Alain Grégoire : à l’assaut de l’Umih Auvergne-Rhône-Alpes

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Cet ancien banquier, installé depuis huit ans comme hôtelier restaurateur à Saint-Nectaire, va briguer la présidence de la nouvelle Umih Auvergne-Rhône-Alpes qui va se constituer à l’occasion du Sirha. Cet homme de 55 ans incarne une nouvelle génération de professionnels dotés d’un profil plus entrepreneurial.

Alain Grégoire
Alain Grégoire

Le mardi 29 janvier, à 15 heures, à l’occasion du Sirha à Eurexpo, un événement de taille est attendu : la réunion de l’Umih Auvergne et de l’Umih Rhône-Alpes. Outre cette fusion, un bureau sera constitué avec deux vice-présidents (représentant chacun une des deux anciennes régions) et un secrétaire, mais aussi un président qui coiffera les 11 antennes départementales de la future région.

Côté Auvergne, un candidat, Alain Grégoire, est déjà sorti du bois pour briguer la présidence de la grande région. Il bénéficie du soutien de la présidente de l’antenne du Puy-de-Dôme, Martine Courbon, avec laquelle il forme un binôme. Il est également appuyé dans sa démarche par Thierry Perbet, président de l’Umih Auvergne, qui ne souhaitait pas présider la grande région mais qui verrait d’un bon œil un Auvergnat aux manettes. « Il ne s’agit pas de tirer la couverture vers une région ou vers l’autre, tempère Alain Grégoire. Notre région a réalisé un bon travail et a lancé des projets au sein de l’Umih sur la formation et l’emploi sur lequel nous avons notamment organisé un rendez-vous, Expopro, à Clermont. Je crois que nous sommes crédibles pour porter ce travail sur l’ensemble de la région. »

D’ailleurs, plus qu’un affrontement entre la petite Auvergne et le géant rhônalpin, cette élection révélera sans doute une opposition entre les professionnels urbains et ruraux.

Hôtelier au Mercure de Saint-Nectaire, dans un village de 750 habitants, mais aussi membre du conseil d’administration de la branche saisonnière de l’Umih, Alain Grégoire souhaite défendre les intérêts des professionnels installés en milieu rural. À cet égard, en vue de l’élection, il a tendu la main en Rhône-Alpes à ses collègues des territoires de montagne, dans les Savoies et l’Ardèche.

Vingt-cinq ans dans le secteur bancaire

Le patron de l’hôtel des Bains romains et du restaurant Le Jardin romain à Saint-Nectaire, est un homme qui avance vite. Il y a huit ans, il ne connaissait rien à l’hôtellerie-restauration. Originaire de Brive-la-Gaillarde, il a suivi des études financières avant d’être happé par le secteur bancaire durant près de vingt-cinq ans et notamment douze ans au Crédit agricole, à la caisse de Lille-Arras, la deuxième banque régionale de France où il a occupé la fonction de directeur commercial. En 2011, il a décidé, avec son épouse Marie-Christine, de définir un nouveau projet de vie professionnelle commun. Leur choix s’est porté sur l’hôtellerie.

« C’est un secteur, rappelle Alain Grégoire, où je considérais pouvoir faire valoir mes compétences : développement commercial, communication, marketing, contrôle finances, gestion et surtout ressources humaines, le plus important à mes yeux dans ce métier. » Géographiquement, il a jeté son dévolu sur l’Auvergne, qui permettait de rapprocher le banquier corrézien et son épouse montpelliéraine de leurs attaches familiales. Par ailleurs, le couple avait apprécié Clermont-Ferrand par le passé durant les deux ans qu’Alain Grégoire avait passés dans la préfecture auvergnate alors qu’il y dirigeait le réseau local du Crédit mutuel. C’est ainsi qu’il a fait l’acquisition auprès de Pierre Simon du Mercure de Saint-Nectaire, un hôtel-restaurant trois étoiles de 71 chambres.

L’établissement, lié au thermalisme, a vu le jour en 1923. Il a pris l’enseigne Mercure en 1989 et sa position au sein de la chaîne d’Accor-hotels est atypique. C’est en effet un des deux seuls Mercure, avec celui de Luxeuil-les-Bains, à évoluer dans un village de moins de 2 000 habitants.

« Je suis un entrepreneur indépendant qui utilise une marque forte comme 90 % des hôteliers. »

En 2000, les thermes de Saint-Nectaire ont fermé leurs portes.

L’hôtel et le village ont dû se reconvertir en se réorientant vers des séjours de bien-être ou de pleine nature. Pierre Simon avait commencé à s’orienter sur ce cap, Alain Grégoire s’y est résolument engagé. Il reconnaît que les « deux premières années ont constitué une période de découverte, à apprendre les codes du métier ». Depuis lors, le couple a impulsé un développement important. Un million d’euros d’investissement a notamment permis de créer un spa et de rénover l’établissement. Alain Grégoire reste attaché à l’enseigne : « Je suis un entrepreneur indépendant qui utilise une marque forte, comme 90 % des hôteliers. » Ce professionnel a fait ses comptes. Il estime que Mercure est à l’origine de 30 % de sa clientèle. « Mais, assure-t-il, dans des zones comme les nôtres il faut aller vraiment chercher chaque client. » Il dispose pour ce faire de deux commerciaux qui vendent son établissement. Il n’hésite pas non plus à se déplacer avec eux dans des salons professionnels du tourisme à l’étranger pour assurer la fréquentation de l’hôtel des Bains romains. Cette démarche dynamique paie puisque l’établissement, ouvert toute l’année, réalise un taux d’occupation de 65 %, nettement au-dessus de la moyenne départementale.

Président Thermhôtel

Porteur de 22 emplois à plein temps et employant jusqu’à 30 salariés en été, le Mercure représente un acteur économique incontournable dans le village et Alain Grégoire reste le meilleur VRP de Saint-Nectaire. Il faut l’écouter mettre en avant les fers de lance touristiques du village : la chapelle romane, les fontaines pétrifiantes, la grotte de Cornadore où la ferme de Bellonte, vitrine du saint-nectaire.

Fièrement, il rappelle que son village avec 400 000 visiteurs par an talonne Vulcania, et il se donne les moyens de le faire rayonner encore davantage. Il est présent dans de nombreuses instances clés. Il préside le groupement Thermhôtel qui fédère une soixantaine d’hôtels liés au thermalisme dans le Massif central.

On le retrouve à la commission tourisme de la CCI du Puy-de-Dôme. Grâce à ces casquettes, il se bat pour le développement économique, met en place des synergies, favorise la commercialisation à l’international. À la CCI, il travaille sur le dossier Unesco de la chaîne des Puys pour que le Puy-de-Dôme et le Cantal construisent des offres touristiques à destination de la clientèle internationale.

Son engagement syndical date de son arrivée dans le métier. Il affirme que les structures de l’Umih ont répondu à ses problématiques initiales, notamment en matière de formation. Élu au conseil d’administration de l’antenne départementale en 2014 puis comme président délégué départemental en 2017, il s’est vite affirmé au sein de l’organisation grâce à un plaidoyer en faveur de la gestion des ressources humaines et du management désormais très audible dans une profession qui comprend de plus en plus ces nécessités. Comme Laurent Barthélémy, récemment élu en Grande Aquitaine, Alain Grégoire fait partie de cette nouvelle génération du CHR qui considère désormais cette profession de matière beaucoup plus entrepreneuriale.

En six ans, Alain Grégoire a investi un million d’euros dans la rénovation de l’hôtel Mercure de Saint-Nectaire et la création du spa.

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