Tourisme : l’été 2024 boosté par les JOP
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À l’inverse d’un effet d’éviction, les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 ont joué un rôle moteur dans l’afflux de touristes aussi bien Français qu’étrangers à Paris durant la période estivale. Les dépenses touristiques internationales ont ainsi suivi, et s’acheminent vers les mêmes bases qu’en 2023, année record avec 62,5 milliards d’euros.
La parenthèse enchantée des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 s’est refermée. Et alors que les deux compétitions ont constitué une franche réussite pour le pays en termes de sport et d’organisation, elles ont également représenté un beau succès touristique. En effet, les JOP « sont une réussite à plus d’un titre », s’est félicitée Olivia Grégoire, ministre déléguée démissionnaire chargée des Entreprises, du Tourisme et de la consommation, lors d’une conférence de presse le 3 septembre à Bercy (Paris, 12e), aux côtés de Christian Mantei et Rose-Marie Abel, respectivement président et directrice générale par intérim d’Atout France, ainsi que de Stéphane Villain, président d’ADN Tourisme.
Avant de préciser : « Nous n’avons pas observé d’effet d’éviction massif. » Par effet d’éviction, entendez, des touristes qui auraient reporté leur séjour en France du fait de l’organisation des JOP. À l’inverse, « les JO ont représenté un facteur d’accélération de l’arrivée des touristes internationaux », s’est félicitée Rose-Marie Abel, directrice générale par intérim d’Atout France. En effet, la fréquentation touristique internationale à Paris a grimpé de 13% sur la période des JO, par rapport à la même période l’année dernière. Avec un attrait tout particulier auprès des pays lointains tels que la Chine (+43%), les États-Unis (+13%) et le Japon (+13%) sur les mois de juillet et août. En outre, les Français n’ont pas été en reste, avec 1,4 million de touristes domestiques à Paris durant la même période, en hausse de 27%.
Dépenses internationales en hausse
Fort logiquement, les dépenses touristiques internationales ont augmenté de 8% en juillet 2024. De plus, elles étaient déjà en hausse de 6% avant juillet, par rapport au premier semestre 2023, pour atteindre les 32,5 milliards d’euros. Et ce, alors que l’année dernière a représenté un record avec 62,5 milliards d’euros de recettes touristiques internationales. L’optimisme est donc de mise. « Les événements sont à considérer : les Jeux paralympiques en août, le Sommet de la Francophonie en octobre et la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris en décembre. Nous pouvons espérer atteindre le même chiffre qu’en 2023, voire faire plus », a ainsi ambitionné Olivia Grégoire.
Par ailleurs, cette dernière a fixé l’objectif de 100 millions de visiteurs en France sur l’année 2024, alors que le pays a accueilli 98 millions de touristes étrangers en 2023 et 90 millions en 2019. Mais alors que la France demeure « depuis un certain nombre d’années le pays le plus visité au monde, elle reste derrière l’Espagne en matières de recettes », a regretté la ministre. Elle a alors appelé de ses vœux à une premiumisation de l’offre tricolore.
La quête de différenciation
« La différenciation de l’offre touristique française est un vrai sujet. Il y a par exemple encore de vrais progrès à réaliser sur nos littoraux en termes de gastronomie parce qu’actuellement il y a souvent les mêmes cartes. Il faut quelque chose qui sorte de l’ordinaire, qui relève de l’expérience. Nous avons les moyens de dépasser l’Espagne en termes de qualité de l’offre. Il s’agit d’une course entre le trio de tête composé de l’Espagne, de la France et de l’Italie. Ce dernier pays a d’ailleurs rénové la qualité de son offre, en termes d’agritourisme, d’œnotourisme, de tourisme gastronomique ou encore patrimonial », a développé Olivia Grégoire, tout en donnant des pistes de réflexion : correspondre aux nouvelles attentes, le circuit court, l’écologie avec la gestion de l’eau et de l’énergie. Le tout, en demeurant une « destination ouverte à tous et pour tous [et qu’elle] continue d’offrir le meilleur rapport qualité-prix ».
S’agissant du tourisme domestique, celui-ci se révèle être de proximité, de dernière minute et de plus courte durée. Durant les mois de juillet et août 2024, 65% des Français sont partis en vacances. Un pourcentage en baisse de deux points par rapport à 2023 mais en hausse d’un point par rapport à 2022. Et parmi ceux-ci, 89% sont restés dans l’Hexagone en privilégiant les courts séjours. En outre, la saison touristique estivale s’étire et ne se limite plus aux seuls mois de juillet et août. Elle s’étend désormais de mai à octobre.
Cette année, le mois de mai a connu une hausse de 30% des fréquentations par rapport à mai 2023, en lien avec les nombreux ponts. Les espoirs se portent également sur l’arrière-saison, composée de septembre et octobre. À juste titre, puisque « septembre pèse environ 25% de la fréquentation totale de l’été, et est plus important que le mois de juillet depuis une dizaine d’années déjà », avance Christian Mantei, président d’Atout France.
Le manque d’accessibilité
Enfin, malgré ces bons retours, Olivia Grégoire a tenu à mettre en avant ce qui a moins bien fonctionné. « Il y a encore un peu de travail sur l’accessibilité malgré l’investissement massif sur le handicap, à hauteur de 1,5 milliard d’euros », s’est-elle ainsi désolée. Avant d’avancer un chiffre édifiant : « Environ 560.000 établissements ERP de catégorie 5 (tels que les commerces et lieux de vie) ne sont pas accessibles en termes de mobilité. Mais il y a aussi le handicap invisible et là nous avons encore un Mont Blanc à gravir pour devenir une société inclusive. C’est magnifique de regarder les Jeux Paralympiques, mais c’est encore mieux si les athlètes peuvent aller dans tous les hôtels et restaurants de France. »
Visiblement, la ministre a touché une corde sensible, la réponse du GHR ne se faisant pas attendre. En effet, « ces propos sont déplacés. Ils laissent entendre que les professionnels de l’hôtellerie restauration ne seraient pas aux normes et stigmatisent une profession dont l’activité repose précisément sur l’accueil de tous les publics », a répondu Catherine Quérard, présidente du syndicat patronal, avant de nier en bloc puis d’avancer tout de même des explications.
« Dans certains cas, les travaux [d’accessibilité, NDLR] sont soit techniquement impossibles à réaliser en raison par exemple de l’architecture même du bâtiment, soit trop coûteux au regard de l’activité de l’établissement. Dans de nombreux cas, il faut le reconnaitre, il existe une disproportion manifeste entre le coût des travaux nécessaires et leur bénéfice pour l’établissement et son propriétaire », a-t-elle notamment expliqué. La passe d’armes entre la ministre et le syndicat aura peut être le mérite de mettre sur la table de façon pérenne la question de l’accessibilité et de l’inclusion.