Les restaurateurs face aux grèves

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Face à la réforme des retraites voulue par l’exécutif, la France se met en grève. Comme à leurs habitudes, les métiers de la restauration se retrouvent en première ligne d’un contexte qui ne fait pas l’unanimité au sein même de la profession.

Manif
Manifestation parisienne. Crédits : Josselin Colnot.

« On paye encore les pots cassés des autres professions », se plaint Danielle, restauratrice à l’Irish Pub sur la place de la Nation (Paris, 12e). Au cœur du climat social explosif que traverse le pays face à la réforme des retraites menée par le gouvernement, les restaurateurs se retrouvent à nouveau dans une position particulière – toujours éloignés des mobilisations et mouvements de grève. « De notre côté, nous sommes ouverts les jours de grève et de manifestation, et c’est le cas pour tous nos concurrents également. Une journée dans la rue, c’est une journée de perdu », ajoute Danielle. Elle se veut fataliste : « Personne ne nous consulte, et nous avons déjà des conditions de travail plus difficiles que la moyenne. Même si la réforme est injuste, c’est ainsi. »

Les journées de grève, et le télétravail, ont un effet direct sur les CHR. Barman, en extra dans un établissement de la Défense (92), Steve Cémoi constate l’impact de celles-ci sur son activité : « Dans le quartier d’affaires, on constate très vite le manque à gagner des journées de grève. Les salariés sont en télétravail, et la place devient vite déserte. C’est même rare qu’on me demande de venir travailler ces jours-là ». En effet, ce sont en moyenne près de 40% du chiffre d’affaires qui est perdu les jours de mobilisation sociale, selon le président de l’Umih Île-de-France Frank Delvau au micro de RMC.

Une position ambiguë

Si les métiers de l’énergie, des transports ou de l’éducation affichent des positions d’oppositions nettes, ce n’est pas le cas des CHR. D’un côté, de nombreux acteurs font part de leur inquiétude d’une telle réforme sur l’emploi et sur la qualité de vie au travail pour le secteur de la restauration. Pour Thierry Marx, président de l’Umih, c’est un « non » catégorique quand il s’agit d’imaginer travailler en service jusqu’à 64 ans. « Nos métiers sont quand même des métiers qui sont difficiles », déclare-t-il à BFMTV. Sur le terrain, ce constat est partagé : « J’ai 52 ans, et c’est vrai qu’il m’est difficile de m’imaginer aller jusqu’au 64 ans. J’ai mal aux jambes tous les soirs, c’est la contrainte de la restauration, précise Danielle. Mais quand je vois des chauffeurs de métro, qui travaillent 6h par jour, faire ces revendications et nous priver de chiffre d’affaires, cela me fâche ».

De l’autre côté, une partie de la profession semble avoir accepté les changements hypothétiques à venir. « Quand on choisit la restauration, on sait à quoi s’attendre. Des conditions difficiles, pas de RTT et 5 semaines de congés par an. On trime plus de 40h par semaine et c’est ainsi jusqu’au bout. Un an ou deux ans, on les fera », constate Steve Cémoi. Peu de chance, donc, de retrouver les restaurateurs dans les prochaines semaines de mobilisation. « Nous, on est là, on est ouvert, on vous attend », a d’ailleurs lancé Frank Delvau.

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