Les masques tombent

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Pauline De Waele, rédactrice en chef de La Revue des Comptoirs, réagit à l’actualité des CHR.

Pauline de Waele
Pauline de Waele © Au Cœur des Villes

Alors que la vague #MeToo gagne petit à petit chaque milieu professionnel depuis deux ans, le secteur de l’hôtellerie-restauration restait jusqu’alors inébranlable. C’est finalement le compte Instagram « Je dis non chef ! », créé par Camille Aumont Carnel, qui est en train de briser l’omerta en recueillant les témoignages des femmes qui subissent quotidiennement des violences sexistes et sexuelles.

Selon elles, des dizaines de chefs seraient concernés par des accusations de harcèlement, d’agressions et de viols. Des noms circuleraient donc de plus en plus sous le manteau et devraient être bientôt révélés au grand jour, comme l’a annoncé la créatrice le 11 août sur son compte. Il était temps que dans un milieu dominé encore largement par les hommes la parole se libère.

Quand pour certains les masques tombent, pour d’autres ils se révèlent un véritable casse-tête. Alors que le masque doit impérativement être porté dans les restaurants et débits de boissons et n’être enlevé qu’au moment de manger, les patrons bataillent pour faire respecter les restrictions, ce qui n’est déjà pas une sinécure. S’ajoute à cela la perspective d’une rentrée difficile.

Une grosse appréhension existe sur une potentielle fermeture, totale ou partielle, des bars et des restaurants dans les zones de circulation active du virus. Par ailleurs, 200 000 emplois sont menacés dans le secteur car les professionnels tournent au mieux à 50 voire aux 2/3 de leur activité normale depuis la réouverture, du fait de l’absence des touristes étrangers, mais aussi de la désertion du restaurant le midi.

Or, cette réalité du retour des actifs est un enjeu clé car, comme le rappelle Nicolas Nouchi, directeur de l’insight chez CHD Expert, elle représente« 60 % en moyenne du CA de la restauration à table ».

Mais il existe une certitude, le télétravail va se normaliser ces prochains mois. Dans ce contexte, c’est le moment ou jamais de s’orienter vers plus de vente à emporter et plus de livraison, et même vers un modèle plus innovant… la livraison au coin de la rue, pour se rapprocher de ses clients.

Pour conclure sur une note plus optimiste, on observe un regain positif de la consommation hors domicile le soir : 50 % des Français y retournent, un pourcentage tiré vers le haut par les 18-24 ans qui sont 72 % à renouer avec leurs habitudes. Et si la jeunesse devenait le garde-fou de la restauration ?

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