Vraie feuille de route ou leurre ?

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Pauline De Waele, rédactrice en chef de La Revue des Comptoirs, réagit à l’actualité des CHR.

Pauline de Waele
Pauline de Waele © Au Cœur des Villes

Le Gouvernement a communiqué cette semaine sur un plan de réouverture en trois phases. Si on peut saluer le fait que ce dernier est le fruit d’une concertation avec les syndicats du secteur – ce qui n’est pas la grande spécialité de la macronie -, la mise en application de ce plan est soumise à deux indicateurs, le nombre de cas de contaminations par jour et le nombre de personnes vaccinées.

Rappelons que l’exécutif plaçait sa jauge autour des 10 000 contaminations par jour pour envisager une réouverture, or on en est aujourd’hui bien loin alors que la tendance est de 30 000 contaminations par jour. Il n’est donc pas étonnant qu’aucun calendrier n’ait été fixé à ce stade, d’autant plus que le gouvernement vient de remettre sous cloche le pays pendant quatre semaines.

Par ailleurs, ce protocole prévoit trois phases, chacune espacée de quatre semaines. De quoi saper encore plus le moral.

Ne pourrait-on pas avoir une approche régionalisée et les réduire à deux là où il y a une faible contamination ? Tout cela fait penser à la stratégie politique du « gagnons un maximum de temps ». On s’interroge donc légitimement sur la présentation prématurée de ce plan, porteur de beaucoup d’espoir pour une profession exsangue.

Il n’en résulte pas moins que cette crise est un formidable accélérateur de changements, mettant à bas de nombreux freins aux évolutions en cours. On assiste notamment au boom de la livraison et à l’émergence de restaurants 2.0, à l’instar des dark kitchens violemment combattues par une partie de la profession.

Pourtant, je reste persuadée qu’elles ne se construisent pas en opposition avec la restauration traditionnelle mais comme une offre complémentaire qui externalise une contrainte, comme celle d’avoir à cuisiner lorsqu’on reçoit des amis à domicile.

De la même façon, la Covid-19 a un impact positif sur les engagements des restaurateurs en matière de développement durable : 57 % d’entre eux sont même désormais convaincus d’avoir une vraie part de responsabilité quand seulement 9 % ne se sentent pas concernés*.

Cette réflexion visant à tendre vers un modèle plus durable se retrouve également du côté des gros fournisseurs de la filière comme Metro France qui prennent même de l’avance sur le calendrier fixé par le Gouvernement. Cette crise se présente aussi comme une chance, et si on ne la saisit pas à ce moment précis où l’activité tourne au ralenti, pour se remettre en question, penser le management de demain, porter des projets vers des schémas plus durables et pérennes, on aura raté le coche.

* Étude Harris Interactive portant sur la place du développement durable dans la restauration, réalisée auprès de 1 003 clients Metro France du 28 septembre au 12 octobre 2020.

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