : Paris (1989), Avignon (2000), Lille (2004) et Marseille-Provence (2013). Depuis 2009, deux et parfois trois villes sont désignées conjointement Capitale européenne de la culture. En 2028, ce sera au tour de la France et de la République tchèque de présenter une ville candidate.

Il est clair que la concurrence est rude et d’autres villes, comme Bourges et Bastia, défendent une candidature sur la ruralité.
Olivier Bianchi, Maire de Clermont-Ferrand

Les deux pays seront probablement rejoints par la Macédoine ou le Monténégro. En effet, la Commission européenne offre la possibilité à des pays candidats ou en cours d’adhésion à l’Union de créer une troisième capitale, nous apprend l’association Clermont-Ferrand Massif central. Dans l’Hexagone, Clermont- Ferrand Massif central est opposé à Amiens, Bastia, Bourges, Montpellier, Nice, Reims, Rouen et Saint-Denis. « Il est clair que la concurrence est rude et d’autres villes, comme Bourges et Bastia, défendent une candidature sur la ruralité », commente Olivier Bianchi.

Le calendrier s’accélère. L’association a remis son dossier au ministère de la Culture le 2 janvier dernier. Un oral se déroulera au mois de mars et permettra de désigner trois ou quatre finalistes. Enfin, à l’automne, les candidats devront remettre un nouveau dossier avant que chaque ville ne soit visitée par le jury. L’épreuve finale consiste en un grand oral et, à la fin de l’année, la France annoncera le projet retenu.

Fédérer le public

Patrice Chazottes, le directeur de l’association Clermont-Ferrand Massif central 2028, se réjouit d’une belle mobilisation autour de cette candidature. « Les Clermontois notamment sont associés au projet et nous avons largement communiqué sur ce dernier », assure-t-il. Si les collectivités, associations culturelles et artistes sont sur le front, il est parfois plus difficile d’insuffler une dynamique auprès de l’ensemble des habitants du territoire. « Une des difficultés pour une capitale européenne de la culture, c’est de faire comprendre au public ce que cela signifie concrètement, reconnaît Olivier Bianchi. Dans les faits, il s’agit de concentrer, en une année, des animations et des actions culturelles sur un territoire. À ce stade, nous ne sommes pas encore dans l’élaboration d’un programme artistique précis, mais dans la prise en main des grands enjeux de politique publique liés à la culture et à ce territoire. Quand on décide de candidater à l’échelle du Massif central, la question de la mobilité en espace rural devient un enjeu majeur. »

Le premier édile admet que les populations « ont du mal à se projeter », mais il cite l’exemple de villes dont l’entreprise a été couronnée de succès et dont les habitants, plongés dans l’effervescence de la fête d’ouverture, prennent largement part à l’événement qui contribue à une année d’effervescence artistique. En cas de succès, Olivier Bianchi souhaite que les actions et animations engagées en 2028 se poursuivent bien au-delà. Il ne s’agit pas de sombrer dans les travers d’un « effet JO » où, à l’issue de la fête, certaines infrastructures sont tout bonnement laissées à l’abandon. « Les Capitales européennes de la culture ne veulent pas d’une année de paroxysme qui ne débouche sur rien. Elles doivent produire des effets durables, et c’est d’ailleurs une composante des dossiers de candidature », explique Olivier Bianchi. Pour le Massif central, il s’agit d’une magnifique opportunité de rayonnement aux retombées touristiques sans précédent. « Du jour au lendemain, vous êtes sous les feux de la rampe européenne et la couverture médiatique est mondiale. C’est une formidable opportunité pour faire connaître notre territoire, cela va au-delà de la culture », se félicite-t-il.

Ces perspectives, si elles se précisent à l’issue du grand oral, ont de quoi réjouir les professionnels de l’hôtellerie-restauration. Ces derniers pourraient faire le plein de leurs établissements et bénéficier d’une manne touristique qui devrait perdurer au-delà de l’année 2028. Patrice Chazottes estime d’ailleurs que les CHR ont un rôle important à jouer dans cette aventure. « Il faudra être en mesure d’absorber le flux de touristes. Les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et des transports seront largement mis à contribution », explique-t-il. L’obtention du titre devrait avoir des effets durables selon Olivier Bianchi : « Cela peut générer des visites touristiques dans tout le Massif central durant les cinq à six années qui suivront le titre. » Rendez-vous en mars pour savoir si le Massif central figurera dans le dernier carré.