Entre bière et cidre, le Cider séduit une jeune génération en quête de fraîcheur. Plus effervescent, il revendique une approche plus libre.

Principalement issu des pays scandinaves et anglo-saxons, le Cider se positionne à mi-chemin entre le cidre français traditionnel et la bière. Composé de pommes, avec un pourcentage pouvant grandement fluctuer selon le producteur, il attire une clientèle jeune.
Si le terme Cider est littéralement la traduction anglaise de cidre, il ne désigne pas exactement la même boisson. En effet, alors que la boisson tricolore contient 100 % de pommes, le Cider peut être composé de seulement 5 % de fruits. Mais ses qualités ne sont pas à négliger. Le Groupe Eclor, filiale de la coopérative agroalimentaire Agrial (Loïc Raison, Brasserie Lancelot, etc.) l’a bien compris. Il s’est en effet lancé, en 2017, sur le marché du Cider avec La Mordue. Ce Hard Cider à la française, décliné en trois références(Originale, Rouge et IPA), contient plus de 90 % de pommes. « L’idée était de partir sur une boisson pour les jeunes avec une importante base de pommes », explique Laurent Guillet, directeur commercial de la cidrerie Guillet Frères et ambassadeur des marques régionales bretonnes d’Agrial. En effet, Agrial cible une clientèle hors des radars du cidre français.
« La Mordue fonctionne bien dans les bars lounges, auprès des jeunes urbains, qui sont ouverts à la découverte, indique-t-il, avant d’avancer la faiblesse du cidre : Il attire des consommateurs à partir de
35-40 ans, voire plus. » Une situation vécue par Tangi Peton, à la tête du Tir na n’og, pub restaurant de Brest (Finistère) : « Pour le Cider, je suis essentiellement sur une clientèle de moins de 30 ans. »
Pour correspondre aux attentes de cette cible, La Mordue présente davantage d’alcool qu’un cidre français, les références Originale et Rouge titrant 6 % vol. et l’IPA affichant 7 % vol. En outre, les
Ciders reprennent les codes de la bière en termes de packaging. Néanmoins, les similitudes s’arrêtent là, comme l’assure Laurent Guillet. Les produits La Mordue sont fruités. Cela reste la base, a contrario de la bière qui est davantage sur l’amertume. »
Un marché en développement
Si les ciders sont encore peu présents en France, le marché se développe, poussé par La Mordue. Elle a ainsi commercialisé, en 2024, plus d’un million de litres et a augmenté ses ventes de 20 % entre 2023 et 2024. « Nous voyons que le produit fonctionne, de plus en plus de bars le proposent à la pression », se félicite Laurent Guillet. Et, Tangi Peton, de compléter : « Je trouve qu’il y a un vrai engouement depuis quelques années. Auparavant, j’avais des alternatives avec des Ciders irlandais ou anglais, qui étaient très bons, mais très chers parce qu’issus de l’export. » Et, preuve de son développement continu, « La Mordue bénéficiera pour la première fois d’un espace entier dédié lors des Vieilles Charrues 2025 », ajoute Laurent Guillet, qui veut croire en un leader fort pour ensuite permettre au
marché du Cider de peser davantage. Loin de voir dans celui-ci un concurrent au cidre traditionnel français, il le considère plutôt comme un complément: « Il représente une bonne clé d’entrée, cela
me paraît logique qu’en vieillissant, les consommateurs de Cider aillent sur du cidre. » Enfin, satisfait de La Mordue Originale qu’il propose, Tangi Peton souhaite compléter son offre avec l’IPA, afin d’attirer d’autres consommateurs, « qui sont davantage des buveurs de bière ».