Grève nationale, pas la priorité de la profession

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Le gouvernement poursuit le combat sur la réforme des retraites, alors que les restaurateurs et hôteliers affrontent la crise énergétique.

L'assemblée nationale. Crédit : DR.
L'assemblée nationale. Crédit : DR.

Deux salles, deux ambiances. Alors que les syndicats appellent aujourd’hui, le 16 février à une cinquième journée de grève dans toute la France contre la réforme des retraites du gouvernement, les groupements professionnels de l’hôtellerie et de la restauration continuent d’affronter les conséquences de l’inflation. La hausse des coûts de production et en particulier de l’énergie les impactent. La grève nationale sur la question des retraites semble donc ne pas faire partie de leurs priorités.

L’énergie au centre des inquiétudes

« Aujourd’hui, près de 3 restaurants sur 4 risques de déposer le bilan en mars prochain à cause de la hausse des factures d’électricité », alerte Franck Trouet, conseiller du Président du groupement des hôtelleries et de la restaurations de France (GHR). En cause, des contrats avec les fournisseurs d’énergies dont le prix a été multiplié par 3,5 en moyenne en 2022. Pourtant, « le gouvernement avait prévu en premier lieu un bouclier tarifaire puis un prix plafond. Mais une fois la décision prise, nous avons appris que les fournisseurs ne savent pas mettre en place ce mode de calcul ! Nous avons donc reçu des factures à taux pleins en janvier. Tous les restaurateurs ne pourront pas absorber cette hausse plus de deux ou trois mois. »

En d’autres termes, Bercy a proposé deux mesures d’aides d’urgences mais aucune ne fonctionne pour l’instant. Une troisième option serait sur la table : le gouvernement propose un amortisseur, soit « une réduction de prix qui se traduira dans la facture d’électricité des consommateurs dès janvier prochain. » Un dispositif à destination des consommateurs ayant un contrat professionnel, qui ne sont pas déjà éligibles aux boucliers tarifaires, avec des conditions de taille dans le cas des entreprises… qui n’a pas été mise en place non plus. « Depuis le 9 février, nous n’avons plus eu de nouvelles de la part du gouvernement », souligne Franck Trouet.

Une pénurie de serveurs

À l’Assemblée nationale, les députés entament actuellement la dernière ligne droite des débats autour du projet de réforme de retraite, à mille lieux de l’urgence financière et budgétaire du secteur. L’issue des discussions définissant les contours de la nouvelle réforme n’est pas, à l’heure actuelle, la plus grande préoccupation de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (l’Umih) : « Il n’y a pas eu de discussion entre les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration au sujet de l’âge de départ à la retraite …nous n’arrivons même pas pourvoir 250 000 postes ! », contextualise Olivier Dardé, Président de l’Umih Nantes.

De plus, les journées de mobilisations successives dans le cadre du bras de fer avec le gouvernement font souffrir davantage les restaurateurs. « Les salles sont à moitié vides les jours de grève, et c’est normal. Ce qui l’est moins, ce sont les modalités de concertations avec les citoyens en pleine crise économique ». Franck Trouet s’étonne donc que « le gouvernement poursuive sur cette voie alors que 3 français sur 4 sont contre ! Dans un restaurant, si le chef prend une décision et que l’ensemble du personnel est contre, il fait marche arrière ! »

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