Massif Central, un hiver presque tout schuss

  • Temps de lecture : 4 min

Il aura fallu attendre la mi-janvier pour que la neige blanchisse enfin les stations de ski du Massif central. Malgré un début de saison poussif, le premier bilan est bon parmi les hôteliers et les restaurateurs. Le secteur déplore cependant des difficultés croissantes à recruter.

massif-central
Station de ski du Massif Central. crédits : SAELSLD

Les premiers flocons, précoces, avaient laissé présager un début de saison idéal. Dès le week-end du 10 et 11 décembre, 30cm de neige fraîche avaient permis l’ouverture anticipée d’une partie des pistes du Lioran (Cantal) et du Sancy (Puy-de-Dôme). Mais l’espoir est vite douché : les jours suivants, pluie et redoux font fondre le blanc manteau aussi vite qu’il était apparu. Fin décembre, beaucoup de pistes ont été fermées. Au mont Dore (Puy-de-Dôme) décision a même été prise de redémarrer les activités d’été. Au Super-Lioran (Cantal), on reconnaît un démarrage timide : « Nos équipes ont malgré tout maintenu une dizaine de pistes ouvertes jusqu’à ce que la douceur l’emporte début janvier », pointe Sandrine Mourlon, porte-parole de la société gestionnaire du site.

Ainsi, dans les stations du Puy-de-Dôme comme celles du Cantal, le taux de remplissage peine à décoller. En cause, selon l’office du tourisme du Sancy, non seulement « l’absence de neige, mais aussi le calendrier. Les vacanciers ont boudé la première semaine, car Noël était placé sur le week-end ». Si les hôtels et les restaurants travaillent, l’éventualité d’un hiver sans skieurs inquiète.

Les petits domaines ouverts, le public au rendez-vous

Et puis, la voilà. Entre le 10 et le 15 janvier, la neige tant attendue s’est remise à tomber en abondance, couvrant tous les massifs. Début février, les conditions se révèlent idéales pour les vacances d’hiver : il fait beau, froid et le manteau neigeux tient bien. Les plus petits domaines ont également ouvert leurs pistes. Belle surprise, le public est là en nombre : « Nous avons ouvert le 21 janvier avec une fréquentation hors norme, confirme Gonzalo Diaz, chef d’exploitation de la station de Brameloup, dans l’Aubrac aveyronnais. L’activité ski de descente reste la plus importante, mais le nordique et les raquettes marchent aussi très fort. Gîtes et locations font le plein. » Les réservations sont relancées. Le Lioran affiche alors un taux moyen de remplissage de 85% sur les quatre semaines de vacances d’hiver. « Dès qu’il y a de la neige, ça génère de l’économie, pointe un loueur de matériel. Et l’avantage du Massif central, c’est que les forfaits et l’hébergement y sont moins chers qu’ailleurs. »

« Il faut recruter en permanence, on est à la rue en termes de personnel »

Toutefois, ce sont les problèmes de personnel qui agacent davantage Fabrice-Erwan Martin, directeur du Mildiss à Besse Saint-Anastaise. Inauguré en 2019, l’hôtel-spa-restaurant quatre étoiles de 32 chambres n’a pas souffert du début de saison en demi-teinte. « Entre la clientèle des week-ends, celle des sports d’hiver et l’accueil de séminaires en semaine, on a rempli convenablement tout le temps, se félicite-t-il. Même sans neige, le mois de décembre a été très satisfaisant. Les clients se sont repliés sur d’autres
activités : sports nature, sorties culturelles, patrimoine, gastronomie. En revanche, on est à la rue en termes de personnel. Il faut recruter en permanence, ce qui nous met en difficulté. Et l’augmentation des coûts de l’énergie impacte tout le monde, y compris les salariés pour venir travailler.
» Si l’hôtelier pointe la difficulté à trouver des CDD comme des CDI, dans les stations, les saisonniers manquent surtout à l’appel.

Des contrats plus longs dans les stations des Alpes

« Les problèmes de recrutement que rencontre l’hôtellerie-restauration sont les mêmes au niveau des remontées mécaniques et pour tous les professionnels des sports d’hiver », indique Thierry Perbet, président de l’Umih du Cantal. Une désaffection causée, selon les acteurs du tourisme en montagne, par la modification en 2022 des règles de l’indemnisation chômage. « Six mois d’activité sont désormais nécessaires pour être indemnisé, reprend le patron du syndicat hôtelier. Chez nous, la saison d’hiver ne dure pas autant. Les saisonniers vont chercher des saisons plus longues dans les Alpes. Au Lioran c’est un vrai frein, sans compter que l’activité de la station impacte aussi celle des vallées. » L’extension des activités quatre saisons et des sports de pleine nature pourrait-elle prolonger la saison ? « Il est effectivement possible que ce soit un levier pour fidéliser les salariés, confirme Thierry Perbet. De plus en plus de personnes viennent profiter de la montagne différemment. Malheureusement, l’augmentation des coûts de l’énergie pourrait aussi pousser les entreprises à fermer de manière anticipée. »

PARTAGER